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La BCE vient en aide aux banques

Jean-Claude Trichet a annoncé jeudi plusieurs mesures pour aider les banques à se refinancer. [Clemens Bilan]
Jean-Claude Trichet a annoncé jeudi plusieurs mesures pour aider les banques à se refinancer. - [Clemens Bilan]
Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a annoncé jeudi une série d'opérations exceptionnelles pour aider les banques de la zone euro à se refinancer. Il les a aussi enjoint de renforcer leurs bilans.

L'institution de Francfort prévoit deux opérations de refinancement à volume illimité sur environ un an, en octobre et décembre. C'est un instrument exceptionnel qu'elle n'avait plus sollicité depuis décembre 2009. Jean-Claude Trichet a également annoncé une relance du programme de rachat d'obligations sécurisées, ce dernier pour un montant total de 40 milliards d'euros entre novembre 2011 et octobre 2012.

Les obligations sécurisées sont pour l'essentiel des titres adossés à des biens immobiliers, et indispensables à la survie de nombreuses banques spécialisées en Europe. La BCE avait conduit un programme d'achat similaire entre juillet 2009 et juin 2010 pour un montant total de 60 milliards d'euros.

Prêts illimités à taux fixe

Elle va également maintenir "aussi longtemps que possible" ou en tout cas au moins jusqu'au 10 juillet 2012, ses actuels prêts hebdomadaires, sans limite de montant et à taux fixe, a annoncé Jean-Claude Trichet lors d'une conférence de presse.

Avant la crise ces opérations étaient d'un montant limité, et à taux variable. Entre janvier et fin juin 2012, six opérations de prêts sur trois mois ont été annoncées, dans les mêmes conditions généreuses que les prêts sur une semaine.

Les gouverneurs de la BCE ont par contre maintenu sans grande surprise à 1,5% son taux directeur, étalon du crédit en zone euro.

Le but de l'ensemble de ces opérations est "d'assurer que les banques de la zone euro ne soient pas limitées en ce qui concerne les liquidités", a dit le Français qui présidait pour la dernière fois cette conférence de presse. La BCE "enjoint les banques de faire tout ce qui est nécessaire pour renforcer leurs bilans", en utilisant pour cela leurs bénéfices, ou en versant des salaires "modérés".

Les annonces de la BCE ont manifestement laissé sur leur faim les principaux marchés européens qui ont ralenti leur hausse dans la foulée.

La Commission européenne pour une recapitalisation

Plus tôt dans la journée, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso avait confirmé qu'il proposait "une action coordonnée" en Europe pour recapitaliser les banques afin de les débarrasser de leurs actifs toxiques. Cette annonce, qui répond à une demande formulée mercredi par la chancelière Angela Merkel, avait plu aux marchés, faisant notamment grimper les Bourses de Paris et Francfort au-dessus de 2% en milieu de matinée.

Angela Merkel Et Juan Manuel Barroso étaient à Bruxelles mercredi pour une réunion de la Commission européenne. [Francois Lenoir]
Angela Merkel Et Juan Manuel Barroso étaient à Bruxelles mercredi pour une réunion de la Commission européenne. [Francois Lenoir]

Les banques devraient également être évoquées lors d'une rencontre dans l'après-midi à Berlin du gratin de la finance mondiale. Autour d'Angela Merkel se presseront la directrice générale du FMI Christine Lagarde, le ministre français de l'Economie François Baroin ou encore le président de la Banque Mondiale Robert Zoellick, sans oublier Jean-Claude Trichet.

Officiellement, le sommet porte sur la réforme du système monétaire international, voulue par la France qui préside actuellement le groupe des pays les plus riches du monde (G20), et qui conteste l'hégémonie mondiale du dollar.

Mais les participants pourront difficilement faire l'impasse sur la crise de la dette en zone euro, alors que mercredi le secrétaire d'Etat américain au Trésor Timothy Geithner a une nouvelle fois appelé les Européens "à en faire plus" avant qu'elle ne se propage au monde entier.

La Grèce au menu

La recapitalisation annoncée des établissements européens leur permettrait notamment d'affronter une nouvelle décote de leurs titres de dette grecque, au-delà des 21% qu'ils ont déjà accepté de perdre sur leur mise auprès d'Athènes.

L'urgence pour la Grèce, qui a connu mercredi une nouvelle journée de grèves et de manifestations, n'est toutefois pas cette décote, mais la reprise des versements de l'aide internationale. Celle-ci est suspendue au verdict des envoyés spéciaux de la BCE, de l'UE et du FMI, qui dissèquent actuellement les progrès de la Grèce sur la voie des réformes. Outre cette "troïka", la Grèce verra arriver jeudi le ministre allemand de l'Economie Philipp Rösler.

En Allemagne, première contributrice aux plans d'aide européens, l'opinion publique est lasse des sauvetages à répétition. Jeudi, le tabloïd Bild, le plus lu du pays et le plus virulent contre Athènes, lançait cet appel: "Arrêtez-donc de tout casser, bande de Grecs fauchés!".

agences/hof/eai

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Le FMI favorable à une baisse du taux directeur de la BCE

Le Fonds monétaire international a indiqué jeudi qu'il était favorable à une baisse du taux d'intérêt directeur de la Banque centrale européenne, alors que l'institution de Francfort venait d'annoncer sa décision de le laisser inchangé.

"Nous estimons qu'il y a actuellement la place pour une réduction des taux directeurs", a déclaré lors d'un point de presse à Washington un porte-parole du Fonds, David Hawley, interrogé sur cette décision de la BCE.

Le FMI avait annoncé mercredi qu'une récession mondiale en 2012 ne pouvait être exclue. "Nous tablons toujours sur une croissance en 2012, même très modeste, mais l'activité pourrait se retourner. Un risque de récession n'est donc pas à exclure", avait admis mercredi à Bruxelles Antonio Borges, directeur Europe au FMI lors d'une conférence de presse.

L'Europe voit poindre la menace d'une nouvelle récession économique, la deuxième en trois ans, les politiques de rigueur budgétaire imposées partout par la crise de la dette ajoutant un poids supplémentaire sur une activité économique déjà atone.

Le titre Dexia suspendu en bourse

Le titre de la banque franco-belge Dexia, coté à la Bourse de Paris et de Bruxelles, a été suspendu jeudi après-midi à la demande du régulateur belge qui attend davantage de précisions sur la reprise de la branche luxembourgeoise de l'établissement.

Un investisseur international est "prêt à reprendre la branche luxembourgeoise" de Dexia, Dexia BIL, présente dans la banque de détail et la gestion d'actifs, a annoncé jeudi le ministre luxembourgeois des Finances, Luc Frieden. Selon les quotidiens économiques belges L'Echo et De Tijd, il s'agirait du fonds souverain du Qatar.

Alors que l'option d'une nationalisation de la branche belge de Dexia a été évoquée par plusieurs médias belges, la banque a par ailleurs indiqué dans la journée n'avoir été informée d'aucune décision sur son avenir en Belgique