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Crise de l'euro: l'UE appelle le monde à la rescousse

L'euro est passé sous la barre de 1,30 dollar, son niveau le plus faible depuis pratiquement un an. [UWE ZUCCHI]
Les pays de la zone euro se sont mis d'accord fournir 150 milliards d'euros au FMI. - [UWE ZUCCHI]
L'Union européenne a appelé lundi soir le reste du monde à donner au FMI davantage de moyens pour circonscrire la crise de la dette dans la zone euro, alors qu'elle peine à mobiliser seule les fonds nécessaires en raison d'un blocage de la Grande-Bretagne.

"L'Union européenne apprécierait que les membres du G20 (le forum des pays riches et émergents, ndlr) ainsi que d'autres pays membres du Fonds monétaire international financièrement solides soutiennent les efforts visant à préserver la stabilité financière mondiale en contribuant à augmenter les ressources du FMI", a indiqué le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, dans un communiqué.

Le texte a été publié à l'issue d'une réunion téléphonique des ministres des Finances de l'UE. Un premier pas y a été réalisé. Les pays de la zone euro se sont mis d'accord pour montrer l'exemple en fournissant 150 milliards d'euros au FMI pour renflouer ses caisses "sous forme de prêts bilatéraux". Le FMI dispose actuellement d'une capacité de prêt de 296 milliards d'euros (385 milliards de dollars).

Forte contribution allemande

Première économie de la zone euro, l'Allemagne versera logiquement le chèque le plus élevé, 41,5 milliards d'euros, devant la France (31,4 milliards d'euros), l'Italie (23,48 milliards d'euros), l'Espagne (14,86 milliards d'euros), les Pays-Bas (13,86 milliards d'euros) ou encore la Belgique (9,99 milliards d'euros). Cette enveloppe de 150 milliards d'euros de l'Union monétaire était attendue.

En revanche, l'objectif fixé au dernier sommet européen des 8 et 9 décembre de parvenir à un montant total de 200 milliards d'euros, en comptant des participations d'autres pays européens extérieurs à la zone euro, n'a pu être immédiatement atteint lundi.

La coalition du Premier ministre David Cameron vacille. [Eric Feferberg]
La coalition du Premier ministre David Cameron vacille. [Eric Feferberg]

La Grande-Bretagne, sollicitée à hauteur de 30 milliards d'euros, a elle campé sur son refus de mettre la main au portefeuille. Londres a suscité "l'amertume" de nombre de ses partenaires par son intransigeance, alors que beaucoup s'attendaient à un geste de sa part, selon une source européenne. La déception a été d'autant plus grande que le gouvernement britannique s'est justifié en excluant tout soutien ciblé en faveur de la monnaie commune. La Bulgarie a emboîté le pas à Londres en indiquant officiellement lundi soir qu'elle "ne prendra pas d'engagements financiers" envers le FMI.

Parmi les dix pays de l'Union européenne non membres de la zone euro, seuls quatre --la République tchèque, la Suède, le Danemark et la Pologne-- se sont fermement engagés lundi au cours de la réunion téléphonique à renforcer les ressources du FMI. La République tchèque a cependant ensuite souligné qu'elle n'avait pas encore arrêté sa décision. La Bulgarie a officiellement refusé lundi de participer au programme d'aide aux pays en difficulté de l'Union monétaire européenne, en déclarant qu'elle "ne prendra pas d'engagements financiers" envers le Fonds monétaire international (FMI).

Banque centrale européenne impuissante

La contribution du FMI au pare-feu est d'autant plus cruciale que la Banque centrale européenne continue à se faire prier pour sortir le "bazooka" face à la crise de la dette. Son président, Mario Draghi, a averti lundi que l'institut ne pouvait pas servir de pompier miracle. Devant le Parlement européen, il a rappelé que le financement des Etats par la BCE était "interdit", en réponse aux appels répétés lancés à l'institut monétaire pour qu'il soutienne plus activement les pays fragiles de l'Union monétaire via des achats massifs d'obligations sur les marchés. Ces propos ont déprimé les marchés boursiers. Wall Street a terminé dans le rouge avec un repli du Dow Jones de 0,84%.

Mario Draghi insiste pour que les gouvernements de la zone euro augmentent les ressources de leur propre mécanisme d'endiguement de la crise de la dette. Les ministres ont d'ailleurs également évoqué pendant leur réunion de lundi le Mécanisme européen de stabilité (MES), le dispositif appelé à entrer en vigueur mi-2012 et à remplacer définitivement un an plus tard l'actuel Fonds de sauvetage temporaire de la zone euro (FESF). Le MES doit à ce jour être doté d'une capacité de prêts de 500 milliards d'euros mais un débat est ouvert sur son augmentation.

afp/cab

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Près de 3 milliards pour le Portugal

Le Fonds monétaire international a annoncé lundi avoir approuvé un versement de 2,9 milliards d'euros au Portugal, la troisième tranche d'un prêt de 28 milliards accordé en mai. Le total des sommes mises à disposition de Lisbonne atteint ainsi 13,6 milliards d'euros.

Le prêt du FMI fait partie d'un plan de financement international de 78 milliards d'euros sur trois ans, en collaboration avec l'Union européenne. Le Portugal doit également recevoir sous peu quelque 5 milliards d'euros de ses partenaires européens.

Ce programme, assorti de mesures d'austérité, n'a pas permis pour le moment à l'économie portugaise de renouer avec la croissance. Le gouvernement prévoit une nouvelle contraction du produit intérieur brut en 2012. Il s'est cependant félicité le 13 décembre d'avoir ramené le déficit budgétaire à 4,5% du PIB en 2011 (contre 9,8% en 2010), nettement au-dessous de l'objectif de 5,9% fixé par ses bailleurs de fonds.

La Roumanie se passe d'une aide du FMI

Le Fonds monétaire international a annoncé lundi avoir débloqué 507 millions d'euros pour la Roumanie, qui a décliné la somme pour le moment, préférant la garder en réserve.

L'institution de Washington a indiqué dans un communiqué que son conseil d'administration avait donné son feu vert pour le versement de cette somme à Bucarest, dans le cadre d'un prêt de 3,6 milliards d'euros accordé en mars.

Mais "les autorités [roumaines] ont indiqué qu'elles continueraient à considérer l'accord comme un accord de précaution et que par conséquent elles n'avaient pas l'intention de tirer dessus", a précisé le FMI.

La Roumanie avait vu son économie s'enfoncer dans la récession en 2009 sur fond de crise mondiale. Un plan de financement de 20 milliards d'euros du FMI, de l'Union européenne et de la Banque mondiale avait été nécessaire pour permettre à l'Etat de faire face.

Depuis, "la Roumanie a fait de bons progrès", a indiqué le premier directeur général adjoint du FMI, David Lipton, cité dans le communiqué. "La croissance économique a repris tandis que l'inflation a baissé. Cependant, les risques ont considérablement augmenté du fait des turbulences financières en zone euro", a-t-il ajouté.