Lors de sa traditionnelle annonce trimestrielle au sujet de la situation économique et monétaire, l'institut d'émission a gardé le cap emprunté lors de ses quatre interventions successives en moins de deux mois pour lutter contre le franc fort.
La BNS continue de viser un taux directeur, le Libor à trois mois, proche de zéro, a indiqué jeudi son porte-parole, Walter Meier, lors d'une conférence téléphonique. Elle réaffirme également sa décision de début septembre de faire prévaloir un cours plancher de 1,20 franc pour un euro "avec toute la détermination requise" et maintient les liquidités sur le marché monétaire en francs au-dessus de 200 milliards de francs.
Alors que cette stratégie semble porter ses fruits - le cours de l'euro est depuis resté au-dessus de la barre des 1,20 franc - la BNS ne relâche pas la pression et se répète décidée à prendre de nouvelles mesures si les perspectives économiques l'exigent.
Nuages sur l'économie
Le message change lui quelque peu en ce qui concerne la conjoncture. La BNS, encore relativement confiante concernant le sort économique de la Suisse il y a trois mois, voit cette fois-ci les nuages noirs s'amonceler. "Les perspectives économiques des pays industrialisés se sont nettement assombries", souligne-t-elle dans un communiqué, évoquant la crise de la dette et les risques accrus sur les marchés.
Le développement de la conjoncture helvétique se voit malmené "à la fois par la force du franc et par le fléchissement de la demande étrangère". La BNS estime que la progression du PIB suisse s'interrompra au second semestre 2011. Sans dévoiler ses prévisions pour 2012, elle table désormais sur un taux de croissance situé entre 1,5% et 2,0% pour l'ensemble de l'année 2011, contre "environ" 2,0% attendus au mois de juin dernier.
Elle fait ainsi écho aux analyses livrées par UBS, l'institut de recherche conjoncturelle de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (KOF) et l'institut bâlois BAKBASEL ces derniers temps. Tous ont rectifié leur pronostics vers le bas. Toutefois plus optimistes que la BNS, ils affichent des valeurs situées entre 1,9% et 2,2% pour 2011.
Pas de risque d'inflation
Concernant l'inflation, la BNS retouche également sa copie. En raison de l'envolée du franc et de la dégradation des perspectives pour l'économie mondiale, ses anticipations sont aujourd'hui nettement plus faibles qu'il y a trois mois.
Elle estime que le renchérissement devrait atteindre 0,4% en 2011, -0,3% en 2012 et 0,5% en 2013. Ces valeurs se montaient encore à respectivement 0,9%, 1,0% et 1,7% lors de la dernière prise de parole de la banque centrale sur le sujet.
"Il n'existe en Suisse aucun risque d'inflation dans un avenir proche. Par contre, des risques à la baisse pourraient survenir au niveau de la stabilité des prix si le franc devait cesser de s'affaiblir", peut-on lire dans le communiqué.
ats/cab
Intervention des banques centrales
Les principales banques centrales ont annoncé jeudi une action concertée pour élargir l'approvisionnement des banques en dollars, une mesure à destiner à rassurer sur la capacité des établissements bancaires à répondre à leurs engagements.
L'objectif consiste à mettre à disposition des banques un surplus de liquidités. L'action coordonnée est menée par la Banque d'Angleterre, la Banque du Japon, la Banque centrale européenne (BCE), la Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed) et la BNS, a indiqué jeudi cette dernière.
Les craintes sur la capacité des banques européennes à se refinancer en dollars se sont multipliées ces dernières semaines, à cause de la crise de la dette publique dans la zone euro qui pèse sur la confiance des investisseurs.
Ces instituts d'émission monétaire vont mettre à disposition des banques des liquidités en dollars dans le cadre d'opérations portant sur une durée de 84 jours.
Ces opérations de refinancement s'ajouteront à celles conduites à sept jours, activés en mai 2010, a précisé la BNS dans son communiqué. Comme ces dernières, elles se dérouleront à taux fixe et avec un volume illimité. La première opération à 84 jours apportant des dollars sera lancée le 12 octobre.
L'annonce de cette action concertée a fait bondir les Bourses, tout particulièrement les valeurs bancaires, à l'exception notable d'UBS qui a dévoilé jeudi une affaire de fraude interne portant sur quelque 2 milliards de dollars.