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Le titre UBS grimpe après le départ d'Oswald Grübel

La majorité du National s'est accordé sur la nécessité d'agir sans attendre concernant les banques "trop grandes pour faire faillite". [Peter Klaunzer]
Après avoir ouvert en baisse, le titre UBS a rapidement inversé la tendance. - [Peter Klaunzer]
Après la démission samedi du patron d'UBS Oswald Grübel, l'action du numéro un bancaire helvétique s'est vivement appréciée lundi à la Bourse suisse, malgré une entame de séance en net repli. Elle a clôturé en hausse de 5,04% à 10,63 francs, à son plus haut niveau du jour.

L'indice des valeurs vedettes Swiss Market Index (SMI) a fini en progression de 1,93% à 5401 points, tout comme l'ensemble des marchés européens, portées par un envol des valeurs bancaires. Un phénomène que les courtiers ont attribué aux espoirs de recapitalisation de certains établissements exposés à la crise de la dette.

Du côté du titre UBS, l'annonce de la démission avec effet immédiat d'Oswald Grübel n'a pas forcément surpris les observateurs. Enfin, après une entame de séance en nette baisse à l'image d'UBS, les deux autres valeurs bancaires du SMI, soit Credit Suisse et Julius Baer, ont elles aussi repris du terrain.

Sergio Ermotti ad interim

Si l'annonce samedi de la démission avec effet immédiat d'Oswald Grübel (lire: Démission d'Oswald Grübel) n'a pas forcément surpris les observateurs, la nomination ad interim de Sergio Ermotti, responsable des activités d'UBS pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient et ancien numéro deux de la première banque italienne UniCredit, était un peu moins attendue.

Le départ du directeur d'UBS fait planer des incertitudes sur l'avenir de la banque. [KEYSTONE - Steffen Schmidt]
Le départ du directeur d'UBS fait planer des incertitudes sur l'avenir de la banque. [KEYSTONE - Steffen Schmidt]

Le Tessinois de 51 ans, qui à l'instar d'Oswald Grübel est issu de la banque d'affaires, devra régler l'impact du scandale des transactions frauduleuses découvertes à Londres il y a dix jours. Sergio Ermotti n'est pas connu du grand public, mais il affiche une solide carrière bancaire.

Cet homme a travaillé à partir de 1987 durant 18 ans pour la banque américaine Merril Lynch, où il a fini comme codirecteur de l'unité marché global des actions. En 2005, il change d'employeur pour rejoindre l'italien UniCredit, gravissant les échelons pour en devenir le numéro deux du premier établissement de la péninsule. Sergio Ermotti a quitté UniCredit l'an passé, après s'être fait souffler la place de président de la direction par l'Italien Federico Ghizzoni.

Lors d'une conférence téléphonique tenue samedi, Sergio Ermotti a estimé que les transactions frauduleuses du trader londonien, qui ont entraîné une perte de 2,3 milliards de dollars (2 milliards de francs), ont mis au jour une exposition au risque "totalement inacceptable". Dans l'immédiat, le président ad interim entend examiner les procédures de contrôle de la banque et mener à bien l'enquête interne sur les lourdes pertes subies.

"Période difficile"

Le président du conseil d'administration d'UBS, Kaspar Villiger, a pour sa part estimé que le Tessinois représenterait un bon candidat pour remplacer de façon permanente Oswald Grübel. "Nous sommes conscients de faire face à une période difficile sur le plan externe, et ce dernier incident ne fait que rendre plus impératif encore une réaction de notre part. N'oublions pas pour autant qu'UBS figure parmi les banques les mieux capitalisées au monde", a poursuivi Sergio Ermotti.

Sergio Ermotti. [KEYSTONE/Martin Ruetschi]
Sergio Ermotti. [KEYSTONE/Martin Ruetschi]

L'enquête interne sur la fraude londonienne devrait aboutir dans un délai de 10 à 14 jours, mais du fait des enquêtes externes, UBS ne pourra pas nécessairement en révéler les conclusions, a précisé Sergio Ermotti. Le conseil d'administration a demandé à ce dernier d'accélérer la repositionnement des activités de banque d'investissement. Un processus dont les détails seront dévoilés le 17 novembre à New York.

Selon Kaspar Villiger, l'avenir du directeur de la banque d'investissement, unité dans laquelle la fraude est intervenue, Carsten Kengeter, n'est pas menacé. De l'avis de l'ancien Conseiller fédéral, l'Allemand et ses services ont accompli un "excellent travail" pour limiter les pertes découlant des transactions non autorisées.

Kaspar Villiger n'a toutefois pas voulu dire si ce dernier ferait un bon candidat au poste de directeur général, qui doit être pourvu de façon permanente dans les six mois. Depuis l'annonce des pertes le 15 septembre, le titre UBS a cédé plus de 10%, dans un contexte toutefois difficile pour les banques en général. Il avait déjà repris 4,8% vendredi.

ats/bkel

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Les analystes s'interrogent

Les analystes s'interrogeaient lundi sur les raisons du départ d'Oswald Grübel, qui a officiellement quitté son poste de directeur général d’UBS après la découverte d'un coûteux scandale de fraude.

"Les explications données pour le départ (du directeur général Oswald) Grübel semblent étranges, vu qu'il avait auparavant dit qu'il ne démissionnerait pas en raison" de la fraude massive d'un trader, a estimé Peter Thorne de Helvea. L'analyste fait référence à un entretien de d’Oswald Grübel dans la presse du 18 septembre, où ce dernier avait affirmé qu'il ne se sentait pas coupable dans cette affaire de fraude et qu'il n'avait aucune intention de démissionner.

Pour Peter Thorne, le départ d'Oswald Grübel serait plutôt lié à un désaccord avec le conseil d'administration qui veut redimensionner la banque d'affaires.

UBS a en effet indiqué samedi que la division banque d'affaires, à l'origine des pertes abyssales durant la crise des subprimes américains et dans laquelle a travaillé le trader accusé de transactions frauduleuses, sera "moins complexe", "prendra moins de risques" et "utilisera moins de capital". "Grübel semblait réticent" à réduire la taille de cette unité, a jugé l'analyste de Helvea.

Pour les analystes de la Banque cantonale de Zurich Oswald Grübel a pourtant "réussi à stabiliser la banque et à réaliser un tournant important". "UBS est en bien meilleure position qu'il y a deux ans et demi", ont-ils ajouté.

Le départ d’Oswald Grübel, qui a redressé la banque après sa déconfiture durant la crise financière, devrait "décevoir" les investisseurs, ont quant à eux estimé les analystes de Nomura. Mais la restructuration de la banque d'affaires, qui a vu son bénéfice avant impôt reculer de 55% à 376 millions de francs suisses au deuxième trimestre, devrait libérer du capital et soutenir le cours de l'action à court terme, ont-ils ajouté.