"Les priorités (du Japon) résident dans la mise en place rapide des dépenses de reconstruction et dans l'adoption d'un solide plan à moyen terme pour réduire sa dette publique", a déclaré Christine Lagarde dans un communiqué.
Le Japon reste toutefois pour l'instant protégé des tensions pesant sur les pays européens, car sa dette est possédée à plus de 95% par des investisseurs nippons. Et aussi parce que le Japon dispose des deuxièmes réserves de change mondiales.
"Aucun pays n'est à l'abri, qu'il soit développé ou émergent, quelle que soit sa distance" de l'Europe. "Le Japon n'est pas plus à l'abri que d'autres", a toutefois prévenu la directrice du FMI lors d'une conférence de presse à Tokyo. Elle a rappelé que la contagion de la crise de la dette s'effectue par deux biais principaux: "la voie commerciale et la voie financière".
Au sujet de la voie commerciale, le Japon "pourrait clairement être exposé si d'importants pays clients connaissaient de graves difficultés". Quant à la voie financière, "nous avons constaté que les institutions bancaires, les compagnies d'assurance et le secteur financier en général sont des accélérateurs de la contagion", a-telle noté.
Rallonges budgétaires suite au séisme
Le déficit public du Japon, financé à 40% par l'émission d'obligations, risque toutefois de gonfler à cause du vote de rallonges budgétaires. Elles totalisant plus de 100 milliards d'euros pour financer la reconstruction du nord-est de l'archipel dévasté le 11 mars par un séisme, un tsunami et l'accident nucléaire qui a suivi.
Christine Lagarde a été interrogée sur l'intervention unilatérale sur le marché des changes menées par les autorités japonaises le 31 octobre pour entraver la flambée du yen. Selon elle, il est "plus efficace d'intervenir de façon coordonnée" avec les autres puissances économiques.
Elle a ajouté immédiatement: "Nous savons que l'intervention japonaise a été réalisée dans l'idée d'éviter un désordre et une volatilité excessive sur les marchés, dans l'esprit des communiqués et déclarations du G7 à ce sujet".
Selon la presse nippone, Tokyo a vendu entre 6000 et 10'000 milliards de yens (entre 70 et 116 milliards de francs) contre des dollars, du jamais vu en une seule journée. Christine Lagarde a terminé samedi une visite de deux jours à Tokyo où elle a rencontré notamment le ministre des Finances Jun Azumi, et le gouverneur de la Banque du Japon Masaaki Shirakawa. Le Japon est le deuxième plus important contributeur du FMI, après les Etats-Unis.
ats/mre
La note de la Hongrie dégradée
L'agence de notation Standard and Poor's (S&P) a placé la note souveraine de la Hongrie (BBB-) "sous surveillance négative", a indiqué l'agence samedi matin. "A cause de la hausse des risques qui affectent la crédibilité financière de la Hongrie comme la dégradation de l'environnement économique et financier extérieur, S&P a placé la dette hongroise BBB- sous surveillance négative", a indiqué l'agence de notation.
S&P a estimé que l'environnement économique et politique hongrois est devenu "imprévisible à cause de l'affaiblissement des organes de supervision et à cause de certaines décisions concernant les recettes budgétaires qui auront des effets négatifs sur la croissance hongroise et les finances de l'Etat".
La mise "sous surveillance négative" est une mesure plus sévère que la "perspective négative" d'une agence de notation: elle laisse entendre une baisse imminente de la note souveraine d'un pays et S&P annonce une décision d'ici quelques semaines.
La décision de S&P arrive au lendemain de l'annonce d'une autre agence de notation, Fitch, qui a indiqué avoir ramené de "stable" à "négative" sa perspective de la note souveraine hongroise. La Hongrie n'appartient pas à la zone euro, qui regroupe 17 des 27 pays de l'UE, et est elle-même en pleine crise de la dette.