"Nous avons atteint un seuil critique", a relevé mercredi à Berne Hans Hess, le président de Swissmem, lors de la conférence semestrielle de l'association faitière de l'industrie des machines, des équipements électriques et des métaux.
"Aujourd'hui, au moins un tiers de nos PME font des pertes. Et elles seront bien plus nombreuses encore à la fin de l'année", a-t-il ajouté. "Il y a six mois, nous nous inquiétions déjà des conséquences du franc fort, mais n'imaginions pas une telle évolution", alors que l'euro a perdu plus de 10% et le dollar près de 15% face au franc en un semestre, a-t-il déclaré.
Pour la branche, qui exporte 80% de ses produits, dont près de deux tiers dans la zone euro et un peu moins de 20% dans celle du dollar, seul un affaiblissement du franc peut encore sauver la situation. Une baisse d'autant plus urgente que les entreprises planifient actuellement leurs budgets 2012 et ne savent pas sur quel pied danser avec une telle volatilité.
Jusque-là, les entreprises ont lutté contre l'érosion de leurs marges en innovant, en coupant dans leurs coûts ou par exemple en achetant dans la zone euro. Mais si la situation n'évolue pas, elles devront prendre des mesures encore plus drastiques dans les semaines et les mois à venir en délocalisant, en réduisant les charges salariales, en payant en euros leurs employés frontaliers ou en licenciant, a averti Hans Hess.
Un cours entre 1,35 et 1,40 franc
Le cours actuel situé entre 1,10 et 1,15 franc pour un euro est bien trop bas pour de nombreuses entreprises, selon lui. "Le seul objectif à atteindre consiste à obtenir un cours de change proche de la parité du pouvoir d'achat qui se situe actuellement entre 1,35 et 1,40 franc". Et ce, quel que soit le genre d'instruments employés pour y parvenir, a-t-il estimé.
A cet égard, Hans Hess a rappelé que Swissmem appuyait pleinement les trois interventions de la Banque nationale suisse (BNS) pour enrayer la flambée du franc.
Quant au paquet de deux milliards de francs du Conseil fédéral destiné à l'industrie d'exportation et au tourisme, il a encore salué l'effort, soulignant néanmoins que les mesures de l'institut d'émission comme celles du gouvernement étaient "assez tardives".
Interrogé sur la nature exacte que devait prendre l'aide publique et à qui exactement elle devait profiter, Hans Hess n'a pas voulu préciser. De nombreuses idées circulent, mais il faut attendre de voir ce qu'il ressort du paquet décidé la semaine dernière et que le Parlement devra avaliser cet automne.
Swissmem ne fait pas partie du groupe de travail mis en place par le Conseil fédéral pour définir ce train de mesures, a-t-il indiqué. Quoi qu'il en soit, une baisse d'impôts ne servirait à rien, les entreprises qui font des pertes étant exemptes de taxes, a-t-il simplement rappelé.
Ces mesures ciblées et temporaires doivent en tout cas s'accompagner de mesures à plus long terme pour défendre la compétitivité de la place économique. Il soutient ainsi les efforts du Conseil fédéral en faveur de l'innovation ainsi que la volonté affichée du gouvernement pour faire diminuer les prix en Suisse, les taxes et les coûts administratifs.
Baisse des prix à l'export
Globalement, les entrées de commandes de l'industrie des machines ont progressé sur l'ensemble du premier semestre 2011 de 11,6%. Mais après un bond de 27,3% sur les trois premiers mois, elles se sont tassées au deuxième trimestre de 2,6% par rapport à la même période de 2010. En raison d'un carnet d'ordres bien garni, le chiffre d'affaires semestriel a augmenté, quoique de manière modérée (+3,7%).
En outre, les ventes n'ont de loin pas retrouvé leur niveau d'avant crise et sont toujours en repli de 20% par rapport au premier semestre 2008. La faute en revient à la pression croissante sur les prix d'exportation, en baisse de 4,9% en moyenne au deuxième trimestre et en recul depuis dix trimestres déjà.
Alors qu'au premier trimestre 13,9% des sociétés interrogées se montraient pessimistes pour les douze mois à venir, cette proportion a doublé entre avril et juin.
agences/cht
La construction est elle en pleine forme
Le secteur de la construction lui est en bonne santé au deuxième trimestre. Les chiffres d'affaires du gros oeuvre ont augmenté de 3,1%, ceux du génie civil ont progressé de 9,8% et les carnets de commandes sont pleins, annonce la Société suisse des entrepreneurs (SSE) qui prévoit une nouvelle baisse des prix de construction.
Le gros oeuvre, secteur principal de la construction, enregistrait un chiffre d'affaires de 5,2 milliards de francs au deuxième trimestre, (+3,1%). Le taux d'utilisation des machines atteignait un niveau record de 84%, jamais enregistré jusqu'ici.
Dans le génie civil, le chiffres d'affaires, qui représente 38% du secteur de la construction, a bondi de 11% à environ deux milliards de francs et a ainsi stimulé la croissance. La construction de logements enregistre une progression de 2%, alors qu'elle se situait déjà à un niveau élevé.
Les réserves de travail dans la construction ont progressé de 5,7% à 13,9 milliards de francs, par rapport au même trimestre de 2010. Le meilleur résultat est enregistré par le génie civil avec 9,9%, alors qu'elles sont stables dans le bâtiment à un niveau élevé (-0,5).
Dans le génie civil public les commandes sont en hausse de 16,2%, même en l'absence de nouveaux projets d'envergure nationale. Les projets de construction de logements pour le prochain trimestre ont à nouveau progressé pour s'établir à + 2,9%.
Les marges du secteur de la construction sont toutefois toujours fortement sous pression. Mais les perspectives du chiffre d'affaires sont stables ou positives, étant donné que les carnets de commandes sont bien garnis et que les permis de construction de logements sont octroyés généreusement.
La SSE prévoit une nouvelle baisse des prix de construction.