Depuis le mois d'août, la BCE s'est écartée de sa mission traditionnelle de lutte contre l'inflation en rachetant de la dette de l'Italie et de l'Espagne pour éviter aux deux pays une explosion de leurs coûts d'emprunt sur les marchés.
La banque souhaite désormais que les gouvernements prennent le relais, via le Fonds européen de stabilité financière (FESF) doté 440 milliards d'euros. Toutefois, la puissance de feu du FESF est en l'état jugée insuffisante, et si sa capacité d'intervention doit être portée à 1000 milliards d'euros, les modalités de ce renforcement restent encore vagues.
La semaine dernière, Mario Draghi a présenté comme "temporaires", les "mesures extraordinaires" prises ces derniers mois par la BCE pour contenir la crise.
Draghi, 64 ans, possède une solide expérience tant de négociateur que des situations de crise. Diplômé de l'université de La Sapienza à Rome en 1970 et de l'Institut de technologie du Massachusetts (MIT) en 1977, il est passé par la Banque mondiale (1984-90) avant de devenir directeur général du Trésor italien (1991-2001), chargé des privatisations.
Vice-président pour l'Europe de la banque d'affaires américaine Goldman Sachs de 2002 à 2005, il avait été nommé fin 2005 gouverneur de la Banque d'Italie par le gouvernement de Silvio Berlusconi. Mario Draghi était en poste au Trésor italien au moment où l'Italie s'est retrouvée en 1992 au bord du défaut de paiement en raison déjà du poids de sa dette.
Discret et pragmatique
Le pays avait été exclu du mécanisme de taux de change européen, prélude à l'euro. L'Italie s'en est sortie en prenant des mesures d'austérité. Et Mario Draghi, habitué des réunions des ministres des Finances européens et internationaux, a aidé à négocier le retour de son pays dans le projet de l'euro.
En tant que patron de la Banque centrale italienne, il a siégé au conseil des gouverneurs de la BCE, dont il est resté l'un des membres les plus discrets, laissant à d'autres le soin de s'exprimer publiquement sur la politique de taux de l'institution.
Selon les économistes, son action montre qu'il soutient clairement la mission de la BCE telle que définie par le traité de Maastricht: faire de la lutte contre l'inflation la priorité. Toutefois, comme Jean-Claude Trichet, il s'est aussi faire preuve de pragmatisme.
ap/rber