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La France ratifie le plan d'aide européen à la Grèce

Nicolas Sarkozy [Zhao Yun]
"Si on ne fait rien, c'est la catastrophe, si on fait plus, c'est la récession", a déclaré Nicolas Sarkozy. [Archives] - [Zhao Yun]
La France est devenue jeudi le premier pays à ratifier le plan d'aide européen à la Grèce, avec un vote du Sénat, dont elle espère une bouffée d'oxygène face aux craintes de récession en zone euro et aux inquiétudes suscitées par les difficultés d'Athènes. De son côté, l'Italie veut inscrire la rigueur budgétaire dans sa Constitution.

Le Sénat français a adopté jeudi soir un texte comprenant à
la fois des mesures de rigueur budgétaire pour 2011 et un feu vert au plan
d'aide à la Grèce décidé le 21 juillet par les dirigeants européens. La chambre
haute du Parlement suit ainsi de 24 heures le vote favorable des députés
mercredi.

Rigueur budgétaire

En même temps qu'il approuvait le plan de sauvetage de la
Grèce, le Parlement français se prononçait sur un paquet budgétaire prévoyant
des économies ou des recettes supplémentaires d'un milliard d'euros sur la
douzaine de milliards prévus d'ici à fin 2012. Quelques avantages fiscaux sont
supprimés et de nouvelles recettes, comme une taxe sur les chambres d'hôtel de
luxe et les sodas, sont programmées.

Nicolas Sarkozy a insisté sur la nécessité de doser
soigneusement les plans de rigueur, échafaudés dans plusieurs pays européens,
afin de préserver la croissance tout en luttant contre les déficits. "Si
on ne fait rien, c'est la catastrophe, si on fait plus, c'est la
récession", a-t-il déclaré à des parlementaires de sa majorité.

La France espère ainsi adresser un signal positif aux
marchés, déstabilisés par la crise en zone euro et inquiets de ses répercussions
pour les banques européennes exposées aux dettes souveraines. Mais le plan
d'aide à la Grèce - près de 160 milliards d'euros - n'entrera pas en vigueur
avant le début de l'année prochaine, car plusieurs des 17 pays de la zone euro
n'entendent pas le ratifier avant quelques mois.

Les Pays-Bas haussent le ton

Il s'agit d'un deuxième plan de sauvetage de la Grèce, après
une première enveloppe de 110 milliards d'euros débloquée l'an dernier. Malgré
ce vote français, la Grèce, plombée par une terrible récession, voit ses marges
de manoeuvre pour mener des réformes se réduire. Et elle inspire de moins en
moins confiance à ses partenaires et aux marchés qui doutent de plus en plus de
sa capacité à éviter la banqueroute.

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a jugé
"très prématuré" de concrétiser le deuxième plan de sauvetage de la
Grèce tant que le pays n'aura pas rempli les conditions pour toucher dans son
intégralité la première aide accordée au printemps 2010. Le ministre
néerlandais des Finances Jan Kees de Jager a même envisagé la sortie de la zone
euro de pays qui, comme la Grèce, ne parviendraient pas à en respecter les
disciplines.

"Si un pays ne souhaite pas satisfaire aux exigences
(de la zone euro), alors il n'y a pas d'autre option que de la quitter",
a-t-il asséné. Les Pays-Bas ont aussi proposé la création d'un commissaire
européen chargé du Pacte de stabilité qui aurait le pouvoir de prendre des
sanctions contre les pays dont les finances publiques dérapent.

L'Italie veut modifier sa Constitution

Pour sa part, le gouvernement italien a adopté jeudi en
Conseil des ministres un projet visant à inscrire la "règle d'or" de
l'équilibre budgétaire dans la Constitution. La mesure a pour but d'encadrer le
déficit public. Le projet d'amendement avait été annoncé en juillet par le
ministre des Finances Giulio Tremonti.

Les possibilités de dérogation à l'équilibre seront limitées
"aux événements exceptionnels" et nécessiteront un vote à la majorité
absolue du parlement. En 2010, le déficit italien s'est élevé à 4,6% du PIB.
L'approbation de cette "règle d'or" prendra toutefois du temps comme
toute modification de la Constitution, puisqu'elle doit être votée à deux
reprises par chacune des chambres du Parlement, à un intervalle d'au moins
trois mois. Le processus devrait durer environ un an.

Les sénateurs italiens ont donné mercredi soir un premier
feu vert à un plan d'austérité draconien du gouvernement de Silvio Berlusconi.
Ce plan doit permettre au pays d'atteindre l'équilibre budgétaire dès 2013.
D'une hauteur de 54,2 milliards d'euros, le plan d'austérité doit encore être
entériné définitivement par les députés.

agences/bkel

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La crise "pourrait s’intensifier à nouveau"

Ces nouvelles inquiétudes sur la Grèce interviennent dans un contexte de pessimisme croissant pour l'économie des pays industrialisés. L'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) a estimé que la crise en zone euro "pourrait s'intensifier à nouveau" et recommande un renforcement des banques par d'éventuelles mesures de recapitalisation.

Pour l'OCDE, le risque d'une récession dans les pays riches "s'est renforcé". "Il y a un énorme degré d'incertitude sur l'économie mondiale et la zone euro", a confirmé à Francfort (ouest) le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet.

La BCE a sévèrement revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2011 et 2012 en zone euro. Elle s'attend désormais à une croissance de 1,6% en 2011, contre 1,9% en juin. Pour l'an prochain, elle table sur une croissance de 1,3%, contre 1,7% jusqu'ici.

Face à ce ralentissement, la BCE a maintenu jeudi son taux directeur inchangé à 1,5%, après deux hausses en avril et juillet.

Les marchés boursiers européens ont chuté après l'annonce de l'abaissement de ces prévisions. La Bourse suisse a également glissé dans le rouge, avant de se ressaisir et de terminer la séance dans le vert.

Du côté des devises, l'euro a creusé ses pertes face au dollar. Peu avant le discours du président de la BCE, la monnaie européenne est tombée à 1,3945 dollar, son niveau le plus bas depuis le 12 juillet, alors qu'il valait encore 1,4096 dollar mercredi soir.

Face à la monnaie helvétique par contre, l'euro n'a fait qu'effleurer brièvement le plancher de 1,20 franc défendu par la Banque nationale suisse (BNS). Il est descendu à 1,2074 franc au début du discours de Jean-Claude Trichet, mais remontait à 1,2145 quelques minutes plus tard.