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Le taux directeur de la BCE passe de 1,5% à 1,25%

Le siège de la BCE à Francfort. [Daniel Roland]
Le taux directeur de la BCE a été abaissé de 1,5% à 1,25%. Une annonce qui a surpris les économistes. - [Daniel Roland]
La Banque centrale européenne (BCE) a décidé jeudi de baisser son principal taux directeur à 1,25% face aux menaces de récession économique, mais s'est une nouvelle fois refusée à jouer les remparts contre la contagion de la crise de la dette dans la zone euro.

Economistes et marchés attendaient un geste fort de sa part en réaction à la crise qui secoue la région, mais pas sur son taux directeur dès ce mois-ci.

La BCE fait ainsi marche arrière cinq mois à peine après avoir augmenté le baromètre du crédit dans la zone euro de 25 points de base à 1,50%, et ce alors que l'inflation atteint 3% dans cette zone, bien au-delà de son objectif de maintenir la hausse des prix sous le seuil de 2% à moyen terme.

Le soulagement a été immédiat sur les Bourses européennes qui ont brusquement accéléré leurs gains après cette annonce. "C'est un soulagement que la BCE semble avoir laissé tomber ses inquiétudes sur des pseudo-pressions inflationnistes", a commenté Jennifer McKeown, économiste chez Capital Economics.

Son nouveau président depuis mardi, l'Italien Mario Draghi, s'est montré davantage alarmiste pour la croissance. L'économie de la zone euro est affectée par des "risques" et des "incertitudes particulièrement grandes et persistantes", a-t-il déclaré au cours de sa première conférence de presse mensuelle.

Il a jugé "très probable une révision à la baisse significative des prévisions de croissance en 2012" de la BCE en décembre. En septembre la BCE avait déjà abaissé sa prévision de croissance pour 2012 à 1,3%, contre 1,7% précédemment.

Pas "d'aide extérieure" pour les gouvernements

Dans le même temps, Mario Draghi a dit que l'inflation dans la zone euro restait "élevée" mais qu'elle allait "diminuer au cours de l'année 2012, sous les 2%" conformément à l'objectif de moyen terme de la BCE.

mario draghi [Axel Schmidt]
mario draghi [Axel Schmidt]

En revanche, Mario Draghi a douché les espoirs des économistes et des marchés de voir la BCE endosser le rôle de chevalier blanc de la zone euro, pour empêcher un emballement de la crise de la dette.

Déjà, l'Italie et l'Espagne subissent une forte hausse de leurs taux d'emprunt. Une évolution que les incertitudes sur l'avenir de la Grèce au sein de la zone euro risquent de creuser.

La BCE achète depuis le printemps 2010 de la dette publique sur le marché secondaire, où circulent les titres déjà émis, pour tenter de freiner l'envolée des taux des pays en difficulté. Mais elle s'est toujours refusée à faire des achats de grande ampleur et attend désormais que le fonds de secours européen (FESF) prenne son relais dans ce domaine.

Les gouvernements ne doivent pas "compter sur une aide extérieure", mais sur "leur capacité à se réformer eux-mêmes", a-t-il déclaré, ajoutant: "Personne ne peut nous obliger (à augmenter ces achats). Nous sommes indépendants".

"La BCE n'est pas la Fed ni la Banque d'Angleterre"

Selon le journal allemand Die Welt à paraître vendredi, la France, l'Italie, la Commission européenne et les Etats-Unis, à Cannes veulent que la BCE aille encore plus loin en s'inspirant de la Réserve fédérale américaine.

Agir comme la Fed reviendrait à acheter de la dette des Etats sur le marché primaire, c'est-à-dire dès son émission. Une éventualité que l'Allemagne a immédiatement refusée parce que cela reviendrait à créer de la monnaie, et donc à encourager l'inflation.

"La BCE n'est pas la Fed ni la Banque d'Angleterre" et "la méthode américaine d'utiliser la Fed comme "puissance de feu2 n'est pas la méthode que l'on peut suivre en Europe", a déclaré à l'AFP une source gouvernementale allemande à Cannes. Après la conférence de presse Mario Draghi a pris l'avion pour Cannes où il doit participer aux discussions.

agences/pbug/mre

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A quoi sert le taux directeur?

Le principal taux directeur de la Banque centrale européenne (BCE) est un outil financier qui lui permet d'influer sur l'octroi de crédits et de contrôler l'évolution des prix en zone euro.

Cet instrument est utilisé pour alimenter les banques en liquidités. Il est un véritable baromètre du coût du crédit dans les 17 pays de la zone euro. Ainsi, les banques qui veulent se refinancer peuvent le faire en payant un intérêt sur la somme qu'elles empruntent auprès des banques centrales de leurs pays respectifs. Cet intérêt est calculé d'après le taux directeur de la BCE. Les banques répercutent ensuite, en principe, ce loyer sur les intérêts des crédits qu'elles accordent à leurs propres clients.

Plus le taux de la BCE est bas, plus le coût du crédit a des chances d'être bon marché ce qui, en théorie, favorise la croissance mais peut aussi mener à une inflation. A l'inverse, une hausse du taux du crédit permet théoriquement de ralentir la demande et par conséquent d'éviter une inflation.

En abaissant son taux directeur, la BCE a jugé jeudi que les risques d'étouffement de la croissance étaient plus importants que ceux d'une flambée des prix. Elle a donc effectué cette modification.