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L'année 2012, épreuve de vérité pour l'euro

En 2012, la monnaie unique devra surmonter la défiance dont elle fait l'objet. [Tony Gentile]
En 2012, la monnaie unique devra surmonter la défiance dont elle fait l'objet. - [Tony Gentile]
Après un "annus horribilis", l'année 2012 s'annonce comme l'épreuve de vérité pour l'euro. Pour ne pas exploser, la monnaie unique doit impérativement surmonter la vague de défiance sans précédent dont elle fait l'objet une décennie après être arrivée dans le portefeuille des Européens.

Le répit relatif constaté en décembre sur le front de la crise de la dette, dû notamment aux interventions énergiques de la Banque centrale européenne (BCE) qui a injecté massivement des liquidités pour éviter que le secteur bancaire ne se grippe, ne doit pas faire illusion.

La crise de la dette perdure et "peut tout emporter", a prévenu le président français Nicolas Sarkozy le 1er décembre. "Que restera-t-il de l'Europe si l'euro disparaît, si le coeur économique de l'Europe s'effondre ?".

Partie de Grèce il y a deux ans avec la révélation brutale de l'ampleur des déficits publics jusque-là dissimulée, la crise de la dette a par la suite gagné le Portugal et l'Irlande, pays encore considérés comme "périphériques". Mais l'année 2011 a marqué une accélération dramatique de la contagion.

Le Premier ministre italien Silvio Berlusconi va démissionner. [Filippo Monteforte]
Le Premier ministre italien Silvio Berlusconi va démissionner. [Filippo Monteforte]

Victimes politiques de la crise

Les plans de sauvetage successifs et autres "sommets européens de la dernière chance" ont échoué à ramener le calme, posant ouvertement pour la première fois la question de la survie de la monnaie unique. Désormais tous les pays de la zone euro, jusqu'à la France voire l'Allemagne, sont menacés.

Depuis 2007, la crise demeure la même mais elle est protéiforme. Financière d'abord, partie des Etats-Unis, puis économique avec la récession et la panique autour de l'endettement, politique et sociale aussi aujourd'hui.

Elle a fait chuter au moins six chefs de gouvernement sur le Vieux Continent : Georges Papandréou en Grèce, Silvio Berlusconi en Italie, José Luis Rodriguez Zapatero en Espagne, Brian Cowen en Irlande, José Socrates au Portugal, Iveta Radicova en Slovaquie.

Parallèlement à la chute de popularité des partis au pouvoir, les formations populistes ont le vent en poupe. Partout, les gouvernements en place tremblent car, dans la rue, la grogne sociale monte face aux plans de rigueur généralisés.

Refinancements difficile en vue

Après la trêve des confiseurs, le début d'année prochaine sera déterminant, car les Etats, entreprises et banques en Europe devront retourner massivement emprunter sur les marchés, dans un contexte qui risque d'être marqué dans plusieurs pays par un retour à la récession. Trouveront-ils preneurs?

Au premier trimestre, ce sont plus de 300 milliards d'euros que les gouvernements vont devoir refinancer, les banques auront besoin de 250 milliards d'euros en obligations et les entreprises du secteur non financier 200 milliards, selon les experts du secteur.

En parallèle, la Grèce doit trouver en janvier un accord avec les banques sur une réduction de moitié de leurs créances, condition de la survie financière du pays, et les négociations se révèlent difficiles. Or, la zone euro n'a toujours pas financièrement les reins suffisamment solides pour se porter en même temps au secours de plusieurs pays, surtout si l'Espagne ou l'Italie sont concernées.

Ses efforts pour se doter d'un pare-feu financier suffisant peinent à se concrétiser en raison des réticences de l'Allemagne à délier les cordons de la bourse. L'Europe compte du coup sur un soutien du FMI qui reste incertain.

La fin de l'euro ?

Les "euro-pessimistes" donnent dans ce contexte de la voix. L'ancien commissaire européen néerlandais Frits Bolkestein estime qu'un "éclatement de l'euro est inévitable" car le fossé est trop grand à ses yeux entre le Nord de l'Europe qui croit à la discipline budgétaire et les pays "méditerranéens" qui voudraient "des solutions politiques aux problèmes économiques".

Hors de la zone euro, les banques britanniques ont été priées par leur autorité de surveillance (FSA) de mettre en place des plans de précaution pour affronter les "pires" scénarios. Aux Etats-Unis ou en Asie, des entreprises se préparent aussi déjà à la fin de la monnaie unique.

afp/dk

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Une réponse européenne peu convaincante

Depuis deux ans, la réponse européenne à la crise de la dette n'a pas convaincu. "Trop peu et trop tard", estime l'ancien président français de la Commission européenne Jacques Delors.

Cet échec est aussi celui de Nicolas Sarkozy et de la chancelière allemande Angela Merkel qui ont revendiqué le leadership pour régler la crise de l'euro mais divergent souvent sur les moyens d'y parvenir.

Faute d'avancer sur le pare-feu contre la crise, Paris et Berlin se concentrent sur la discipline budgétaire. Un accord doit être signé en principe début mars par la plupart des pays européens pour inscrire dans les constitutions des "règles d'or" sur le retour à l'équilibre.

Par ce biais, la zone euro entreprend de combler une lacune de naissance avec l'émergence d'un véritable gouvernement économique commun, comprenant des mécanismes de solidarité et de discipline.

Tous espèrent que cela donnera les coudées franches à la Banque centrale européenne - seule vraiment à même d'éteindre l'incendie grâce à sa puissance de feu financière potentiellement illimitée - pour aider davantage les pays fragiles.

"Mais ce n'est qu'un pari", confie un diplomate.