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L'Italien Mario Draghi prend la tête de la BCE

mario draghi [Axel Schmidt]
Mario Draghi a déjà connu de nombreuses situations de crises lorsqu'il était gouverneur de la Banque d'Italie. - [Axel Schmidt]
L'Italien Mario Draghi succède mardi au Français Jean-Claude Trichet à la tête de la Banque centrale européenne (BCE) à l'heure où la crise de la dette suscite des interrogations sur le rôle de l'institution financière, engagée dans une politique de rachat des obligations de pays en difficulté de la zone euro pour éviter la contagion.

Depuis le mois d'août, la BCE s'est écartée de sa mission traditionnelle de lutte contre l'inflation en rachetant de la dette de l'Italie et de l'Espagne pour éviter aux deux pays une explosion de leurs coûts d'emprunt sur les marchés.

La banque souhaite désormais que les gouvernements prennent le relais, via le Fonds européen de stabilité financière (FESF) doté 440 milliards d'euros. Toutefois, la puissance de feu du FESF est en l'état jugée insuffisante, et si sa capacité d'intervention doit être portée à 1000 milliards d'euros, les modalités de ce renforcement restent encore vagues.

Jean-Claude Trichet, président de la Banque Centrale Européenne. [Thomas Peter- Reuters]
Jean-Claude Trichet, président de la Banque Centrale Européenne. [Thomas Peter- Reuters]

La semaine dernière, Mario Draghi a présenté comme "temporaires", les "mesures extraordinaires" prises ces derniers mois par la BCE pour contenir la crise.

Draghi, 64 ans, possède une solide expérience tant de négociateur que des situations de crise. Diplômé de l'université de La Sapienza à Rome en 1970 et de l'Institut de technologie du Massachusetts (MIT) en 1977, il est passé par la Banque mondiale (1984-90) avant de devenir directeur général du Trésor italien (1991-2001), chargé des privatisations.

Vice-président pour l'Europe de la banque d'affaires américaine Goldman Sachs de 2002 à 2005, il avait été nommé fin 2005 gouverneur de la Banque d'Italie par le gouvernement de Silvio Berlusconi. Mario Draghi était en poste au Trésor italien au moment où l'Italie s'est retrouvée en 1992 au bord du défaut de paiement en raison déjà du poids de sa dette.

Discret et pragmatique

Le pays avait été exclu du mécanisme de taux de change européen, prélude à l'euro. L'Italie s'en est sortie en prenant des mesures d'austérité. Et Mario Draghi, habitué des réunions des ministres des Finances européens et internationaux, a aidé à négocier le retour de son pays dans le projet de l'euro.

En tant que patron de la Banque centrale italienne, il a siégé au conseil des gouverneurs de la BCE, dont il est resté l'un des membres les plus discrets, laissant à d'autres le soin de s'exprimer publiquement sur la politique de taux de l'institution.

Selon les économistes, son action montre qu'il soutient clairement la mission de la BCE telle que définie par le traité de Maastricht: faire de la lutte contre l'inflation la priorité. Toutefois, comme Jean-Claude Trichet, il s'est aussi faire preuve de pragmatisme.

ap/rber

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