Les pays de la zone euro se sont mis d'accord mardi matin à Bruxelles sur un nouveau plan de sauvetage de la Grèce tournant autour de 230 milliards d'euros au total, évitant ainsi une faillite du pays aux conséquences imprévisibles pour l'Europe. L'accord est intervenu dans la nuit au terme de plus de douze heures de tractations entre les ministres des Finances de l'Union monétaire.
Le chef de file de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a annoncé un plan de sauvetage "sans précédent" avec pour objectif de "garantir" le maintien de la Grèce dans la zone euro. Il s'est en outre dit "optimiste" sur les chances de voir la zone euro décider prochainement de renforcer la force de frappe de son Fonds de secours pour les pays fragiles.
Aide publique et effacement de la dette
Le plan comprend d'une part un volet d'aide publique, des prêts pour l'essentiel, à hauteur de 130 milliards d'euros, après un premier programme de prêts en faveur du pays décidé en mai 2010 qui avait atteint déjà 110 milliards d'euros.
L'autre volet porte sur un effacement de la dette de la Grèce détenue par ses créanciers privés, banques et fonds d'investissement. Ils vont accepter une perte de 53,5% au final, soit un effort accru par rapport à l'objectif initial qui était de 50%. Cela doit permettre de réduire la dette du pays d'un montant d'environ 100 milliards d'euros, un record dans l'histoire économique mondiale.
Grâce à ce plan de soutien, la Grèce devrait être en mesure de faire face à une échéance de remboursement de 14,5 milliards d'euros qui tombe le 20 mars et ainsi d'éviter le défaut de paiement. Athènes avait rempli sur le papier sa part du contrat en se pliant aux exigences de ses créanciers publics.
Importante cure d'austérité
Le gouvernement grec a adopté un nouveau plan d'austérité au prix de violentes manifestations dans la rue et de nouvelles turbulences politiques. Un plan d'économies douloureux de 3,3 milliards d'euros pour cette année a été adopté, prévoyant une réduction du salaire minimum et une limitation des retraites notamment.
Au final, le plan de sauvetage permettra de réduire l'endettement grec à hauteur de 120,5% d'ici 2020. La Grèce fera en contrepartie l'objet d'une surveillance encore renforcée de la part de ses créanciers pour s'assurer qu'elle ne dévie pas des objectifs fixés.
Les tractations ont été rendues difficiles par le fait que de nombreux pays doutaient, en dépit des promesses répétées, de la capacité de la Grèce à réaliser les réformes nécessaires, d'autant que les élections législatives à venir sont susceptibles de rebattre les cartes. Le pays lui-même est miné par la récession économique, avec cinq années consécutives de recul du PIB, et la population a de plus en plus de mal à accepter les coupes budgétaires successives exigées par les créanciers.
LES RÉACTIONS AU PLAN DE SAUVETAGE
Le
Premier ministre grec Lucas Papademos
s'est dit "très satisfait", à la fois concernant l'accord sur l'effacement de la dette publique et sur la promesse de prêts publics. Le dirigeant a également déclaré que les mesures d'économies budgétaires seront mises en place "dans les temps et de manière efficace".
Le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a affirmé que la surveillance de la Grèce par ses créanciers va être renforcée en échange du plan de sauvetage. Et de prévoir d'imposer "une présence permanente de la mission de la Commission européenne sur place".
Le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a parlé d'un "très bon accord" et a salué l'engagement du gouvernement grec à rétablir la croissance et la stabilité et celui des autres Etats à poursuivre leur aide à la Grèce,
La directrice du Fonds monétaire international Christine Lagarde a fait savoir que son institution se décidera du niveau de sa participation au nouveau plan de sauvetage au cours de la deuxième semaine de mars, lors de la prochaine réunion de son conseil d'administration. La Française a précisé que cette aide serait "conditionnée aux actions préalables que la Grèce s'est engagée à entreprendre d'ici fin février" en matière de coupes budgétaires.
Le ministre français des Finances François Baroin a salué un accord "inespéré" et "très bon", parce qu'il permet de "répartir équitablement le fardeau" entre la partie européenne et la partie grecque, entre la partie publique et la partie privée.
agences/boi/olhor
Les marchés réagissent timidement mais le cours du pétrole flambe
Les Bourses européennes ont accueilli froidement mardi l'accord décroché au forceps sur la Grèce dans la nuit, terminant en légère baisse car ce deuxième plan d'aide de 237 milliards d'euros avait été largement anticipé par les marchés.
Les marchés européens, qui avaient nettement progressé ces derniers jours, ont tous subi des prises de bénéfices: Paris a perdu 0,21%, Londres 0,29%, Francfort 0,58%, Milan 0,08% et Amsterdam 0,62%.
L'accord "constitue évidemment une bonne nouvelle mais les investisseurs sont lassés des divisions profondes dans la zone euro, qui ne garantissent pas que la Grève va pouvoir s'en sortir sur le long terme", a fait valoir Chris Weston, courtier chez IG Markets.
Les cours du pétrole ont quant à eux fini mardi à leur plus haut niveau en neuf mois à New York, à la faveur de l'enthousiasme généré par l'accord sur le renflouement de la Grèce, mais aussi des inquiétudes sur l'approvisionnement en raison des tensions au Moyen-Orient.
Selon des chiffres provisoires, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars a progressé de 2,61 dollars par rapport à vendredi, à 105,85 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), son plus haut niveau depuis le 4 mai.