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La banque Dexia menacée de démantèlement

L'action de la banque franco-belge Dexia a perdu près de 30% de sa valeur mardi matin, à la Bourse de Paris. [Virginia Mayo]
L'action de la banque franco-belge Dexia a perdu près de 30% de sa valeur mardi matin, à la Bourse de Paris. - [Virginia Mayo]
La banque franco-belge Dexia, rattrapée par la crise trois ans après avoir échappé de peu à la faillite, semble aller tout droit vers un démantèlement qui ferait d'elle le premier établissement européen victime de la crise de la dette. Le gouvernement belge a annoncé mardi soir la création d'une "bad bank" qui couvre les actifs à risques.

Le gouvernement belge a annoncé mardi soir avoir approuvé la création d'une "bad bank" regroupant les actifs financiers à risques de la banque franco-belge Dexia en cours de démantèlement, qui pourra bénéficier des garanties de la France et de la Belgique.

"Il y a eu un accord (au sein du gouvernement belge) pour isoler les charges du passé, avec le cas échéant l'octroi de garanties des Etats belge et français afin de garantir l'activité de Dexia Banque Belgique", a déclaré le Premier ministre belge, Yves Leterme, à l'issue d'une réunion de ses principaux ministres.

En début de journée, la perspective d'un scénario catastrophe voyant le démantèlement de la banque avait affolé les investisseurs. Après avoir fondue de plus d'un tiers de sa valeur dans les premiers échanges à la Bourse de Paris mardi matin, l'action du groupe a fini la séance en chute libre de 22,46%, à 1,01 euro.

Malgré la restructuration menée à marche forcée depuis 2010 sous l'impulsion de la Commission européenne, Dexia a été rattrapé par l'aggravation de la crise de la dette.

Une banque déjà menacée en 2008

L'importante réduction de son bilan et de ses besoins en liquidités à court terme n'ont pas suffi à rendre son équilibre à l'établissement, à la merci d'une fermeture des robinets du financement comme en 2008, quand seule l'intervention des Etats français, belge et luxembourgeois l'avaient sauvé.

A l'issue d'un conseil d'administration marathon de six heures réuni lundi soir à Bruxelles, la banque a laissé présager un nouveau virage stratégique en ouvrant la voie, dans un communiqué sibyllin, à de nouvelles cessions et alliances pour résoudre ses "problèmes structurels".

Isoler les actifs à risque

Le conseil d'administration a mandaté l'administrateur délégué Pierre Mariani pour "préparer, en concertation avec les Etats et les autorités de contrôle, les mesures nécessaires pour résoudre (ces) problèmes".

Plus directs, l'hebdomadaire Le Point évoque sur son site internet une "vente à la découpe", le quotidien Le Figaro annonçant de son côté une "liquidation ordonnée". "C'est la première banque qui est réellement impactée par la crise actuelle. Elle a toujours été fragile de part ses actifs beaucoup trop nombreux", a commenté Dov Adjedj, vendeur d'actions chez Aurel.

Dexia laisse notamment entendre qu'il va sans doute isoler, à l'extérieur du périmètre de la banque, le portefeuille d'actifs à risque dont il cherche à se délester depuis des années et qui "pèse structurellement sur le groupe", du haut de ses 95 milliards d'euros. Au-delà, le conseil souhaite "ouvrir de nouvelles perspectives de développement" aux filiales française et belge.

La banque pointée du doigt

Trop d'actifs, trop de prêts à long terme pour trop peu de dépôts, Dexia présente pour les marchés un profil trop risqué. Tour à tour, les agences de notation Fitch, la semaine dernière, puis Moody's, lundi, avaient tiré la sonnette d'alarme, craignant les conséquences du tarissement des sources de refinancement de Dexia.

Le conseil d'administration a acté cette impasse et ouvert la porte à des cessions en chaîne pour desserrer l'étau des marchés, jusqu'à parvenir à un modèle viable, peut-être réduit non pas à deux pays mais à un seul. Le Figaro évoque la vente de la filiale turque Denizbank, de l'activité de gestion d'actifs, de banque privée mais aussi de la branche de banque de détail en Belgique, appuyée sur le vieux Crédit communal de Belgique, né il y a 151 ans.

Reste à trouver des acheteurs pour ces actifs dans un contexte extrêmement défavorable, où les concurrents de Dexia cherchent plutôt à réduire leur bilan et à se désengager de certaines activités. L'opération pourrait, dès lors, nécessiter le soutien des Etats.

agences/eai/olhor


LA FRANCE ET LA BELGIQUE SOUTIENNENT DEXIA

Les banques centrales de Belgique et de France "soutiennent pleinement" le groupe bancaire franco-belge Dexia, au bord du démantèlement, a affirmé mardi la Banque nationale de Belgique (BNB).

"Les deux banques centrales suivent de près la situation financière de Dexia depuis un certain temps. Elles se concertent avec les autorités belges et françaises et soutiennent les mesures structurelles élaborées par le groupe", a indiqué la BNB dans un communiqué, en insistant "sur le fait que l'épargne des clients de Dexia Banque Belgique est parfaitement sécurisée et qu'il n'y a aucune raison pour ses clients d'effectuer des retraits".

Plus tôt dans la journée, le ministre belge des Finances Didier Reynders a réaffirmé que Paris et Bruxelles pourraient intervenir si nécessaire et venir en aide à la banque Dexia, dont le démantèlement est de plus en plus fortement évoqué.

Interrogé de son côté, le ministre français des Finances, François Baroin, a assuré mardi à Luxembourg que son pays et la Belgique seraient présents aux côtés de Dexia "comme en 2008".

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Plongée des bourses européennes

Les Bourses européennes ont accentué mardi leur plongeon, victimes des craintes d'une faillite de la Grèce et d'une nouvelle chute des valeurs bancaires. Les pertes des marchés européens ont été encore plus lourdes que la veille.

Paris a perdu 2,61%, Francfort 2,98%, Londres 2,58% et Milan 2,72% à la clôture. La Bourse d'Athènes s'est effondrée avec un recul de 6,28%, tombant à son plus bas niveau depuis 18 ans. La Bourse suisse a elle vu son indice SMI perdre 0,93%.

Quant aux indices de la Bourse de New York, ils évoluaient en ordre dispersé à la mi-séance, peinant à rebondir: le Dow Jones perdait 0,95% mais le Nasdaq gagnait 0,85%. Les marchés redoutent plus que jamais une aggravation de la crise de la dette grecque et son extension en zone euro.

Autre motif d'inquiétudes pour les investisseurs, la participation du secteur privé, essentiellement des banques, au deuxième plan d'aide à Athènes devrait être revue à la hausse afin de tenir compte de la dégradation de l'économie et des marchés européens.

Les craintes d'un retour en récession restent également très vives, en Europe comme aux Etats-Unis. Standard & Poor's a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour la zone euro, à 1,1% en 2012 contre 1,5% jusque-là.

De son côté l'euro a continué à pâtir de la crise de la dette. La devise européenne est restée très faible, oscillant autour de 1,32 dollar, après avoir atteint son plus bas niveau depuis neuf mois face au billet vert et depuis dix ans face au yen.

La Caisse française des dépôts réagit

La Caisse française des dépôts (CDC, bras financier de l'Etat) et la Banque Postale (établissement public français) travaillent à la reprise d'une partie des activités de financement et du portefeuille de crédits aux collectivités de la banque franco-belge Dexia, a indiqué mardi l'entourage de la CDC.

La CDC souhaite "la pérennisation dans les meilleures conditions d'un financement des collectivités locales", a-t-on précisé, en indiquant que le directeur général de la Caisse, Augustin de Romanet, s'attachait à formaliser un projet "dans les meilleurs délais, sans doute dans les prochains jours".

"En tant qu'actionnaire de La Poste, la Caisse des dépôts est, aussi, convaincue que la Banque Postale a un rôle important à jouer dans ce domaine", a également fait valoir l'entourage de la CDC.

Le portefeuille de prêts aux collectivités locales françaises de la banque Dexia pèse environ 70 milliards d'euros.