L'an passé, Swisscom avait dégagé un résultat net de 1,8 milliard de francs, a rappelé mercredi l'opérateur établi à Berne. Et cette année, il se réduira à quelque centaines de millions. Au premier semestre 2011, le géant bleu a dégagé un bénéfice net de 1,53 milliard de francs.
A la lumière de la crise de la dette, d'une conjoncture économique difficile et de perspectives conjoncturelles moroses, Fastweb sera confronté à une baisse de son chiffre d'affaires, a pour sa part précisé Carsten Schloter, le patron de Swisscom, lors d'une conférence téléphonique.
D'autre part, le fournisseur transalpin d'accès à internet à haut débit, qui souffre aussi des retards de paiements de ses clients, doit affronter une vive concurrence sur un marché arrivant à saturation. Avec l'arrivée de nouveaux prestataires, la pression sur les prix s'intensifie.
Désormais, Swisscom n'escompte plus qu'une croissance annuelle moyenne du chiffre d'affaires de Fastweb de 2,5%, contre 5,1% auparavant. Dans cette situation, l'opérateur italien va devoir économiser 120 millions d'euros, avec des suppressions d'emplois à la clef. Carsten Schloter n'a pas souhaiter s'exprimer sur l'ampleur de la coupe.
Perte de 35% de la valeur
Pour s'emparer en 2007 de Fastweb, Swisscom avait déboursé pas moins de 4,6 milliards d'euros, soit 7,6 milliards de francs à l'époque. En tenant compte des amortissements ordinaires, soit 400 millions d'euros, la valeur comptable nette de la société italienne se monte à 2,9 milliards d'euros, a expliqué de son côté le chef des finances Ueli Dietiker.
Depuis son rachat par Swisscom en 2007, Fastweb a ainsi perdu 35% de sa valeur. Le correctif de valeur se monte dans son ensemble à 1,7 milliard d'euros. Au moment de l'acquisition, alors que l'économie affichait une vigoureuse croissance, le prix était équitable, a poursuivi Carsten Schloter.
Toutefois, au vu de la situation actuelle, il est clair que ce montant était trop élevé, a reconnu le patron de Swisscom. Il convient cependant de tenir compte de l'évolution de l'ensemble du marché. Depuis 2007, les sociétés cotées à la bourse italienne ont en moyenne perdu 63% de leur valeur.
D'autres groupes de télécommunications ont aussi dû procéder à des correctifs de valeur en Italie, a souligné Carsten Schloter. De l'avis de l'Allemand, il serait complètement faux de remettre en question l'investissement dans Fastweb uniquement pour des motifs d'ordre conjoncturel.
Avenir assuré
Et Carsten Schloter d'affirmer sa conviction dans la solidité de Fastweb. L'entreprise possède l'avantage de disposer de sa propre infrastructure de fibre optique et se trouve dans une bonne position pour affronter l'avenir.
Si Fastweb a contribué à la croissance du chiffre d'affaires de Swisscom, la filiale italienne est aussi à l'origine de difficultés pour le géant bleu. L'an passé, ce dernier a dû passer une provision de 102 millions de francs dans le cadre d'une procédure engagée contre la filiale transalpine pour fraude fiscale et blanchiment d'argent.
ats/vkiss
Chute de l'action
Sans surprise, les investisseurs n'ont guère goûté l'avertissement sur résultat lancé mercredi par Swisscom. A l'ouverture de la Bourse suisse, le titre du géant bleu chutait de 1,5% par rapport à la clôture de la veille. Dans le même temps, l'indice des valeurs vedettes Swiss Market Index (SMI) se repliait légèrement, lâchant 28,66 points à quelque 5731 points.
Nouvelle désillusion à l'étranger
Jouant de malchance dans son aventure italienne, Swisscom connaît une nouvelle fois des déboires à l'étranger. Face à la prévisible saturation du marché helvétique, l'opérateur, qui s'appelait encore Telecom PTT et était entièrement contrôlé par la Confédération, s'était lancé dans des acquisitions entre 1993 et 1997 en Hongrie, en Inde et Malaisie, avant de revendre ces participations en 1999.
En 2004, Swisscom a revendu à perte sa part dans l'opérateur allemand Debitel. Le géant bleu a ensuite enchoué dans ses tentatives pour reprendre Cesky Telecom, et Telekom Austria. Et alors qu'il s'intéresse à l'irlandais Eircom, il se verra interdire ce rachat par la Confédération, son actionnaire majoritaire, notamment sous la pression de Christoph Blocher, alors conseiller fédéral.