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Swatch rompt son partenariat avec Tiffany & Co.

Swatch group et Tiffany & Co. avaient annoncé leur partenariat en 2007. [Craig Ruttle]
Swatch group et Tiffany & Co. avaient annoncé leur partenariat en 2007. - [Craig Ruttle]
Swatch Group met un terme à sa collaboration avec Tiffany & Co. pour violation grave des relations contractuelles. Le géant horloger biennois reproche au joaillier américain son comportement systématique visant à empêcher et retarder le développement des affaires.

Swatch Group va demander des dommages et intérêts à la société américaine Tiffany & Co., en compensation de la perte sur le chiffre d'affaires prévu à long terme, a indiqué l'entreprise lundi dans un communiqué succinct. Béatrice Howald, porte-parole de Swatch Group, n'était pas en mesure de chiffrer le montant réclamé.

La plainte sera déposée aux Pays-Bas, la loi hollandaise fera foi, a indiqué la porte-parole. Il avait été convenu entre les deux partenaires de choisir un pays tiers, précise-t-elle.

Tiffany Watch Co. va dans un premier temps terminer ses affaires courantes dans un délai de deux ans, dès l'entrée en vigueur effective de l'annulation des contrats de collaboration, explique Swatch Group. Le groupe biennois avait fondé au printemps 2008 Tiffany Watch, une société qui lui appartient intégralement, dans le cadre d'une contrat de collaboration à long terme. Il incombait à cette dernière la responsabilité de développer, produire et distribuer les montres de la marque "Tiffany & Co.".

Un accord historique

Les ventes étaient pour leur part assurées par un réseau de points de vente exploités par Tiffany, Swatch Group ainsi que par des détaillants indépendants. Le numéro un mondial de l'horlogerie n'a pas souhaité donner davantage de détails sur le litige qui l'oppose à Tiffany. Le groupe avait qualifié l'accord d'historique au moment de l'annonce de cette alliance stratégique.

Swatch Group fondait de grands espoirs dans cette collaboration. Pour preuve, la responsabilité opérationnelle de Tiffany Watch était assurée par Nayla Hayek en personne, actuelle présidente du conseil d'administration du groupe.

Tensions rapidement palpables

De précédentes déclarations avaient récemment fait état de dissensions entre Swatch Group et Tiffany. Lors de la dernière édition de Baselworld, la fille de Nicolas Hayek s'était plainte de la mauvaise promotion des montres de luxe produites dans le cadre du partenariat entre les deux sociétés.

Nayla Hayek estimait que les montres fabriquées pour le compte du joaillier n'étaient pas assez mises en valeur. La première ligne de montres fabriquées par Swatch Group et frappées du sigle Tiffany avait été lancée en 2009.

Cette annonce "devrait décevoir certains investisseurs", selon une note des analystes de Wegelin. A la Bourse suisse, l'action Swatch Group perdait lundi vers 10h30 1,6%, soit moins que l'indice vedette SMI (-2,7%). Les experts de Wegelin font cependant valoir que les perspectives à long terme du groupe demeurent intactes, grâce au potentiel de croissance des marchés asiatiques.

ats/ffi

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Une marque mythique

Fondée en 1837 à New York, la maison Tiffany demeure célèbre pour ses bijoux en or et en diamant. Sa boutique sur la 5e Avenue a été immortalisée par le film "Diamants sur canapé" en 1961. La société a dégagé lors de son exercice 2010/2011, clos fin janvier, un chiffre d'affaires de 3,1 milliards de dollars. La joaillerie représente plus de 90% de ses ventes.

Tiffany possède 233 magasins dans 22 pays pour un total de plus de 9000 employés. La société, qui fait régulièrement l'objet de rumeurs de rachat, est une des dernières cibles potentielles cotées dans le monde de la joaillerie depuis le rachat de l'italien Bulgari par LVMH.

Le chiffre d'affaires de Tiffany Watch est évalué par Vontobel à 30 millions de francs en 2010, soit 0,5% des ventes totales de Swatch Group. "Il y avait un potentiel de 300 à 400 millions de francs", ont souligné les analystes de la banque.