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Hausse de la criminalité en col blanc en 2011

Paris a perdu près de 1,9%, Francfort 1,4%. La Bourse suisse a chuté de  2% à 5826 points. [Francisco Seco / AFP]
Le thème de la délinquance économique prend de plus en plus d'importance. - [Francisco Seco / AFP]
Conséquence notamment d'une situation économique tendue, la criminalité économique a progressé l'an passé en Suisse. Le montant total des dommages a bondi de 42% au regard de 2010 à 519,6 millions de francs, selon le dernier baromètre de la fraude de KPMG.

En 2011, la justice s'est occupée de 69 cas de criminalité économique, indique mardi KPMG dans un communiqué. En 2010, 52 cas avaient été portés devant les tribunaux helvétiques, précise le cabinet de conseil et d'audit comptable. Si le montant des dommages a fortement augmenté par rapport à 2010, il reste nettement inférieur à celui de 1,57 milliard atteint en 2009.

Pour mémoire, le montant de 2009 englobait toutefois le plus important cas de crime organisé et de blanchiment d'argent sale jamais jugé en Suisse. Il s'agissait de l'affaire concernant la mafia des cigarettes qui a occupée le Tribunal pénal fédéral (TPF) de Bellinzone. Le plus important dommage traité l'an dernier s'est inscrit à 270 millions de francs. Il s'agissait d'une affaire d'abus de confiance.

Actions individuelles

Contrairement aux années précédentes, les employés ont commis sensiblement plus de délits que des membres de direction, ces derniers se trouvant impliqués dans cinq affaires seulement, pour un montant de 8,9 millions. Toutefois, KPMG estime que cette hausse ne traduit pas un revirement de tendance. Bien souvent, les cadres, du fait de leur position et de leur statut au sein de l'entreprise, tirent parti de contrôles lacunaires ou d'une confiance trop aveugle.

Les employés sans fonction dirigeante ont en revanche déployé davantage d'énergie criminelle en 2011, avec 20 cas à leur actif et des dommages de 55,3 millions de francs. En y intégrant les délits commis par des agents fiduciaires ou des gestionnaires de patrimoine, le nombre d'affaires passe à 33 pour une somme globale de 112,4 millions.

Dans la plupart des cas, soit 53, les actes délictueux ont consisté en des actions individuelles, l'implication de plus de deux malfaiteurs constituant l'exception. Les délinquants par métier ont à la fois causé le plus gros dommage total, soit 68,8 millions de francs, ainsi que le plus important montant moyen par cas avec 13,8 millions de francs.

Nombreux délits à Zurich

Côté victimes, les investisseurs figurent au rang des personnes les plus lésées, ceux-ci ayant été dépouillés de 117,6 millions de francs au total, contre 130 millions en 2010. Dans 9 des 11 cas d'investisseurs lésés, les malfaiteurs ont été jugés pour abus de confiance, et dans deux affaires pour fraude financière et falsification de bilan.

Quant à la répartition géographique des délits économiques, la région lémanique a été la plus touchée en termes de dommages, ceux-ci se montant à 270,9 millions de francs, devant la Suisse orientale (114,3 millions) et Zurich (43,1 millions). Toutefois, le classement de la région autour du lac Léman est dû à un seul cas pour une somme de près de 270 millions.

Au niveau du nombre de délits, la ville des bords de la Limmat occupe en revanche le premier rang avec 23 cas. La Suisse orientale a elle affiché la plus forte croissance l'an passé tant au niveau du nombre d'affaires (+71% à 12 cas) que de la somme des dommages (+212%).

Importance croissante de l'éthique

De manière générale, l'abus de confiance a continué de représenter le délit le plus fréquent avec 39 cas. Mais les cinq affaires de détournements de fonds de clients ont causé pas moins de 95% de l'ensemble des dommages (398,4 millions de francs), en raison d'un cas isolé. La fraude a constitué la 2e charge la plus prononcée à l'encontre des criminels en col blanc (29 inculpations).

Outre la situation économique, KPMG attribue la recrudescence des délits économiques et la hausse du montant des dommages à la sensibilité accrue au thème de la délinquance économique. Cette évolution augmente la probabilité de découvrir des activités délictueuses au sein des entreprises, d'autant plus que la notion d'éthique prend une importance croissante.

ats/dk

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