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Une potentielle faillite grecque déprime les bourses

C'est la plongée générale pour les indices européens. [Patrick B. Kraemer]
C'est la plongée générale pour les indices européens. - [Patrick B. Kraemer]
Les Bourses ont une nouvelle fois sévèrement décroché lundi, apeurées par l'hypothèse de plus en plus ouvertement évoquée d'une faillite de la Grèce en dépit des déclarations apaisantes des responsables européens. La Bourse suisse a clôturé en baisse de 2,35%.

Toutes les Bourses européennes se sont enfoncées dans le rouge, dans la foulée d'un vendredi déjà noir. La chute a même brièvement dépassé les 5% dans l'après-midi à Paris en raison d'inquiétudes particulières pour les banques françaises, sous la menace d'une dégradation de leur note par l'agence d'évaluation Moody's.

A la clôture, les pertes apparaissaient à nouveau sévères, sans pour autant se situer au niveau des plus bas du jour. La Bourse suisse a fini en baisse de 2,35%, en phase avec Francfort (-2,27%), pour une fois pas trop affectée. Paris a dévissé de 4,03%, Londres de 1,63%, Madrid de 3,41%, Milan de 3,89% et Lisbonne de 4,2%. Auparavant, en Asie, la Bourse de Tokyo avait terminé en recul de 2,31% et Hong Kong de 4,21%.

New York, seule en hausse

Seule la Bourse de New York a terminé lundi en légère hausse dans un marché toujours inquiet par le risque de voir la crise de la dette souveraine européenne contaminer les Etats-Unis: le Dow Jones a progressé de 0,63% et le Nasdaq 1,10%.

Le poison grec

Le dossier grec continue donc d'empoisonner la zone euro et de peser sur les marchés. L'hypothèse d'une faillite de ce pays, voire de sa sortie de la zone euro, ne cesse de gagner du terrain. Ce week-end, le ministre allemand de l'économie Philipp Rösler n'a pas exclu une faillite ordonnée de la Grèce pour sauver la monnaie unique, avant que son ministère ne vienne rappeler lundi qu'Athènes avait toute sa place dans la zone euro.

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et la chancelière allemande Angela Merkel ont de leur côté tenté de ramener le calme en assurant, dans un communiqué commun à l'issue d'une rencontre à Berlin, que le FESF, dans sa version renforcée, serait opérationnel dès la fin du mois.

Ce Fonds européen de stabilité financière (FESF) créé l'an dernier, qui porte secours aux pays en difficulté, doit notamment être autorisé à racheter des obligations souveraines sur le marché secondaire. Michel Barnier, le commissaire européen chargé des marchés financiers, s'est également voulu rassurant, réaffirmant que la zone euro faisait tout pour éviter qu'un pays membre, comme la Grèce, ne soit en situation de défaut de paiement.

Mesures supplémentaires

Athènes, qui tente désespérement de rassurer ses créanciers, s'est engagé dimanche à prendre des mesures supplémentaires d'économies d'un montant de 2 milliards d'euros en 2011. La Commission européenne a salué ces annonces et a fait savoir que les bailleurs de fonds du pays réunis au sein d'une Troïka Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international - allaient retourner dans le pays "dans les prochains jours". L'atmosphère s'était nettement dégradée depuis le départ inopiné du pays d'une mission de la troïka début septembre.

Banques françaises fragilisées

Les valeurs bancaires, surtout en France, étaient particulièrement chahutées lundi, plombées par leur exposition aux dettes souveraines et par des craintes sur leur solvabilité. En début d'après-midi à Paris, BNP Paribas dévissait de près de 12%, Société générale et Crédit Agricole de près de 9%.

"Quelque soit le scénario grec et les provisions à passer, les banques françaises ont les moyens d'y faire face", a tenté de rassurer le ministre français de l'économie et des finances, François Baroin, réaffirmant un message livré dans la matinée par le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer. "Nous sommes prêts à fournir aux banques les liquidités demandées" en "quantité illimitée" et à "taux fixe" pour la zone euro, a réaffirmé pour sa part le gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet, en sa qualité de porte-parole du groupe des principales banques centrales.

afp/ats/olhor


RUEE SUR LES TITRES DE LA DETTE AMERICAINE

Les investisseurs, affolés par l'hypothèse d'une faillite de la Grèce, se ruent sur les titres de la dette publique américaine et allemande, qui ont atteint lundi des niveaux inédits.

Le taux de l'emprunt d'Etat allemand - le Bund à 10 ans - a franchi un record historique en séance à 1,709% avant de remonter légèrement à la clôture à 1,741%. Même tendance pour les taux des bons du Trésor américain, tombés à un plus bas à 1,877% dans la matinée pour s'inscrire, en fin de journée, à 1,900%.

Le rendement de ces titres est nettement inférieur au niveau de l'inflation dans ces deux pays. "Le sentiment de panique est tel que les investisseurs préfèrent se tourner vers des placements qui ne leur rapportent plus rien mais qui sont réputés sûrs", dit Dominique Daridian, chef de la recherche Crédit chez Aurel BGC.

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Bank of America biffera 30'000 emplois

Le groupe bancaire américain Bank of America a annoncé lundi qu'il allait supprimer environ 30'000 emplois dans le cadre de la première phase d'une grande restructuration baptisée "Project New BAC". C'est un peu plus de 10% de ses effectifs.

Cette première phase doit permettre de dégager cinq milliards de dollars d'économies par an d'ici 2014, soit quelque 18% des dépenses de l'activité de détail (y compris cartes de paiement, prêts hypothécaires et back office).

Des rumeurs dans la presse indiquaient ces derniers jours que les réductions de poste pourraient concerner jusqu'à 30'000, voire 40'000 emplois.

Réformes des banques britanniques

Les banques britanniques, dont le sauvetage en 2008 avait coûté très cher aux contribuables, seront soumises à une vaste réforme pour éviter la répétition d'un tel scénario, mais elles ont obtenu lundi un délai de plusieurs années pour sa mise en application.

Dans son rapport final, la commission indépendante chargée du projet a préconisé de séparer les activités de détail de celles d'investissements, plus risquées, pour mettre à l'abri les dépôts des particuliers.

La commission indépendante dirigée par l'économiste John Vickers a toutefois tenu compte des multiples mises en garde de la City et de la crise de la dette dans la zone euro, qui a beaucoup fragilisé les banques européennes : elle a estimé que l'entrée en vigueur de ses propositions pouvait attendre jusqu'en 2019.

Selon John Vickers, la réforme coûterait annuellement entre 4 et 7 milliards de livres (entre 4,6 et 8,1 milliards d'euros) aux banques britanniques, qui auraient notamment besoin de mobiliser des capitaux supplémentaires.