Bankia a demandé vendredi soir une aide record de 19 milliards d'euros (22,8 milliards de francs) et l'Etat espagnol va créer une grande banque nationalisée qui comprendrait Bankia et les caisses d'épargne CatalunyaCaixa et Novagalicia. L'établissement a également annoncé une révision de ses comptes pour 2011, faisant apparaître une perte de près de 3 milliards d'euros.
Après une première aide publique de 4,5 milliards le 9 mai, sous forme de prêt transformé en participation pour prendre le contrôle de Bankia, la facture s'est ainsi peu à peu alourdie pour l'Etat espagnol.
Le titre de la quatrième banque cotée du pays, qui croule sous 31,8 milliards d'euros d'actifs immobiliers risqués, a par ailleurs été suspendu vendredi "de façon préventive", a annoncé l'autorité boursière.
Jeudi, le titre avait plongé de 7,43% à 1,57 euro et a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis son introduction en bourse en juillet 2011 (3,75 euros). A l'époque, son président, Rodrigo Rato, très connu pour avoir été ministre de l'Economie et directeur général du FMI, se félicitait que cette introduction représente "un point de référence pour le secteur bancaire espagnol". Moins d'un an plus tard, Rodrigo Rato a dû démissionner.
10% du système financier espagnol
Mercredi, l'Etat espagnol s'était engagé à apporter tous les fonds nécessaires à l'établissement représent 10% du système financier espagnol.
Le ministre de l'Economie, Luis de Guindos, avait évoqué mercredi un plan de redressement avec "un assainissement d'environ 7,1 milliards d'euros" et "une exigence de capital de 1,9 milliard d'euros".
Les banques espagnoles sont fragilisées depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008: il accumulait, fin 2011, 184 milliards d'euros d'actifs immobiliers problématiques - car à la valeur incertaine -, soit 60% de son portefeuille. (Lire: Des pertes de 260 milliards d'euros menacent les banques espagnoles)
afp/mre/olhor
Standard & Poor's sévit
L'agence d'évaluation financière Standard & Poor's a par ailleurs annoncé avoir abaissé la note de cinq grandes banques espagnoles, dont celles de Bankia, Bankinter et Banco Popular Espanol.
Cette décision intervient après la dégradation de deux crans de la note de l'Espagne, qui est désormais fixée à BBB+ par l'agence. Elle tient également compte de la dégradation de la position des banques, quand on exclut la probabilité de voir l'Etat voler à leur secours en cas de problème.