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La croissance de l'économie suisse ralentit

Etre propriétaire est actuellement un tiers plus avantageux qu'être locataire. [Christian Hartmann]
Le PIB a profité des investissements dans le secteur de la construction. - [Christian Hartmann]
La conjoncture s'est assombrie en Suisse au troisième trimestre 2011. Si la croissance du produit intérieur brut (PIB) persiste, elle subit un ralentissement et n'est plus que de 0,2% par rapport au trimestre précédent.

Le spectre d'une nouvelle récession plane. Le PIB avait encore progressé de 0,5% au deuxième trimestre et 0,4% au premier trimestre, selon le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO).

La valeur du troisième trimestre est la plus basse enregistrée depuis début 2009, période durant laquelle la Suisse se débattait encore pour se relever d'une période de récession. Sur un an, le PIB affichait encore au troisième trimestre 2011 une hausse de 1,3%, contre 2,2% au deuxième trimestre, d'après le SECO.

Demande étrangère en berne

Durant la période sous revue, le PIB a avant tout souffert du recul des exportations, en proie à une demande étrangère en berne. Pour les marchandises, le repli a atteint 0,9%. Les exportations de services ont quant à elles chuté de 2,7%, une baisse due au commerce de matières premières, très volatile, et au tourisme.

Banknotes of Euros and Swiss Francs, pictured on July 20, 2011. (KEYSTONE/Martin Ruetschi) [Martin Ruetschi]
Des billets de banque: euros et francs suisses [Martin Ruetschi]

"L'industrie d'exportation est doublement pénalisée: d'un côté par le franc fort et de l'autre par le refroidissement de la conjoncture mondiale constaté ces derniers mois", a indiqué à l'ats Bruno Parnisari, chef du secteur conjoncture à la direction de la politique économique du SECO.

Au troisième trimestre 2011, la croissance de la zone euro, principal débouché pour les exportations suisses, a plafonné à 0,2%. Sur le marché intérieur, les investissements en biens d'équipement ont aussi eu des répercussions négatives sur la croissance du PIB. Ils ont fléchi de 2,3%. La baisse a été particulièrement marquée dans l'industrie de la métallurgie et des machines.

La consommation sauve la mise

La croissance a en revanche bénéficié des impulsions positives de la consommation privée et publique. "La consommation a sauvé la mise, même si sa progression reste limitée", a commenté Bernard Lambert. Celle des ménages a progressé de 0,1%, portée par l'alimentation, le logement et la santé, et la consommation publique de 0,6%.

Les investissements dans la construction ont aussi apporté une impulsion positive, affichant un rebond (+0,7%) après un deuxième trimestre en recul. Du côté de la production, la valeur ajoutée s'est accrue dans les domaines du commerce, de l'hôtellerie-restauration, des transports et de communications, de même que dans les services financiers, les services publics et la construction. Elle s'est en revanche contractée dans l'industrie, secteur fortement tourné vers les exportations, ainsi que dans l'agriculture.

ats/cab

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Une récession en vue?

"Le ralentissement attendu se confirme. La tendance va malheureusement continuer au quatrième trimestre. Nous nous attendons à une croissance encore plus proche de zéro voire carrément négative, situation qui devrait se poursuivre au premier trimestre 2012", a déclaré Bernard Lambert, économiste chez Pictet & Cie, contacté jeudi par l'ats.

Dans ses commentaires, la Banque cantonale de Zurich agite désormais également le spectre d'une nouvelle récession, en tablant sur un taux négatif au premier semestre 2012.

A noter encore qu'au mois de novembre, UBS et Credit Suisse ont toutes deux révisé en nette baisse leurs prévisions de croissance pour 2012, à respectivement 0,8% et 0,5%, contre 2,2% et 2,0% estimés auparavant.