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Le modèle allemand accentue la crise, juge le BIT

Angela Merkel a fait preuve de fermeté devant le les députés du Bundestag. [Tobias Schwarz]
Angela Merkel défend le modèle allemand avec une grande fermeté. - [Tobias Schwarz]
Les politiques de baisse des salaires dans plusieurs pays industrialisés contribuent à aggraver la crise de l'emploi, a affirmé mardi à Genève le Bureau international du travail (BIT). L'organisation onusienne critique en particulier la recherche de gains de compétitivité par l'Allemagne.

Dans son rapport sur les tendances mondiales de l'emploi, le Bureau international du travail (BIT) note que "la reprise qui avait démarré fin 2009 a fait long feu et qu'il reste, fin 2011, 27 millions de chômeurs de plus qu'au début de la crise" en 2008.

L'organisation dénonce la formation d'"une boucle de rétroaction négative entre le marché du travail et la macroéconomie, en particulier dans les économies développées : le chômage élevé et la faible croissance des salaires réduisent la demande de marchandises et de services, érodant encore la confiance des entreprises, qui hésitent à investir et à embaucher".

Le modèle allemand en cause

Pour le BIT, il est capital de rompre cette boucle négative si l'on veut qu'un redressement durable puisse s'installer. Dans un chapitre consacré à la situation dans l'Union européenne, il note que "des facteurs structurels ont accru les risques de récession". De larges différences de compétitivité entre les pays européens ont aggravé les déficits.

"L'amélioration de la compétitivité des exportateurs allemands est de plus en plus identifiée comme la cause structurelle des difficultés récentes dans la zone euro", affirment les économistes du BIT. Les coûts du travail en Allemagne ont chuté depuis une décennie par rapport à ses concurrents. Les pays en crise n'ont pas pu compenser par des exportations la faiblesse de la demande domestique, analyse le BIT.

Chômage au plus haut dans le monde

"La politique de déflation salariale en Allemagne n'a pas seulement amputé la consommation. Elle a conduit à un accroissement des inégalités de revenus", ajoute le rapport. Pour les autres pays de la zone euro, en l'absence de gains sur les taux de change, "une politique de baisse des salaires encore plus dure est considérée comme la seule solution à leur manque de compétitivité", dénonce le BIT.

Le chômage touche actuellement quelque 200 millions de personnes dans le monde. Si l'on comptabilise les travailleurs découragés, économiquement inactifs, quelque 225 millions de personnes sont sans emploi. Pour 2012, le BIT prévoit au moins trois millions de chômeurs en plus. Si la croissance tombe au-dessous de 2%, le monde comptera plus de 204 millions de chômeurs à la fin de l'année.

ats/dk

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Le FMI pour une rigueur modérée

Le Fonds monétaire international a nettement abaissé mardi ses prévisions mondiales de croissance, et a conseillé aux gouvernements de modérer leurs plans de rigueur pour 2012 face au ralentissement économique.

Selon les dernières projections du FMI, la croissance mondiale devrait tomber à 3,3% en 2012, alors qu'en septembre le Fonds tablait sur 4,0%.

Le FMI entrevoit une rechute de la zone euro en récession : le produit intérieur brut devrait s'y contracter de 0,5%, avec celui de l'Italie chutant de 2,2% et celui de l'Espagne de 1,7%.

La France et l'Allemagne connaîtraient une stagnation (0,2% et 0,3% de croissance respectivement). Mais la crise sur le continent pourrait être pire que prévu.

Le FMI a appelé à être prudent en matière de rigueur budgétaire. "Un rééquilibrage trop rapide durant l'année 2012 pourrait exacerber les risques", a-t-il prévenu.

"Tous les pays ne doivent pas rééquilibrer de la même manière, ou en même temps, sous peine que leurs efforts s'entre-détruisent", a estimé le FMI.