Une nouvelle fois, "le programme (budgétaire) grec a dérapé" par rapport aux prévisions, a admis le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, à l'issue d'une réunion des ministres des finances de l'UE, qui s'est achevée tard dans la nuit. En conséquence, "il y a eu un consensus pour dire que le temps presse. La Grèce doit désormais avancer concrètement dans ses réformes structurelles et créer de la croissance afin de rendre sa dette soutenable", a renchéri le ministre néerlandais Jan Kees de Jager.
Pour Jean-Claude Juncker, Athènes et ses principaux bailleurs de fonds (Fonds monétaire international, Commission européenne et Banque centrale européenne) doivent se mettre "d'accord dès que possible sur les principaux paramètres d'une nouveau programme d'ajustement ambitieux". L'objectif est que la Grèce puisse tenir ses engagements de réduction des déficits, car selon les comptes budgétaires de 2011, les revenus publics grecs n'ont pas atteint les objectifs fixés, en dépit d'une avalanche de taxes imposées dans le cadre d'une cure de rigueur.
Mais les efforts ne devront pas porter uniquement sur la partie budgétaire. Le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a mis l'accent sur la nécessité pour Athènes d'"accélérer la mise en place de réformes structurelles pour renforcer son économie et sa croissance". Faute de quoi, le nouveau programme de 130 milliards de prêts européens promis en octobre à la Grèce, et toujours pas concrétisé, ne pourra commencer à être versé, a-t-il prévenu.
Offre du privé rejetée
En parallèle, la zone euro a demandé aux autorités grecques et aux créanciers privés du pays de trouver un accord de principe "dans les jours qui viennent" sur la réduction de la dette du pays, alors que les négociations patinent. Athènes doit impérativement avoir finalisé un accord d'ici le 20 mars au plus tard, date à laquelle le pays doit rembourser plus de 14 milliards d'euros de prêts.
Surtout, Jean-Claude Juncker a estimé que la contribution du secteur privé était en l'état insuffisante. Il a appelé à ce que les taux d'intérêt pour les nouvelles obligations que doivent recevoir les banques en échange des anciennes soient "clairement en dessous de 4%", alors que le secteur privé demande au moins ce niveau. In fine, les taux devraient se situer entre 3,5% et 4%, a-t-il ajouté.
Si elles estiment l'effort demandé excessif, les banques ont menacé de décréter que la restructuration en cours de la dette grecque ne serait plus "volontaire" mais contrainte, ce qui provoquerait un défaut de paiement du pays aux conséquences incalculables. Les négociations en cours visent à réduire de 100 milliards d'euros la dette détenue par les banques et fonds d'investissement, de manière à ramener l'endettement public du pays à 120% du produit intérieur brut (PIB) à l'horizon 2020.
Des sources au ministère grec des Finances ont fait savoir lundi soir qu'Athènes va poursuivre les négociations avec ses créanciers privés en se fixant le 13 février comme date-butoir pour lancer l'opération.
afp/pbug
Avancées sur le fond de secours
En attendant une éclaircie en Grèce, les ministres des Finances européens se sont attelés lundi soir à une autre tâche: peaufiner leur arsenal anti-crise. Ils ont ainsi adopté un traité établissant le futur Fonds de secours permanent de la zone euro (MES), qui ne bénéficiera toutefois qu'aux pays ayant ratifié le pacte budgétaire censé renforcer la discipline commune en Europe.
S'ils ont défini certaines modalités de ce fonds, les ministres n'ont en revanche pas tranché sur son enveloppe, renvoyant cette question à plus tard. Le pacte budgétaire, qui prévoit notamment l'inscription d'une règle d'or sur le retour à l'équilibre des comptes publics, est lui aussi en cours de finalisation. Mais il reste encore des points de litige qui devront être tranchés par les dirigeants européens lors du sommet du 30 janvier.