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Crise de la dette: personne n'est à l'abri, dit Moody's

Moody's provoque bien des remous. [Mark Lennihan/Keystone]
Au vu des événements des dernières semaines, Moody's précise devoir considérer "la probabilité d'un scénario encore plus négatif". - [Mark Lennihan/Keystone]
L'aggravation rapide de la crise de la dette dans la zone euro menace les notes de solvabilité de l'ensemble des Etats européens, a averti dimanche Moody's. Même les pays les plus solides ne sont pas à l'abri d'un abaissement de note, a relevé l'agence d'évaluation financière américaine.

Dans un "commentaire spécial" sur les pays européens publié dimanche, l'agence indique qu'elle considère toujours que la zone euro maintiendra son unité sans autre défaillance que celle de la Grèce, mais note que même ce "scénario 'positif' est porteur de conséquences très négatives pour les notes" des pays européens.

Personne n'est à l'abri

L'agence, qui a récemment averti que la France pourrait perdre son "triple A" lui permettant d'emprunter à des taux avantageux sur les marchés, signale ainsi clairement qu'aucun pays, même parmi ceux jugés les plus solides, comme les Pays-Bas, l'Autriche, la Finlande, voire l'Allemagne, n'est à l'abri d'un abaissement de note. "L'aggravation ininterrompue de la crise de la dette publique et des banques de la zone euro menace la qualité de crédit de tous les pays européens", écrit-elle.

"Alors que la zone euro dans son ensemble possède une force économique et financière énorme, la faiblesse de ses institutions continue d'entraver la résolution de la crise et de peser sur les notes" attribuées à la dette de ses pays membres, ajoute-t-elle. "En l'absence de mesures politiques qui stabiliseraient la situation des marchés à court terme ou de stabilisation de ces marchés pour toute autre raison, le risque de crédit (associé au pays européens) va continuer de monter", estime l'agence.

Alors que des pays comme l'Italie ou la Hongrie peinent de plus en plus à se financer à des taux viables sur les marchés, Moody's écrit que "l'élan politique pour mettre en oeuvre une solution efficace à la crise pourrait n'être trouvé qu'après une série de chocs, ce qui pourrait mener davantage de pays à se voir privés d'accès aux marchés du financement pour une période prolongée".

Moody's n'exclut pas "un scénario encore plus négatif"

L'agence fait là référence aux pays comme l'Irlande, la Grèce, le Portugal ou encore la Hongrie, qui ont dû bénéficier d'un ou plusieurs plans de sauvetage financier de la part de l'Union européenne ou du Fonds monétaire international.

Selon elle, d'autres pays pourraient avoir besoin de faire appel à ce genre de solution si l'UE ne parvient pas à trouver rapidement une réponse adéquate à la crise, et ces pays verraient alors très probablement leur note abaissée à celle d'un investissement "spéculatif".

Au vu des événements des dernières semaines, Moody's précise devoir considérer "la probabilité d'un scénario encore plus négatif". D'après elle, "la probabilité de défaillances multiples (...) d'Etats de la zone euro n'est plus négligeable" et ne cesse d'augmenter en l'absence de solution à la crise.

Que des pays quittent la zone euro n'est pas exclu

Si ce scénario devait se matérialiser, cela augmenterait la probabilité qu'un ou plusieurs pays quittent la zone euro, poursuit l'agence, selon qui ce scénario d'une "fragmentation de l'euro" aurait des "répercussions négatives pour tous les pays de la zone euro et de l'UE".

Selon Moody's, la situation évolue en permanence et de nouveaux "chocs" (nouveaux plans de sauvetage ou hausse des taux auxquels les Etats empruntent), pendant que les responsables politiques définissent de nouvelles mesures, sont "susceptibles de mener à des changements de note au cas par cas" pour certains pays.

ats/afp/hof

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Le FMI nie toute discussion avec Rome

Le Fonds monétaire international a démenti lundi l'existence de discussions avec les autorités italiennes concernant un plan de secours pour la péninsule. La presse italienne avait évoqué un programme de financement dimanche.

Selon le quotidien italien La Stampa, ce prêt, qui atteindrait entre 400 et 600 milliards d'euros, permettrait à l'Italie de disposer d'une fenêtre de 12 à 18 mois pour mettre en place des réductions budgétaires et des réformes économiques destinées à renforcer la croissance.

Le FMI garantirait des taux de 4% à 6% pour ce prêt, bien inférieurs aux taux obtenus par Rome sur le marché où le taux des emprunts de l'Italie pour les obligations à deux et cinq ans ont dépassé les 7%.

Théoriquement, le FMI peut désormais mettre à disposition de l'Italie 45,5 milliards d'euros sur six mois, sans passer par la procédure plus lourde et longue qui encadre les prêts à trois autres membres de la zone euro, la Grèce, l'Irlande et le Portugal.

Le FMI estimait en septembre les besoins de financement bruts de l'Etat italien à quelque 380 milliards d'euros.

La Bourse de Tokyo a terminé la séance de lundi en hausse de 1,56%, dopée par des informations sur cet éventuel plan d'aide du Fonds Monétaire International envers l'Italie endettée, avant que le démenti du FMI soit connu.