Les incertitudes liées à la crise de la dette européenne constituent actuellement le risque conjoncturel le plus élevé, écrit le SECO dans ses nouvelles prévisions économiques publiées mardi. "Il est essentiel que n'éclate pas une crise bancaire internationale de grande envergure", préviennent les experts. Dégradation de la conjoncture dans l'Union européenne et vigueur du franc entraînent déjà un net ralentissement de la croissance helvétique.
Repli limité
La tendance à la baisse a été amorcée au cours du troisième trimestre, avec une hausse modeste du produit intérieur brut (PIB) de 0,2%. Le taux plancher de 1,20 franc pour un euro instauré en septembre par la Banque nationale suisse (BNS) a certes soulagé les entreprises exportatrices, mais celles-ci souffrent toujours et réduisent leurs investissements.
Dans ce contexte, l'hiver s'annonce rigoureux. Ce sera "un moment crucial", relève Bruno Parnisari, chef du secteur conjoncture à la direction de la politique économique du SECO, interrogé par l'ats. Par rapport au troisième trimestre, les indicateurs montrent une dégradation supplémentaire de la situation. "On ne peut pas exclure certains trimestres négatifs durant les douze prochains mois. Pour l'instant, nous excluons toutefois une contraction sévère."
Si tant est que la crise de la dette ne s'aggrave pas en zone euro, le repli devrait demeurer limité dans le temps. Le groupe d'experts de la Confédération ne s'attend pas à une chute comparable à celle de la fin de l'année 2008, qui avait fait suite à la faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers.
Une embellie se dessinera du reste dès le second semestre 2012, note le SECO. L'économie suisse affichera une croissance de 1,9% en 2013, sous l'effet d'une reprise des marchés étrangers. Les exportations se redresseront, même si la force du franc continuera de peser négativement. Les investissements dans la construction, ainsi que la consommation des ménages, soutiendront également la conjoncture. S'agissant de cette année, le PIB devrait progresser de 1,8%, au lieu de 1,9% émis trois mois plus tôt.
Léger affaiblissement du marché de l’emploi
Sur le front de l'emploi, en dépit d'une légère hausse du chômage enregistrée cette automne, les services du conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann n'entrevoient pas de détérioration rapide. L'affaiblissement du marché du travail sera néanmoins continu l'an prochain. De 3% actuellement, le taux de chômage atteindra le pic de 3,9% à la fin de 2012 avant une progressive décrue. En moyenne annuelle, il devrait s'inscrire à 3,1% cette année, à 3,6% en 2012 et à 3,7% en 2013, selon les estimations du SECO.
ats/bkel
Les analystes s'accordent
Les conjoncturistes ont tous revu en nette baisse ces dernières semaines leurs perspectives économiques.
Comme le SECO, les experts de Credit Suisse anticipent une hausse du PIB de 0,5% pour l'an prochain. Ceux d'UBS de 0,4%.
Plus optimistes, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le KOF (l'institut conjoncturel de l'EPFZ) s'attendent à une croissance respectivement de 0,8% et 0,6%. A contrario, le vaudois Créa augure un recul de 0,4%.