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Hollande fustige Sarkozy après la perte du AAA

Pour le socialiste François Hollande, "c'est une politique qui a été dégradée, pas la France". [Yoan Valat]
Pour le socialiste François Hollande, "c'est une politique qui a été dégradée, pas la France". - [Yoan Valat]
Le candidat socialiste à la présidentielle française, François Hollande, a déclaré samedi que la bataille de Nicolas Sarkozy pour garder le triple A "a été perdue". Il réagissait à la dégradation de la note de la France annoncée vendredi soir par Standard & Poor's. L'agence a aussi abaissé la note de huit autres pays européens.

"C'est une politique qui a été dégradée, pas la France", a affirmé François Hollande, dans une déclaration solennelle depuis son QG de campagne à Paris. Le socialiste a qualifié la dégradation de la note financière de "grave".

"Nicolas Sarkozy avait fait de la conservation du triple A un objectif de sa politique et même une obligation pour son gouvernement. C'est ainsi qu'avaient été justifiés pas moins de deux plans de rigueur en quatre mois. Cette bataille, et je le regrette, a été perdue", a ajouté le candidat de gauche.

"C'est la crédibilité de la stratégie conduite depuis 2007 qui est mise en cause. Elle a manqué de cohérence, elle a manqué de constance et elle a manqué de clairvoyance et surtout de résultats", a dénoncé François Hollande. Selon lui, "ce sont les Français qui risquent de payer la conséquence de cette dégradation".

François Hollande est le favori des sondages pour la présidentielle, qui devrait l'opposer au président sortant, qui doit officialiser sa candidature à un second mandat fin février ou début mars. Il a rappelé que dans son programme pour 2012, le "pacte productif" permettra de "mettre la France sur le chemin du redressement dans la justice et par la croissance".

Le gouvernement relativise

Le Premier ministre français François Fillon a de son côté estimé samedi que la dégradation de la note de la France était une décision "attendue" mais intervenant à "contre-temps", et qu'elle ne devait "pas être dramatisée, pas plus que sous-estimée". "La France est un pays sûr, un pays dans lequel les investisseurs ont confiance et peuvent avoir confiance", a-t-il affirmé.

"Les agences de notation sont des baromètres utiles mais ce ne sont pas elles qui font la politique de la France", a déclaré le Premier ministre lors d'une conférence de presse à Matignon. Vendredi soir, le ministre de l'Economie François Baroin avait exclu que le gouvernement serre de nouveau la vis avec un troisième plan de rigueur, après ceux dévoilés en août et novembre 2011.

"Ceux qui dramatisent la situation doivent y réfléchir à deux fois: ce sont en effet les mêmes qui ont refusé de voter les réformes destinées à renforcer notre compétitivité ou à réduire les déficits, que ce soit la réduction des effectifs dans la fonction publique ou la réforme des retraites", a souligné François Fillon, dans une allusion à l'opposition socialiste.

Menace mise à exécution

Standard & Poor's menaçait depuis le 5 décembre d'abaisser la note de 15 Etats de la zone euro, dont les six "triple A". L'agence d'évaluation financière a finalement privé la France et l'Autriche de leur "AAA", abaissé d'un cran à AA+, selon un communiqué publié vendredi en fin de soirée.

Malte, la Slovaquie et la Slovénie descendent aussi d'une marche. S&P a également abaissé de deux crans la note de l'Italie, de l'Espagne, du Portugal et de Chypre. Ces deux derniers Etats sont relégués dans la catégorie des investissements spéculatifs.

En revanche, les quatre autres pays notés "AAA" (Allemagne, Finlande, Pays-Bas et Luxembourg) conservent leur prestigieuse distinction. La Belgique, l'Estonie et l'Irlande ne sont pas non plus dégradées.

Après cette décision, S&P place tous les pays de la zone euro, hormis l'Allemagne et la Slovaquie, sous "perspective négative", ce qui signifie que l'agence estime à une sur trois les chances d'un nouvel abaissement en 2012 ou 2013. La Grèce était déjà sous perspective négative.

agences/dk

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Bruxelles "s'étonne" du moment choisi par S&P

Le commissaire européen chargé de réguler les marchés financiers et l'activité des agences de notation, le Français Michel Barnier, s'est quant à lui dit samedi "étonné" du moment choisi par Standard & Poor's pour dégrader la note de plusieurs pays, alors que la zone euro est en train de durcir ses règles budgétaires.

Michel Barnier a estimé dans une déclaration que l'évaluation de l'agence ne prenait pas en compte "les progrès actuels".

"Au-delà de cette note, qui ne constitue qu'un avis parmi d'autres, ce qui me paraît le plus important, c'est l'évaluation économique objective que nous faisons de la situation actuelle", a assuré le commissaire, qui effectue actuellement une tournée en Asie.