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L'Espagne met au pas ses régions

Le ministre espagnol de l'Economie Luis de Guindos ne se fait pas que des amis au sein des régions de son pays. [Chema Moya]
Le ministre espagnol de l'Economie Luis de Guindos ne se fait pas que des amis au sein des régions de son pays. - [Chema Moya]
Soucieuse de réduire son déficit public, l'Espagne a haussé le ton cette semaine envers ses 17 régions, très endettées, exigeant qu'elles se plient à la rigueur budgétaire, mais parmi elles la Catalogne joue les rebelles, craignant pour son autonomie.

Une annonce, surtout, a suscité un tollé: le ministre de l'Economie, Luis de Guindos, a déclaré au Financial Times qu'une loi introduirait en mars "un contrôle a priori" de leurs lois de finance. "Avant d'approuver leur budget (les régions) devront obtenir le feu vert du gouvernement central", a précisé Luis de Guindos, rappelant qu'elles sont les principales responsables du dérapage budgétaire de l'Espagne.

Le gouvernement a aussi indiqué qu'il allait demander aux régions de réduire le nombre de leurs plus de 2000 entreprises publiques.

La priorité est d'économiser car le déficit, que le pays avait promis d'abaisser 9,3% du PIB en 2010 à 6% en 2011, pourrait finalement dépasser les 8%, a prévenu le nouveau gouvernement de droite, entré en fonctions il y a quinze jours et qui vise 4,4% en 2012.

Compétences trop déléguées

Dans ce pays très décentralisé, l'Etat a pendant longtemps fermé les yeux sur les finances des régions, à qui il a délégué de larges compétences comme la santé et l'éducation. Mais celles-ci, quand la bulle immobilière a éclaté en 2008, se sont vite retrouvées étranglées par une lourde dette, qui atteint aujourd'hui des niveaux historiques, et n'ont plus réussi à contrôler leurs déficits.

Le gouvernement socialiste sortant a introduit ces derniers mois de premiers éléments de suivi, leur fixant des objectifs de réduction de déficit et évoquant la possibilité de limiter leurs budgets, mais n'était pas allé plus loin.

La Catalogne virulente

L'idée de faire approuver par Madrid les projets budgétaires des régions a immédiatement fait réagir plusieurs d'entre elles, la Catalogne se montrant la plus virulente: "inacceptable" et "intolérable", a tranché Francesc Homs, porte-parole du gouvernement local. Ce serait "bousiller l'autonomie financière" et "violer les règles du jeu établies dans la Constitution", n'a-t-il pas hésité à dire.

Car si cette riche région du nord-est du pays, qui croule sous une dette de près de 40 milliards d'euros, est prête à se mettre au régime de rigueur, ayant déjà approuvé un plan d'austérité d'un milliard, elle tient jalousement à son statut d'autonomie élargie, entré en vigueur en 2006. Elle en veut même plus, demandant le même cadre fiscal qu'au Pays Basque et en Navarre, qui gèrent entièrement leurs impôts.

Plainte contre l'Etat

Souvent dans une relation conflictuelle avec l'Etat espagnol, la Catalogne a annoncé mi-décembre qu'elle le poursuivrait en justice pour réclamer le paiement de 759 millions d'euros, prévu selon elle dans son statut de 2006. Elle n'est pas non plus prête à se soumettre aux nouvelles directives de ce dernier en matière budgétaire.

Ainsi, elle a fixé son objectif de déficit, pour fin 2011, à 2,66% de son PIB, faisant fi des consignes de Madrid qui lui demandait de le limiter à 1,3%. Artur Mas préfère minimiser la responsabilité des régions dans le creusement du déficit: "Traiter les communautés autonomes comme les mauvais élèves de la classe ou comme des enfants est une bêtise et une injustice".

agences/vkiss

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Des "ambassades" coûteuses

Quand le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Garcia-Margallo, a suggéré lundi aux régions de supprimer leurs nombreuses "ambassades" à l'étranger, le président de la Catalogne Artur Mas (de la coalition nationaliste CiU) a répondu non dès le lendemain.

Cette région est pourtant celle qui en compte le plus, avec 48 représentations hors d'Espagne en 2010, sur un total de 200 ambassades régionales dans 37 pays. L'ensemble du dispositif coûte quelque 150 millions d'euros par an. "Nous n'allons pas nous intégrer dans l'Etat pour faire notre politique extérieure", a dit fièrement Artur Mas.