Alpiq, société spécialisée dans la production et la distribution d'énergie, a annoncé déjà début juillet vouloir simplifier son organisation et renforcer sa flexibilité financière avec le lancement d'un programme de rationalisation.
Ce remaniement à la tête d'Alpiq intervient dans un contexte difficile, deux jours après le "oui" du Conseil des Etats à la sortie du nucléaire.
Selon le communiqué diffusé vendredi par la société, Giovanni Leonardi a décidé de quitter ses fonctions en raison notamment des profonds changements qui touchent aujourd'hui la branche. (Lire: Energie)
Mais cette décision a toutefois été qualifiée de "relativement surprenante" par le porte-parole d'Alpiq, Martin Bahnmüller.
Le groupe cherche un nouveau directeur, mais cette quête pourrait durer plusieurs mois, a précisé le porte-parole. Des solutions internes comme externes sont envisagées. Hans Schweickardt n'est pas candidat.
Réduction des effectifs
Le fournisseur d'électricité prévoit de réduire ses effectifs. Cette mesure a déjà été évoquée durant l'été. Son désormais ancien patron Giovanni Leonardi l'a encore répété lundi à l'émission "Eco" de la télévision publique alémanique, sans toutefois articuler de chiffres.
La situation économique dans laquelle se trouve Alpiq exige des mesures drastiques, a alors expliqué l'ancien directeur, agitant le spectre d'une réduction des coûts et du personnel. Mi-août, l'entreprise avait notamment annoncé vouloir examiner d'éventuels départs en retraite anticipée.
Alpiq ambitionne surtout de réduire son endettement de plus d'un milliard de francs d'ici fin 2012.
ats/mre
Sortie du nucléaire problématique
La sortie de la Suisse du nucléaire annoncée pour 2034, et approuvée mercredi par le Conseil des Etats, plombe les perspectives du groupe.
Cette décision condamne la construction de nouvelles centrales nucléaires. Alpiq, qui exploite le site de Gösgen (SO) et qui en détient le 40%, a déjà procédé par exemple à un amortissement complet de 35 millions de francs pour des coûts liés à un projet de nouvelle centrale dans le canton de Soleure.
Le groupe entend dès lors investir un milliard de francs dans les énergies renouvelables pour quintupler la part de production issue de ces énergies.
Alpiq a mis en service en 2011 un parc éolien en Bulgarie, qui compte 20 éoliennes. Le groupe vient également de racheter une centrale à gaz près de Barcelone, en Espagne, ainsi qu'une autre centrale de ce type près de Lille, en France.
Chute du bénéfice
Le leader suisse de l'énergie, qui assure environ un tiers de l'approvisionnement en électricité, souffre depuis janvier. Le premier semestre a laissé un bénéfice en chute de près de la moitié (-47%) à 155 millions de francs.
"Une performance décevante", selon Alpiq. Mais les deux autres géants de l'énergie en Suisse que sont FMB et Axpo ont eux aussi déclaré devoir opérer des suppressions d'emplois en fonction de la conjoncture.
La branche doit faire face à de faibles prix de l'énergie dus à une surcapacité dans l'offre au niveau européen et au franc fort, qui a grevé les comptes d'Alpiq à hauteur de 50 millions de francs au 1er semestre.
La vente de filiales d'Alpiq et la suppression de parties d'entreprises sont également passées à la loupe.
Martin Bahnmüller a évoqué au mois d'août la vente de la filiale allemande du groupe, Alpiq Anlagentechnik (AAT), dont le siège est à Heidelberg.
Les pourparlers devraient aboutir cette année encore. Pour la suite de l'exercice, Alpiq fait preuve de prudence.
Selon ses prévisions, l'entreprise attend entre juillet et décembre un chiffre d'affaires en légère progression au regard de celui réalisé au 1er semestre. Au-delà, le groupe veut améliorer sa rentabilité.