"Nous sommes face à une situation extraordinaire et imprévue, qui va nous obliger à prendre des mesures extraordinaires et imprévues", a expliqué la porte-parole, Soraya Saenz de Santamaria, à l'issue du Conseil des ministres.
"Ces mesures ne sont que le début du début", a-t-elle prévenu, "le début d'un paquet de réformes structurelles qui a pour but de corriger le déficit public et de commencer à redynamiser notre économie".
Salaires gelés
Un mois après la large victoire de la droite aux élections législatives, mettant fin à plus de sept ans de pouvoir du Parti socialiste, le nouveau gouvernement a détaillé les mesures qui ont été décidées en Conseil des ministres. C'est vers un nouveau régime de rigueur, qui devrait approcher au total les 40 milliards d'euros, que se dirigent les Espagnols.
Les premières mesures concernent les fonctionnaires, avec la poursuite en 2012 du gel de leurs salaires (abaissés de 5% en 2010 puis gelés en 2011), mais aussi le non-remplacement des départs, sauf dans les secteurs considérés comme "essentiels" (santé, éducation, forces de l'ordre) où un départ sur dix sera pourvu. L'enjeu est de rassurer les marchés, inquiets de la santé financière de l'Espagne.
Déficit autour de 8% du PIB
Le Premier ministre Mariano Rajoy avait déjà annoncé une coupe budgétaire de 16,5 milliards en 2012 "pour l'ensemble des administrations publiques", prévenant qu'à chaque point de déficit en trop en 2011, par rapport aux prévisions, il faudrait compter "dix milliards supplémentaires" d'économies, afin de ramener le déficit à 4,4% en 2012.
Car l'Espagne, doublement touchée par la crise mondiale et l'éclatement de sa bulle immobilière, devrait replonger en récession début 2012, ce qui menace son objectif prioritaire, la réduction du déficit public.
Et, comme le soupçonnaient déjà nombre d'économistes, le chiffre est effectivement mauvais : selon Soraya Saenz de Santamaria, le déficit devrait s'établir "autour de 8%" du PIB fin 2011, bien au-dessus des 6% visés par l'équipe socialiste sortante.
Les syndicats fâchés
C'est "une nouvelle attaque contre les conditions de travail des employés publics", a réagi le Centre syndical indépendant des fonctionnaires (CSI-F), majoritaire dans les administrations. "Une fois encore, les employés publics sont les têtes de Turc pour pallier les comptes déficitaires de l'Etat", a dénoncé le syndicat UGT.
Le nouvel exécutif a aussi annoncé une hausse d'impôts temporaire et coupé dans les budgets des ministères de l'Equipement (1,6 milliard en moins), de l'Industrie (1,1 milliard) et de l'Economie (1,1 milliard).
Seules bonnes nouvelles vendredi: la revalorisation de 1% des retraites, gelées en 2010 et la poursuite jusqu'en août de l'aide de 400 euros pour les chômeurs en fin de droit. Un décret prolongeant la validité du budget 2011 jusqu'en mars 2012, date à laquelle devrait être présentée une nouvelle loi de Finances, a été approuvé, tandis que le gouvernement fera voter en janvier une loi de stabilité budgétaire.
Taux de chômage astronomique
Ce nouveau tour de vis s'ajoute à la cure d'austérité à laquelle sont soumis les Espagnols depuis deux ans: après un premier programme d'économies de 50 milliards d'euros dévoilé en janvier 2010, une nouvelle coupe de 15 milliards avait suivi.
Une proposition de réforme du marché du travail est d'ailleurs attendue dès le 7 janvier, pour faire face au plus gros point faible de l'économie espagnole : le taux de chômage de 21,52%, un record parmi les pays industrialisés.
agences/dk