"Nous prendrons notre décision sur la prochaine tranche d'aide en octobre, en nous fondant sur les déclarations de la troïka" (UE, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne), les bailleurs de fonds de la Grèce, a indiqué Jean-Claude Juncker lors d'une conférence de presse après une réunion des ministres des Finances de la zone euro en Pologne.
Cette tranche d'un montant de 8 milliards d'euros tirée du premier plan d'aide à la Grèce, devait initialement être versée à Athènes courant septembre. Le départ inopiné au début du mois de la troïka, qui a pour mission de surveiller les comptes grecs et l'avancée de son plan du redressement, a repoussé cette échéance. Cette somme est nécessaire pour éviter la faillite à la Grèce, mais des responsables de la zone euro et du Fonds monétaire international avaient reporté ce versement, jugeant que Athènes n'en faisait pas suffisamment pour réduire son déficit.
Austérité nécessaire
Le gouvernement grec a déjà reconnu qu'il n'avait pas atteint les objectifs budgétaires fixés par ses créanciers, à cause d'une récession plus dure que prévu, mais qu'il avait la "détermination" de poursuivre les efforts demandés.
Le ministre grec des Finances, Evangelos Venizelos, a par ailleurs averti vendredi que si son pays criblé de dettes ne parvenait pas à mettre en oeuvre les mesures d'austérité, des "conséquences dramatiques" surviendraient qui échapperaient potentiellement au contrôle de la zone euro.
"Tous les Grecs doivent comprendre que si des mesures énergiques n'étaient pas prises et appliquées maintenant, ce qui adviendra sera vraiment dramatique et échappera au contrôle de notre pays et peut-être même de la zone euro", indique Evangelos Venizelos dans un communiqué diffusé par son cabinet. Il a ajouté que "beaucoup de suspicion" persistait à l'égard de la Grèce.
"Protéger notre pays"
"Il est de notre devoir de tout faire pour protéger notre pays dans un environnement international mouvant qui n'évolue pas toujours de manière rationnelle", a-t-il en outre affirmé. Evangelos Venizelos tiendra lundi une téléconférence avec de hauts responsables de l'Union Européenne et du Fonds Monétaire International (FMI) qui font un audit des finances grecques avant de décider de débloquer les 8 milliards d'euros.
Course contre-la-montre
Vendredi, le président de la BCE Jean-Claude Trichet a exhorté la Grèce à tenir ses promesses de réformes en matière budgétaire. "Il n'y a plus beaucoup de temps", avait de son côté estimé mercredi la directrice du FMI, Christine Lagarde. Le versement de cette tranche est vital pour la Grèce qui, sans elle, se retrouverait en faillite dès octobre.
Discipline budgétaire accrue en Europe
Les ministres des Finances de l'Union européenne se sont aussi mis d'accord vendredi sur le principe de renforcer leur discipline budgétaire en imposant des sanctions financières aux pays trop laxistes, ouvrant la voie à une adoption formelle de cette réforme.
Après des mois de blocage, le Parlement européen et la présidence polonaise de l'Union européenne, représentant les Etats, ont accepté jeudi les grandes lignes d'un compromis qui vise à renforcer le Pacte de stabilité.
Grâce à l'accord des ministres européens des Finances annoncé dans la journée, le Parlement européen va pouvoir formellement approuver cette série de mesures fin septembre, ce qui débouchera sur une adoption à l'échelle des 27 début octobre.
"Cet accord constitue un signal fort à l'adresse des investisseurs et des marchés financiers", a estimé la présidence polonaise de l'UE dans un communiqué. "Cela prouve que l'Union européenne et ses institutions peuvent agir avec fermeté et se montrer décidée face aux défis". Le ministre français des Finances, François Baroin, a quant à lui jugé qu'il s'agissait là d'une "avancée significative".
Cette réforme comprend six textes législatifs - baptisée "6 Pack" - proposés il y a déjà un an par la Commission européenne pour tirer les leçons de la crise de la dette en Grèce. Elle a pour ambition de renforcer la gouvernance économique de l'Union européenne et plus spécifiquement de la zone euro, ébranlée par la crise de la dette.
Car le Pacte de stabilité, censé encadrer les déficits, s'est révélé largement inopérant et trop peu dissuasif, les gouvernements passant leur temps, depuis dix ans, à le contourner.
afp/cab/olhor
LES USA TANCENT L'EUROPE
Les Etats-Unis ont exhorté vendredi les Européens à mettre un terme à leurs divisions sur la gestion de la crise de la dette qui inquiète la planète entière, alors que la zone euro continue à se disputer sur le deuxième plan de sauvetage promis à la Grèce.
Convié exceptionnellement à une réunion des ministres européens des Finances à Wroclaw en Pologne, le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner s'est dit préoccupé par les divisions entre gouvernements et la Banque centrale européenne. "Il est très dommage de constater qu'il existe non seulement des divisions dans le débat sur la stratégie en Europe, mais aussi qu'un conflit existe entre les gouvernements et la BCE", a-t-il déclaré en marge de cette réunion, mettant en garde contre les "risques catastrophiques" de la désunion.
La présence de Timothy Geithner témoigne de l'inquiétude croissante des Etats-Unis face à la tournure prise par la crise de la dette et ses éventuelles répercussions sur l'économie mondiale. Sa présence fait grincer les dents de certains responsables européens. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, tout comme son homologue belge, Didier Reynders, n'ont pas hésité vendredi matin à rappeler les Etats-Unis, qui ploient sous une énorme dette publique, à leurs propres devoirs en matière budgétaire.
Jean-Claude Juncker, chef de file des ministres des Finances de la zone euro, a été à peine plus aimable lorsque, à l'idée que les Etats-Unis aient demandé à la zone euro d'augmenter les capacités de son Fonds de secours chargé notamment de l'aide à la Grèce (FESF), il a dit: "Nous ne discutons pas de l'élargissement ou de l'accroissement du FESF avec un pays non membre de la zone euro".
6000 fonctionnaires prennent leur retraite et grève annoncée le 6 octobre
Près de 6000 fonctionnaires, pour la plupart de haut niveau, ont demandé à partir en retraite cette semaine après l'annonce de nouvelles mesures de réduction du secteur public, a-t-on appris vendredi auprès de la caisse d'assurance maladie des fonctionnaires.
"Près de 6000 personnes, surtout des hauts fonctionnaires qui bénéficient des primes, ont déposé ces trois derniers jours des demandes de mise en retraite", a indiqué à l'AFP Nikos Kalakos, directeur de cette caisse. Selon ce responsable, cette vague de demandes est "due au climat incertain qui règne en ce moment dans le secteur public après les annonces sur le chômage technique et l'instauration d'une grille unique de salaire".
Selon les annonces gouvernementales, la mise en chômage technique, pour un an et sans garantie de retour au poste précédent, devrait toucher dans un premier temps, d'ici fin septembre, près de 3500 employés travaillant dans 150 entreprises publiques.
Par ailleurs, le syndicat du secteur public grec Adedy a annoncé vendredi qu'il envisageait une nouvelle grève le 6 octobre contre les mesures d'austérité et qu'une décision définitive serait prise le semaine prochaine après consultations avec le syndicat du secteur privé GSEE.
Madère plombe la dette portugaise
Les autorités portugaises ont vivement critiqué la région autonome de Madère pour avoir omis de déclarer des dettes qui plombent le déficit public du Portugal de 1,68 milliard d'euros de 2008 à 2011.
Il s'agit d'une "omission d'information grave", ont indiqué la Banque du Portugal (BdP) et l'Institut national des statistiques (Ine) dans un communiqué conjoint précisant qu'ils n'avaient "jamais eu connaissance de cas similaires".
La dette de Madère, petit archipel au large de l'océan Atlantique, aura un impact de 0,3 point de pourcentage sur la dette publique portugaise et implique notamment une révision à la hausse du déficit de 2010 qui passerait ainsi de 9,1 à 9,6% du PIB.