L'appréciation conjoncturelle de la Banque nationale suisses (BNS) n'a que peu varié par rapport à mars, malgré un contexte de vive inquiétude sur la crise financière et la crise de la dette en zone euro.
La BNS, jeudi à Berne par la voix de son nouveau président Thomas Jordan, continue de tabler sur "un lent redressement de l'économie mondiale". Tout en conservant inchangée la marge de fluctuation du Libor à trois mois à 0%-0,25%, la BNS maintient également le cours plancher de 1,20 franc pour un euro fixé le 6 septembre 2011.
"Ce cours est absolument nécessaire pour garantir la stabilité des prix et les conditions-cadre de l'économie suisse", a insisté Thomas Jordan.
Détermination réaffirmée
Alors que le franc subit toujours des pressions à la hausse, et demeure surévalué, le successeur de Philipp Hildebrand a répété la détermination de la BNS à faire prévaloir ce cours de référence. "En cas de besoin, nous sommes disposés à prendre en tout temps des mesures supplémentaires", a-t-il lancé à l'intention des marchés.
Le relèvement de la prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) en 2012, à 1,5% contre 1% il y a trois mois, s'inscrit dans une tendance à un optimisme accru, après un premier trimestre plus fort qu'attendu. Quant au risque d'inflation, Thomas Jordan l'a qualifié d'inexistant avec une prévision à -0,5% cette année.
En publiant son rapport sur la stabilité financière, la BNS a mis en lumière une insuffisance de la dotation en fonds propres d'UBS et de Credit Suisse, en particulier pour la deuxième.
Suite à l'injonction à poursuivre les efforts en la matière, les actions des deux grandes banques ont trébuché à la Bourse suisse. (Lire: L'action de Credit Suisse s'effondre après les commentaires de la BNS)
agences/vtom/mre
Craintes d'une bulle immobilière
Le vice-président de la BNS, Jean-Pierre Danthine, a répété les craintes de la banque centrale face à l'accroissement des déséquilibres sur les marchés hypothécaires et immobilier en Suisse.
La situation apparaît notamment alarmante pour le prix des appartements en propriété, a-t-il indiqué.
Dans certaines régions, comme l'Arc lémanique ainsi que les bords des lacs de Zurich et de Zoug, le constat de risque de bulle s'applique même à tous les segments du marché résidentiel.
Débat sur le franc fort au National
Les partisans d'une suppression du cours plancher de 1,20 franc pour un euro ont été fortement critiqués mercredi au Conseil national.
Même l'UDC a mis de l'eau dans son vin. Pas question officiellement pour ce parti de remettre en cause de la politique de la Banque nationale (BNS).
Les élus UDC ont a été fortement pris à partie pour la polémique qui a enflammé les médias ces derniers jours.
La gauche souhaiterait même passer à 1,30 voire 1,40 franc. Mais ces voeux ont été balayés par les partis bourgeois.
Rejet du fonds souverain
Thomas Jordan s'est également exprimé sur l'idée de constituer un fonds souverain avec les réserves de change de la BNS.
Avec la politique de cours plancher, l'institut d'émission a vu ses réserves gonfler pour dépasser les 300 milliards de francs à fin mai.
"Un fonds souverain ne revêt qu'un faible intérêt", a dit le président de la BNS. La mesure n'aiderait aucunement à affirmer le cours plancher de l'euro face au franc.
"Seule notre détermination à acheter des devises en quantité illimitée est décisive à cet effet", a-t-il souligné.