"Le franc suisse reste (...) extrêmement surévalué", a indiqué mercredi la Banque nationale suisse (BNS) dans un communiqué. Du coup, l'institut d'émission relève "une fois encore considérablement les liquidités sur le marché monétaire en francs", même s'il constate que les mesures initiées déployaient de premiers effets.
Affaiblir le franc
La pratique vise à augmenter les pressions à la baisse sur les taux d'intérêt dans le but de continuer d'affaiblir le franc. Pour la troisième fois en deux semaines, l'institut d'émission s'attend à voir s'accroître les avoirs en comptes de virement détenus par les banques chez lui. Ces avoirs passeront dès lors de 120 à 200 milliards de francs. Mercredi il y a deux semaines, ils n'excédaient pas 30 milliards avant d'être relevés une première fois à 80 milliards, puis à 120 milliards le semaine dernière.
L'institut d'émission monétaire répète par ailleurs être prêt à arrêter d'autres mesures si la situation venait à l'exiger. Mesures qui pourraient, selon les observateurs, éventuellement prendre la forme d'interventions directes sur le marché des devises pour acquérir des euros, histoire de renforcer la monnaie européenne.
Marchés déçus, puis positifs
Le contraire s'est produit mercredi à 09h00 au moment de l'annonce de la BNS. Alors que l'euro venait de remonter à son plus haut niveau depuis trois semaines contre le franc, dépassant la barre de 1,15 franc, il a chuté de trois centimes pour tomber brièvement à 1,1222 franc.
Les intervenants, influencés par la rumeur, attendaient de la BNS qu'elle intervienne directement ou qu'elle fixe un objectif de cours à atteindre, même si des mesures de ce type sont jugées risquées par les experts. La déception a également fait plonger la Bourse suisse dans les premiers échanges, l'indice des valeurs vedettes SMI décrochant de plus de 1,5%.
Les émotions passées, les esprits se sont toutefois repris. Le SMI repartait dans le vert en début d'après-midi et clôturait à 17h30 avec un gain de 0,89%, tandis que l'euro valait 1,1387 au cours interbancaire moyen après être brièvement monté à 1,1556. Le dollar lui aussi, redescendu de plus de 80 centimes à 78,5 centimes, s'était raffermi à 0,79 franc.
Quinze centimes déjà
Les mesures de la BNS ont déjà porté des fruits. Le franc s'est notablement affaibli en l'espace de deux semaines, lui qui avait frôlé la parité le 2 août contre l'euro, la monnaie unique s'échangeant alors à un plus bas historique de 1,007 franc. Les quelque 15 centimes de différence constituent un début de soulagement pour les entreprises orientées vers l'exportation, qui voient leurs marges s'éroder à mesure que le franc s'apprécie. O
On est néanmoins encore bien loin des cours d'avril, où l'euro valait plus de 1,32 franc, niveau qualifié d'alarmant déjà.
Des réactions positives
La nouvelle intervention de la BNS a été bien accueillie, même si elle n'est pas jugée suffisante. Pour l'économiste de l'Union syndicale suisse (USS) Daniel Lampart, il est urgent que la BNS régule les cours, en fixant un seuil de 1,40 franc pour un euro.
"Illusoire et très risqué", rétorque son homologue Rudolf Minsch, de l'association faîtière économiesuisse, qui saluerait toutefois aussi la fixation d'un objectif de cours. Pour Swissmem, l'association faîtière de l'industrie des machines, équipements électriques et métaux, une branche essentiellement tournée vers l'exportation, la nouvelle intervention montre que la BNS prend la situation au sérieux. Mais selon son porte-parole Ivo Zimmermann, "si le cours du farnc reste au niveau actuel, cela aura des conséquences graves pour l'industrie suisse".
Quelques heures après l'annonce de la BNS, le Conseil fédéral a dévoilé un plan d'aide de deux milliards de francs pour les secteurs touchés de plein fouet par la force du franc. A lire également: Franc fort
agences/cer