L'agence de notation Moody's a abaissé jeudi la note de 15 grandes banques occidentales, dont Credit Suisse et UBS. Parmi les autres établissements touchés figurent cinq banques américaines, trois françaises, trois britanniques, une canadienne et une allemande.
Les plus durement affectées sont les américaines Bank of America et Citigroup, dont les notes ont été rétrogradées à "Baa2" et ne se situent plus que deux crans au-dessus de la catégorie dite spéculative, selon un communiqué publié jeudi.
Pour Credit Suisse, l'agence a abaissé le rating de Aa1 à A1 et celui de l'UBS est passé de Aa3 à A2, toutes deux avec une perspective stable. D'autres grandes banques ont également subi des déclassements de la part de l'agence de notation, parmi lesquelles Morgan Stanley, JPMorgan Chase & Co, Goldman Sachs, Royal Bank of Scotland, mais également PNB Paribas, Crédit Agricole, Société Générale ou encore Deutsche Bank.
Trois groupes
Moody's a scindé en trois groupes, par ordre de solidité, les 15 banques. La sino-britannique HSBC, l'américaine JPMorgan Chase et la canadienne Royal Bank of Canada ont été versées dans le groupe de tête.
L'agence estime que malgré la taille significative de leurs activités de marché, ces trois banques ont "une capacité d'absorption des chocs supérieure à nombre de leurs pairs, matérialisée par des revenus provenant d'autres activités, généralement plus stables".
Moody's juge que ces trois institutions ont des fonds propres et une liquidité solides, tout en soulignant que leur exposition à la dette des Etats de la zone euro en difficulté et aux banques de ces pays est "contenue".
Les banques suisses dans le deuxième groupe
A l'autre bout du spectre, l'agence a relégué dans le troisième groupe les américaines Citigroup, Morgan Stanley et Bank of America ainsi que la britannique Royal Bank of Scotland (RBS).
Moody's fait valoir que leurs activités de marché ont laissé à désirer dans leur gestion du risque ou ont été marquées par une forte volatilité. Dans le même temps, les sources de revenus tirées d'autres métiers sont plus ténues ou moins stables que pour leurs grands concurrents.
Les deux banques suisses affectées par la décision de Moody's figurent dans le deuxième des trois groupes, par ordre de solidité.
Cette annonce de l'agence de notation est la conclusion de la revue lancée en février. Moody's avait alors expliqué que les notes de ces grandes institutions ne reflétaient pas la dégradation des conditions de financement, l'élargissement des spreads de crédit, le durcissement de la réglementation et la détérioration des conditions d'activité.
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ats/rber
Credit Suisse n'est pas surpris
Credit Suisse réagit avec sérénité à l'abaissement de trois crans de sa note par l'agence américaine Moody's. Ce développement était attendu de longue date et n'aura aucun effet, a indiqué vendredi le numéro deux bancaire helvétique.
La banque zurichoise est la seule des quinze grands établissements touchés à avoir subi un déclassement de trois crans. La dernière fois que Moody's a dégradé Credit Suisse remontait à 2007.
Moody's relève que Credit Suisse présente des bénéfices stables aussi bien dans la gestion de fortune que dans ses affaires en Suisse, de même qu'une liquidité saine.
UBS déplore cette réévaluation
UBS fait part de son mécontentement après l'annonce par l'agence américaine Moody's de la dégradation de deux crans de sa note. "Nous sommes évidemment déçus", a indiqué le numéro un bancaire suisse.
Pour UBS, ce développement s'explique par les adaptations liées aux changements survenus en matière de régulation et sur les marchés. Moody's a mis en avant la forte dotation en fonds propres et un engagement relativement modeste dans les pays touchés par la crise de la dette dans la zone euro.
A l'instar de Credit Suisse, UBS ne s'attend à aucun effet concret de son déclassement par l'agence de notation américaine.
Prévisions revues à la hausse pour l'économie suisse
A l'instar de la plupart des prévisionnistes, c'est au tour du KOF de revoir à la hausse ses attentes pour l'économie suisse cette année. L'institut zurichois prévoit désormais une croissance de 1,2%, alors qu'il l'estimait auparavant à 0,8%.
En revanche, pour l'an prochain, la prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) reflue de 1,9% à 1,7%, a indiqué vendredi le KOF, institut de recherches de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich.
Les quatre plus grandes économies mondiales (Etats-Unis, Chine, Japon et Allemagne) ont, certes, connu une évolution correcte ces derniers mois, mais la situation liée à la crise de la dette ne s'est guère améliorée, expliquent par ailleurs les experts.
L'incertitude reste grande quant à l'avenir de l'Union monétaire européenne, et de nombreuses entreprises pourraient maintenir une certaine réserve en matière d'investissements jusqu'à ce que la situation se clarifie.