L'évolution traduit le ralentissement économique en cours depuis le deuxième trimestre 2011, a indiqué vendredi l'Institut de macroéconomie appliquée (Créa) de l'Université de Lausanne. Selon lui, la Suisse pourrait tomber en récession dès la fin de l'année.
Si le Créa prévoit une contraction du PIB de 0,4% pour 2012, tous les instituts ne sont pas aussi pessimistes. A titre de comparaison, le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) prévoit pour l'an prochain une hausse du PIB de 0,9%, UBS de 1,3% et le KOF de 1,5% (lire ci-contre). Credit Suisse se montre le plus optimiste, avec une anticipation de 2%.
Exportations à la peine
Face aux perspectives très maussades pour l'économie mondiale et la persistance de la crise de la dette dans la zone euro, d'autres révisions à la baisse ne sont pas à exclure. Depuis l'été, le pessimisme a gagné les économistes de la plupart des instituts.
Les exportations ont été les premières à subir les effets du ralentissement, constate le Créa. Plus que la surévaluation du franc, c'est le repli de la demande étrangère qui pèse sur les exportations helvétiques, selon lui. Les livraisons à l'étranger ont reculé au 3e trimestre pour la première fois depuis 2009.
Au fil des mois, "il n'y a guère que l'horlogerie qui tire son épingle du jeu", relève l'institut. Ce secteur, dont la majorité des emplois se trouve dans l'Arc jurassien, ne représente toutefois que 10% du total des exportations, ajoute le Créa.
Tournant de l'été
Le climat de consommation s'est fortement dégradé pendant l'été et les ménages suisses semblent très préoccupés par l'évolution de l'économie, fait également remarquer l'institut. Un renversement de tendance dans l'industrie a aussi été observé pendant les mois d'été.
Alors que l'industrie avait bien résisté au premier semestre, la situation s'est brusquement détérioré au cours des mois récents, poursuit le Créa. Selon divers sondages, seulement 10% des grandes entreprises restent optimistes, rapporte l'institut.
Le marché du travail est le seul pour l'instant à conserver une certaine stabilité. L'emploi ne devrait toutefois pas échapper à la contraction de l'activité économique. La progression du chômage devrait cependant rester limitée.
Long rétablissement
Selon les attentes du Créa, le taux de chômage n'augmentera pas au-delà de 3,5%. Pour rappel, il s'établissait à fin septembre à 2,8%. Le recours au chômage partiel, comme en 2009, devrait limiter la hausse. Après la récession, il faudra un long moment à l'économie helvétique pour se rétablir. Le Créa table sur une croissance de 0,7% en 2013. Pour mémoire, la Suisse a connu l'an dernier une vive croissance économique, avec une hausse de 2,7% de son PIB.
ats/pima
Pas de récession, selon le KOF
Tout comme le Créa, le KOF prévoit un net ralentissement de l'économie suisse au cours des prochains mois. Le baromètre conjoncturel de l'institut zurichois a de nouveau sensiblement reculé en octobre, subissant une nouvelle chute de 0,41 point pour se fixer à 0,80.
Aucune récession n'est cependant à prévoir dans les prochains mois, indique le Centre de recherches conjoncturelles de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) vendredi dans un communiqué.
Le baromètre du KOF avait déjà connu un recul notable en août et en septembre. L'institut élabore son baromètre sur la base de plusieurs modules et sous-modules, parmi lesquels figurent la construction, l'industrie ou encore la consommation.