Fitch a toutefois confirmé la note française à long terme à 'AAA', la meilleure possible, de même que sa note de court terme 'F1+'. Appelant à la mise en oeuvre d'une "solution complète" face aux difficultés des émetteurs souverains en zone euro, l'agence de notation a par ailleurs placé sous surveillance négative les notes de six autres pays utilisant la monnaie unique, dont l'Espagne et l'Italie
Pour ce qui est de la France, l'abaissement de la perspective de stable à négative indique un risque légèrement supérieur à 50% d'abaissement de la note dans un délai de deux ans, précise Fitch.
"La perspective négative est liée au risque accru de matérialisation des dettes contingentes de l'Etat français, liée à l'aggravation de la situation économique et financière dans l'ensemble de la zone euro", déclare l'agence dans un communiqué diffusé après la fermeture des Bourses européennes.
Pays le plus exposé
Elle ajoute qu'à ses yeux, la France est le pays plus exposé à une nouvelle intensification de la crise parmi les autres Etats notés 'AAA' au sein de la zone euro. "L'intensification de la crise de la zone euro depuis le mois de juillet constitue un choc sérieux pour la zone et pour l'économie française ainsi que pour la stabilité de son secteur financier", souligne Fitch.
"Malgré les nouvelles mesures budgétaires annoncées en août et novembre (...), d'autres mesures seront probablement nécessaires pour ramener le déficit à 3% du PIB d'ici 2013."
Baroin "prend acte"
Le ministre français de l'Economie François Baroin "prend acte de la confirmation par l'agence Fitch de la notation 'AAA' de la dette souveraine française", peut-on lire dans un communiqué de Bercy, qui "rappelle que le gouvernement a adopté des mesures pour renforcer la crédibilité de l'effort de consolidation budgétaire".
Le gouvernement, qui vise le retour à l'équilibre des finances publiques en 2016, veut ramener le déficit budgétaire à 5,7% du produit intérieur brut cette année, 4,5% en 2012 et 3% en 2013.
Ces dernières semaines, les deux autres principales agences de notation internationales, Moody's et Standard & Poor's, ont fait part de leurs doutes sur le maintien de la note maximale à la France ainsi que sur la qualité de crédit d'autres émetteurs AAA de la zone euro.
Note réévaluée
Moody's a annoncé le 18 octobre son intention de réévaluer la perspective stable attribuée au 'Aaa' accordé à la France. Ses conclusions sont attendues pour le premier trimestre 2012.
De son côté, Standard & Poor's a placé le 5 décembre les notes de 15 pays de la zone euro dont la France sous surveillance avec implication négative, quelques jours avant un Conseil européen au cours duquel 26 des 27 pays de l'Union européenne allaient acter une plus grande intégration économique et budgétaire.
S&P a prévenu à cette occasion que la note française pourrait être abaissée de deux crans, contre un seulement pour les cinq autres pays de la zone euro (Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Finlande, Luxembourg) qui jouissent du 'AAA'.
Six autres pays sous surveillance
Dans un communiqué séparé publié vendredi soir, Fitch Ratings a aussi annoncé avoir placé les notes de six pays - Belgique, Espagne, Slovénie, Italie, Irlande et Chypre - sous surveillance négative, menaçant de les abaisser rapidement faute de "solution globale" à la crise de la dette de la zone euro.
Fitch se dit particulièrement préoccupée par l'absence de "parefeu financier crédible" contre la contagion de la crise dans la zone euro. "La nature systémique de la crise de la zone euro a un effet profondément néfaste sur la stabilité économique et financière de la région", relève l'agence de notation.
ats/pym