Le ministre de l'Economie polonais, Jan Vincent-Rostowski, a affirmé que les grandes banques européennes devront augmenter leur fonds propres à hauteur de 9% de leurs investissements risqués d'ici juin 2012, selon l'accord trouvé par les 27 membres de l'Union européenne mercredi.
Les 17 chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro devaient ensuite se retrouver pour un dîner de travail. Selon le gouvernement français, deux sujets principaux restaient à négocier mercredi: d'une part, le renforcement du Fonds européen de stabilité financière -d'une capacité actuelle de 440 milliards d'euros-, et d'autre part, le niveau de restructuration de la dette grecque.
Un montant estimé à 108 milliards
Selon l'accord trouvé en début de soirée, "les banques devront faire appel en priorité à des sources de capital privées, y compris par des restructurations et la conversion de dette en capital". Le texte ajoute qu'en attendant que l'objectif de 9% soit atteint, "les banques devraient être sujettes à certaines contraintes concernant la distribution de dividendes et le paiement de primes".
Le document ne mentionne pas en revanche le montant total de la recapitalisation des banques, évalué à 108 milliards d'euros selon des sources européennes. Ce chiffre "sera annoncé en temps utile par les autorités européennes", a précisé le ministre polonais des Finances, Jacek Rostowski, devant la presse.
Ce montant dépendra en effet du niveau de la dette grecque qui sera effacé par les banques, qui faisait encore l'objet de négociations mercredi. Les banques renâclent à accepter des pertes supérieures à 50%.
Réunion de tous les dangers
La nuit promet d'être longue pour les dirigeants des dix-sept pays de la seule zone euro qui doivent trouver un accord pour stabiliser la Grèce en convainquant les banques créancières de renoncer à la moitié au moins de la dette qu'elle détiennent -100 milliards d'euros environ - et d'empêcher la contagion de l'incendie à l'Italie via un renforcement du pare-feu de la zone euro.
Et là, selon des diplomates, les choses s'annoncent beaucoup plus compliquées, alors même que le monde entier attend des actes. Si rien ne solide ne sort du sommet, il y a un risque de "massacre jeudi sur les marchés boursiers", a confié un diplomate. "Ce soir ou cette nuit, en tout cas avant l'ouverture des marchés demain, c'est primordial que ça réussisse", s'est inquiété le chef du gouvernement belge Yves Leterme.
Problème: les négociations avec les banques créancières de la Grèce ne sont pas encore bouclées car ces dernières renâclent à accepter des pertes supérieures à 50%, comme le demandent les gouvernements.
Feu vert de Berlin
Le Parlement allemand a donné mercredi un signal positif très attendu, quelques heures avant l'ouverture du sommet. Les députés ont voté à 503 voix contre 89, et quatre abstentions, en faveur d'un renforcement de 440 milliards d'euros du Fonds européen de stabilité financière (FESF). Une décision qui renforce la position d'Angela Merkel.
Lors d'un discours avant le vote, la chancelière avait prévenu que le monde entier observait si l'Europe et l'Allemagne prenaient leurs responsabilités face "à la crise la plus grave que l'Europe ait connue depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale".
Les détails du renforcement du Fonds de secours financier de la zone euro, principal instrument pour éviter la contagion, restent encore flous et l'Allemagne refuse qu'on force la main à la BCE pour qu'elle continue à aider l'Italie et l'Espagne.
ap/afp/sbo
Les pays émergents proposent leur aide
Les pays émergents et notamment la Chine sont d'accord pour participer à un fonds de secours européen via le Fonds monétaire international (FMI), selon une source non identifiée "proche des décideurs européens" citée mercredi par le China Daily.
Selon cette source, "l'accord (des émergents) pourrait être inclus dans le document final du sommet des dirigeants européens", si le sommet de Bruxelles décide d'ouvrir ce fonds à des investisseurs externes privés et publics, précise le journal de langue anglaise.
Des informations impossibles à vérifier de source officielle à Pékin. La Chine garde en effet le plus grand secret sur la façon dont elle utilise ses colossales réserves de change, qui dépassaient fin septembre 3200 milliards de dollars.
La France serait en tout cas favorable à ce que la Chine apporte son aide à la zone euro. Le président français Nicolas Sarkozy "va téléphoner" jeudi au président Hu Jintao à ce sujet, a indiqué une source gouvernementale s'exprimant sous couvert de l'anonymat.
En participant à un fonds de secours européen, "la Chine et les autres pays émergents pourraient devenir plus influents au sein du système financier mondial avant le sommet du G20" les 3 et 4 novembre à Cannes (France), estime encore le China Daily.
Le Fonds européen de stabilité financière (FESF), a pour le moment une capacité de 440 milliards d'euros, jugée insuffisante pour faire face à une contagion de la crise à une grosse économie comme l'Italie, dans le viseur des marchés.
Il doit être renforcé soit en lui en permettant d'assurer la dette émise par des pays européens soit par un élargissement des moyens mis à sa disposition, notamment en faisant appel à des investisseurs externes.
Dans ce cas, la Chine, qui détiendrait déjà quelque 500 milliards de dollars de dette souveraine européenne, selon des experts français et allemands s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, serait bien placée pour investir dans le FESF.