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UBS: Grübel se sent responsable mais pas coupable

La démission d'Oswald Grübel ne résoudra pas les dysfonctionnements d'UBS, estiment les observateurs. [Walter Bieri]
Oswald Grübel est arrivé à son poste de directeur général d'UBS en février 2009. - [Walter Bieri]
Oswald Grübel réagit dans la presse dominicale à la nouvelle affaire qui secoue sa banque. Il se dit responsable mais pas coupable après les agissements d'un trader mal intentionné de Londres. Et le patron de la grande banque n'entend pas démissionner, comme le demandent nombre de politiciens de gauche.

"J'ai la responsabilité de tout ce qui se passe dans la banque mais je ne me sens pas coupable", a déclaré au journal Sonntag le patron d'UBS Oswald Grübel. Il n'entend pas démissionner, comme le demandent de nombreux politiciens de gauche: il y voit une question "purement politique" et ne "pense pas à un départ" mais c'est "l'affaire du conseil d'administration", a-t-il expliqué.

"Il y aura toujours des criminels"

"Si quelqu'un agit avec une énergie criminelle, vous ne pouvez rien faire; il y en aura toujours dans notre job", a relevé Oswald Grübel. C'est la raison pour laquelle il ne se sent pas coupable. Le patron d'UBS n'a cependant pas voulu donner de détails sur la perte de 2 milliards de dollars, ni préciser à quel moment il a appris la nouvelle.

Les enquêtes menées en Grande-Bretagne et en Suisse, par la FINMA, devront établir comment le trader a pu provoquer une telle perte et pourquoi les mécanismes de contrôle de la banque n'ont pas fonctionné. A l'UBS, on pense que ce n'est pas la faute d'une seule personne.

Villiger aussi critiqué

Oswald Grübel bénéficie encore du soutien du conseil d'administration d'UBS et de ses gros actionnaires comme le fonds souverain de Singapour. C'est ce qu'a déclaré un membre du conseil d'administration à la NZZ am Sonntag. Cet homme ne voit pas d'alternative à Oswald Grübel, mais souligne que cette nouvelle affaire montre que la banque d'investissement est surdimensionnée et qu'elle doit rétrécir.

Pour Kaspar Villiger, les millions dont profitera Axel Weber étaient l'unique façon de le faire venir à l'UBS. [KEYSTONE - WALTER BIERI]
Pour Kaspar Villiger, les millions dont profitera Axel Weber étaient l'unique façon de le faire venir à l'UBS. [KEYSTONE - WALTER BIERI]

Après l'éclatement de l'affaire, les pressions s'accentuent non seulement sur Oswald Grübel mais également sur le président du conseil d'administration Kaspar Villiger. Le parti libéral-radical (PLR) a pris ses distances avec son ancien conseiller fédéral alors que le président du parti socialiste estime qu'il doit lui aussi démissionner s'il s'avère que la banque a spéculé contre le franc suisse.

"Il n'y a aujourd'hui plus aucun lien entre Villiger et le PLR", a déclaré au journal dominical Sonntag Markus Hutter, vice-président du PLR. Dans les rangs du parti, on estime que l'ancien conseiller fédéral n'a pas réussi à inculquer une nouvelle culture d'entreprise à UBS. Pour le conseiller national Philipp Müller, Kaspar Villiger a non seulement "échoué à changer la culture des bonus, mais n'a pas eu la force de s'opposer à Oswald Grübel et s'est agenouillé".

Le député PLR zurichois et représentant des banques Hans-Peter Portmann considère que Kaspar Villiger n'a eu que peu d'influence, qu'il a échoué et que le monde bancaire n'était pas prêt à un changement de culture. "Quand nous l'avons écouté en mai dernier devant la commission de l'économie, il semblait venir d'une autre planète", a observé Hans-Peter Portmann.

Levrat très remonté

"L'ancien conseiller fédéral PRD Kaspar Villiger est devenu président de l'UBS afin de renforcer le lien entre la Suisse et la banque; il n'a apparemment pas rempli sa tâche et s'il se confirme que l'UBS a spéculé contre le franc suisse, Villiger doit aussi partir", a expliqué au journal dominical le président du Parti socialiste Christian Levrat.

Il considère également comme inacceptables les attaques d'Oswald Grübel contre la politique de la Banque nationale suisse (BNS). Il y voit une trahison des entreprises suisses: "la fraude de 2 milliards confirme que Grübel n'a rien appris de la crise financière, il porte la responsabilité de cette débâcle".

Suite à cette affaire, l'UBS a stoppé l'ensemble de ses campagnes publicitaires dans le monde. Les spots TV et les annonces qui auraient dû paraître également dans la presse dominicale ont été gelés, comme la banque l'a confirmé à "Sonntag". Ce gel va durer une à deux semaines. Dans ce délai, une décision devrait tomber quant à la poursuite de cette campagne publicitaire, à son report ou à son abandon. Une porte-parole de la banque a reconnu que dans un tel contexte, toute campagne publicitaire tombe à plat. A son entrée en fonction en février 2009, Oswald Grübel avait confié une nouvelle campagne à l'agence Publicis.

ap/ats/mej/olhor

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UBS indique 2 milliards de francs de fraude

UBS a apporté des précisions dimanche sur le montant de la fraude au sein de son département Investment Bank.

Les opérations de négoce illicites s'élèvent à 2,3 milliards de dollars (2 milliards de francs) et non 2 milliards de dollars comme annoncé jeudi. "Aucune position de clients n'a été affectée", a indiqué l'UBS dans un communiqué.

Les opérations du trader portaient sur 10 milliards

Le trader soupçonné d'une fraude ayant coûté 2 milliards de francs à UBS avait effectué des opérations non autorisées d'un montant de 10 milliards de francs avant la découverte des pertes, rapporte dimanche The Sunday Times.

Selon le journal britannique, qui s'appuie sur des sources anonymes au sein d'UBS, la banque suisse a décortiqué les opérations du trader et vendredi à midi, ces positions de 10 milliards -soit cinq fois supérieurs aux pertes-, avaient été liquidées.

Le géant bancaire suisse avait annoncé jeudi avoir été victime d'une fraude d'un de ses traders pouvant lui faire perdre 2 milliards de francs.

Le suspect, qui travaillait à Londres sur des produits financiers complexes, au département ETF ("Exchange Traded Funds", montages financiers adossés à l'évolution d'un indice boursier), a été arrêté et inculpé vendredi dans la capitale britannique d'"abus de position" et de "fraudes comptables".