Deux commissaires au sursis ont été nommés. Ils devront veiller à la poursuite des activités sur le site neuchâtelois, même en mode minimum, et s'assurer que les salaires soient versés.
"Je ne dirais pas que je suis soulagé, car le problème reste entier, mais nous avons maintenant de quoi organiser l'avenir", a dit à l'issue de l'audience le directeur de la raffinerie, Gilles Vollin.
La décision neuchâteloise n'est pas vraiment une surprise dans la mesure où la holding et la filiale helvétique Petroplus Marketing avaient déjà obtenu le sursis concordataire vendredi dernier à Zoug.
La requête déposée par le groupe zougois prévoit le maintien d'une activité minimum sur le site. La reprise de la production n'est pas à l'ordre du jour. La mise en sursis concordataire vise à protéger les intérêts des créanciers. Elle permet aussi de gagner un peu de temps pour offrir une perspective à la raffinerie et à ses employés.
Spectre de la faillite
L'autre scénario aurait été la faillite avec les licenciements des 260 employés. Cette option n'aurait pas rendu la recherche d'un repreneur impossible, mais plus difficile. Au cours de l'audience mardi matin, Gilles Vollin a expliqué que la fermeture d'une raffinerie est quelque chose d'extrêmement lourd et coûteux.
Il a estimé à plus de 85 millions de francs le coût du nettoyage, de la démolition et de la décontamination de la raffinerie si celle-ci devait fermer définitivement, dont 50 millions la première année, le reste se répartissant sur plusieurs années. Des montants à charge de Petroplus sauf si le groupe est mis en faillite.
Processus lourd et coûteux
"C'est compte tenu de ces coûts extrêmement élevés que nous tenons à chercher un repreneur pour le site, tout en préservant les emplois", a-t-il plaidé en ne cachant pas que "la décision des banques a été très brutale pour nous".
Selon lui, le futur de la raffinerie est maintenant de trouver un repreneur. "Cela prendra quelques mois". Il est important de pouvoir maintenir une activité minimum dans la raffinerie de Cressier dans l'optique d'une reprise éventuelle, a-t-il dit devant le tribunal.
Gilles Vollin a évoqué des projets de reprise "intéressants", dont l'un portant sur la vente du site, l'autre sur un accord selon lequel un partenaire amène du brut et reprend du produit raffiné, payant un tarif pour le traitement (processing). Au total, une dizaine de contacts ont été noués.
Secteur du raffinage en difficulté
Premier raffineur indépendant en Europe, Petroplus est en proie à de graves difficultés financières depuis fin décembre après s'être vu refuser l'accès à une ligne de crédit d'un milliard de dollars jugée "indispensable" au bon fonctionnement des opérations.
Le secteur du raffinage européen est victime d'une surcapacité chronique qui pousse les exploitants à vendre ou fermer les installations.
ats/lan
Le syndicat et le gouvernement soulagés
Unia est soulagé que le sursis concordataire ait été accordé à Petroplus Cressier par la justice neuchâteloise.
Le syndicat demande aux commissaires au sursis de défendre en priorité les intérêts des employés et de garantir le paiement des salaires.
Selon Unia, les signatures pour sa pétition "Sauvons les emplois Petroplus" continuent d'affluer. A ce jour, près de 1500 signatures ont été récoltées.
"C'est une balle de set en faveur du site de Cressier", s'est de son coté réjoui le chef du Département de l'économie Thierry Grosjean.
Le conseiller d'Etat neuchâtelois a répété devant la presse qu'il y a avait entre cinq et dix repreneurs potentiels, évoquant même trois dossiers très avancés. Mais il n'a pas souhaité faire d'autres commentaires.