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L'UE reporte un prêt crucial à la Grèce

Crise: la Grèce a déjà fait son maximum. [Aris Messinis / AFP]
Une réunion de l'Eurogroupe afin de débloquer une tranche de prêts internationaux dont la Grèce pays a absolument besoin pour éviter la faillite a été annulée. - [Aris Messinis / AFP]
La zone euro a décidé lundi de reporter à nouveau les décisions concernant un prêt crucial de 8 milliards d'euros pour la Grèce. La zone euro a aussi réclamé au pays davantage de privatisations. L'Eurogroupe envisage en outre de donner plus de poids au Fonds de secours pour les pays en difficulté (FESF).

"Nous demandons à la Grèce d'accepter des mesures supplémentaires" en termes d'économies pour 2013 et 2014, allant donc au-delà de celles qui viennent d'être annoncées pour cette année et la prochaine, a averti Jean-Claude Juncker. La zone euro a aussi réclamé davantage de privatisations d'entreprises.

Malgré un projet de budget 2012 passant par une réduction drastique du secteur public, Athènes a déjà alimenté les craintes d'un défaut de paiement en annonçant dimanche que son déficit public serait ramené à 8,5% du PIB en 2011 mais resterait du coup au-delà de l'objectif initial de 7,4%.

Tranche de prêts reportée

Jean-Claude Juncker a expliqué qu'une réunion de l'Eurogroupe, envisagée un temps pour le 13 octobre afin de débloquer une tranche de prêts internationaux de 8 milliards d'euros dont la Grèce a absolument besoin pour éviter la faillite, avait été "annulée", faute de pouvoir disposer de tous les éléments d'évaluation nécessaires à cette date.

Une faillite de la Grèce "pourrait s'avérer contagieuse pour le Portugal et l'Irlande puis, avant même l'Espagne, pour la Belgique et l'Italie étant donné leur lourde dette". [Eric Vidal]
Une faillite de la Grèce "pourrait s'avérer contagieuse pour le Portugal et l'Irlande puis, avant même l'Espagne, pour la Belgique et l'Italie étant donné leur lourde dette". [Eric Vidal]

"L'Eurogroupe prendra une décision finale dans le courant du mois d'octobre" sur la base des conclusions de la mission en cours des créanciers de la Grèce, la troïka (UE, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), actuellement à Athènes pour vérifier les progrès réalisés par le gouvernement.

De fait, la Grèce a indiqué qu'elle n'aurait pas besoin de financement pour éviter la faillite avant "la deuxième semaine de novembre", a précisé le ministre belge des Finances, Didier Reynders.

Pas de défaut, selon Juncker

Néanmoins, Claude Juncker s'est voulu rassurant, affirmant que le pays serait "en mesure de remplir ses obligations" financières. "Un défaut de la Grèce sera évité", a-t-il encore assuré, ajoutant que "personne n'envisage une sortie de la Grèce de la zone euro".

Quant au deuxième plan d'aide à la Grèce, de 109 milliards d'euros, promis le 21 juillet, il a vu tomber lundi un obstacle à sa concrétisation: les membres de la zone euro sont parvenus à un compromis sur les garanties demandées à Athènes par la Finlande.

Ce nouveau plan pourrait en outre être modifié de manière à y faire participer davantage les banques, qui subiraient une décote plus importante que les 21% envisagés jusqu'ici sur leurs créances grecques, a laissé entendre Jean-Claude Juncker. Il y aura "des révisions techniques" sur ce sujet par rapport à ce qui a été décidé le 21 juillet, a-t-il dit.

"Concernant l'implication du secteur privé, nous devons prendre en compte le fait que nous avons connu des changements depuis la décision du 21 juillet", a-t-il ajouté.

afp/mre/olhor


ATHENES RASSURE LES MARCHES

Athènes se veut rassurante face aux inquiétudes des marchés qui redoutent un défaut de paiement grec dans les prochaines semaines. Le gouvernement hellénique, qui attend toujours le prochain versement de l'aide internationale, a assuré mardi qu'il pouvait tenir jusqu'à la mi-novembre.

Le ministre des Finances Evangelos Venizelos a affirmé que l'Etat avait de quoi payer d'ici là les détenteurs d'obligations grecques et verser les salaires et retraites des salariés du public.

"Jusqu'à la mi-novembre, c'est clair qu'il n'y aura pas de problème", a-t-il expliqué mardi à son retour d'une réunion de l'Eurogroupe à Luxembourg.

Les ministres des Finances de la zone euro avaient laissé entendre tôt mardi matin qu'Athènes recevrait bien le prochain versement de huit milliards d'euros, mais annoncé que la décision ne serait prise que plus tard dans le mois.

Le gouvernement grec avait initialement averti qu'il risquait de se retrouver à court d'argent à la mi-octobre s'il ne recevait pas la nouvelle tranche du prêt de 110 milliards d'euros accordé en mai 2010 par l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) pour éviter une faillite du pays

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Le Fonds de secours pourrait être modifié

La réunion de lundi a permis de préciser la position de l'Eurogroupe sur un autre outil essentiel pour éviter la contagion de la crise de la dette: le Fonds de secours pour pays en difficulté (FESF), qui a servi à aider l'Irlande puis le Portugal.

La zone euro envisage d'accroître sa force de frappe afin de le rendre plus "efficace", comme le réclament avec insistance les Etats-Unis, mais refuse en revanche d'augmenter son volume, a indiqué Jean-Claude Juncker.

Un des moyens envisagés serait de recourir à l'effet de levier, un mécanisme financier fondé sur l'endettement afin de démultiplier sa capacité d'action.

Transformation en banque

Plusieurs scénarios circulent: le FESF pourrait se transformer en banque et s'approvisionner auprès du guichet de la Banque centrale européenne (BCE) sans aucune limite.

Il pourrait également jouer le rôle d'assureur auprès des détenteurs de titres de dette et couvrir leurs pertes à hauteur de 20-25% si un Etat faisait défaut ou encore, servir à garantir les rachats de dette publique de la BCE, une mission qu'elle remplit à contrecoeur et qu'elle souhaite vite abandonner.

Les options impliquant la BCE ne devraient pas être celles privilégiées par la zone euro, a précisé lundi soir Jean_Claude Juncker, sans donner plus de détails.

Plongée des bourses européennes

Les Bourses européennes ont accentué mardi leur plongeon, victimes des craintes d'une faillite de la Grèce et d'une nouvelle chute des valeurs bancaires. Les pertes des marchés européens ont été encore plus lourdes que la veille.

Paris a perdu 2,61%, Francfort 2,98%, Londres 2,58% et Milan 2,72% à la clôture. La Bourse d'Athènes s'est effondrée avec un recul de 6,28%, tombant à son plus bas niveau depuis 18 ans. La Bourse suisse a elle vu son indice SMI perdre 0,93%.

Quant aux indices de la Bourse de New York, ils évoluaient en ordre dispersé à la mi-séance, peinant à rebondir: le Dow Jones perdait 0,95% mais le Nasdaq gagnait 0,85%. Les marchés redoutent plus que jamais une aggravation de la crise de la dette grecque et son extension en zone euro.

Autre motif d'inquiétudes pour les investisseurs, la participation du secteur privé, essentiellement des banques, au deuxième plan d'aide à Athènes devrait être revue à la hausse afin de tenir compte de la dégradation de l'économie et des marchés européens.

Les craintes d'un retour en récession restent également très vives, en Europe comme aux Etats-Unis. Standard & Poor's a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour la zone euro, à 1,1% en 2012 contre 1,5% jusque-là.

De son côté l'euro a continué à pâtir de la crise de la dette. La devise européenne est restée très faible, oscillant autour de 1,32 dollar, après avoir atteint son plus bas niveau depuis neuf mois face au billet vert et depuis dix ans face au yen.