La raffinerie de Cressier (NE) est en passe d'être sauvée. Le groupe zougois Petroplus a signé un accord définitif pour vendre le site à Varo Holding, une coentreprise entre le géant du commerce de pétrole Vitol et la société AtlasInvest, contrôlée par un cofondateur de Petroplus. Le repreneur compte redémarrer l'activité et poursuivre les opérations de raffinage.
Sursis concordataire
L'opération devrait être bouclée au deuxième trimestre. Elle est soumise à l'autorisation des juges compétents du Tribunal cantonal de Zoug et du Tribunal régional de Boudry (NE). La transaction comprend également la vente de certains actifs afférents à la raffinerie en lien avec les activités suisses de marketing et de logistique, a précisé l'entreprise jeudi dans un communiqué.
Petroplus est actuellement au bénéfice d'un sursis concordataire. En proie à de graves problèmes financiers, le premier raffineur indépendant d'Europe cherche à vendre ses cinq raffineries. A l'arrêt depuis la mi-janvier, la raffinerie de Cressier compte quelque 260 employés. Le personnel devrait être conservé par le repreneur, a informé un porte-parole de Vitol. Petroplus employait jusqu'à sa déconfiture 2500 collaborateurs à Cressier, à Petit-Couronne (France), Anvers (Belgique), Coryton (Grande-Bretagne) et Ingolstadt (Allemagne).
Soulagement du Conseil d'Etat neuchâtelois
"Avec cet accord, les perspectives de raffinage s'ouvrent à nouveau à Cressier", s'est réjoui le conseiller d'Etat Neuchâtelois Thierry Grosjean. Le ministre de l'économie ne s'est jamais départi de son optimisme et s'est toujours montré confiant dans ce dossier. "On devrait voir cet été la cheminée à nouveau fumer", a-t-il déclaré sur les ondes de la RTS.
La reprise du site constitue un gros soulagement pour le canton. Le démantèlement de la raffinerie risquait de coûter entre 20 et 100 millions de francs en fonction de la future affectation du lieu. Les experts de la branche ne donnaient pourtant pas cher de l'avenir de la raffinerie de Cressier. Le secteur du raffinage européen est victime d'une surcapacité chronique.
La Suisse conserve ainsi deux raffineries sur son territoire. L'autre, détenue par le groupe Tamoil, se trouve à Collombey (VS). La fermeture de Cressier aurait impliqué l'abandon de la stratégie d'approvisionnement en pétrole de la Suisse. Deux tiers du pétrole importé en terres helvétiques proviennent de l'Union européenne sous la forme de produits finis. Le tiers restant est importé sous forme de brut avant sa transformation en carburant et en huile de chauffage dans les raffineries locales.
Les autres réactions
L'annonce du rachat du site de Cressier réjouit l'Union pétrolière (UP). "On ne peut que se réjouir pour le personnel puisque les emplois sont sauvés", a souligné le responsable de l'UP pour la Suisse romande Philippe Cordonier. Le maintien de la raffinerie contribue en outre à garantir une flexibilité, une diversité dans l'approvisionnement, relève-t-il.
Le syndicat Unia exige pour sa part du repreneur qu'il donne toutes les garanties aux employés, non seulement sur le maintien des conditions de salaire et de travail, mais aussi sur la poursuite de manière durable des activités du site, a annoncé le syndicat dans un communiqué.
ats/hof
Les repreneurs sont des spécialistes du négoce pétrolier
Le site de Cressier est repris par deux spécialistes du négoce pétrolier.
Vitol s'affiche comme le numéro un mondial de la branche. La société est établie à Genève, où elle emploie environ 180 personnes.
La firme a dégagé l'an dernier un chiffre d'affaires de 297 milliards de dollars, ce qui en fait la plus grande entreprise de Suisse en terme de ventes, devant le zougois Glencore.
L'opération, dont le montant n'est pas communiqué, permet à Vitol de se développer dans la production.
"Nous sommes heureux d'avoir conclu cette transaction en partenariat avec AtlasInvest. Elle nous donne accès à une raffinerie de niche, de qualité", a commenté le patron de Vitol Ian Taylor.
De son côté, AtlasInvest est une société d'investissement contrôlée par le cofondateur de Petroplus Marcel van Poecke. Elle a son siège à Bruxelles.
Rappel des faits
16 janvier 2012: en proie à des graves difficultés financières, Petroplus met la raffinerie de Cressier et ses 260 employés à l'arrêt.
31 janvier 2010: Cressier obtient un sursis provisoire de deux mois.
7 mars 2012: la pétition "Sauvons la raffinerie de Cressier" lancée par Unia récolte plus de 2000 signatures.
30 mars 2012: la raffinerie obtient un sursis concordataire de six mois.
3 mai 2012: Petroplus indique avoir signé un accord définitif pour vendre le site de Cressier au géant Varo Holding. Le repreneur va reprendre l'activité.