La centrale syndicale Travail.Suisse a relevé une diminution de l'écart salarial dans pas moins de 18 entreprises sur les 27 analysées. Les baisses les plus marquées reviennent aux deux grandes banques UBS et Credit Suisse, a indiqué Travail.Suisse en présentant lundi à Berne les résultats 2011 de son étude sur les salaires des managers.
Le recul s'explique par le fait que les deux géants bancaires ont dégagé des bénéfices en forte contraction (-44% pour UBS et -62% pour Credit Suisse). L'Autorité de surveillance des marchés financiers (FINMA) a aussi joué un rôle, estime Travail.Suisse, grâce à l'exigence de rééquilibrage des rémunérations variables.
Dans les cas de l'opérateur télécoms Swisscom, du fabricant de machines pour l'emballage Bobst, du groupe alimentaire Nestlé et de l'assureur Bâloise, l'évolution de la performance s'est "légitimement" répercutée sur les salaires des directions générales, décrit Travail.Suisse. Le chocolatier Lindt & Sprüngli et l'industriel Oerlikon entrent aussi dans la catégorie.
Sept "mauvais élèves"
A l'inverse, Travail.Suisse pointe du doigt sept mauvais élèves pour avoir accru leur écart salarial de référence. Il s'agit de l'horloger Swatch Group, du géant pharmaceutique Novartis, du voyagiste Kuoni, des assureurs Swiss Life et Helvetia ainsi que des grands distributeurs Migros et Coop.
Forte hausse sur dix ans
En considérant les dix dernières années, il apparaît que les salaires des membres de direction de groupe ont augmenté en moyenne de 56%. En comparaison, sur la base de l'indice des salaires, les rémunérations réelles de l'ensemble des travailleurs n'ont, elles, progressé que de 5% sur la même période. (Lire: Les écarts de salaires continuent à se creuser en Suisse, selon l'USS)
ats/mre
Les très hauts salaires se maintiennent
Travail.Suisse a classé les 41 dirigeants d'entreprises helvétiques gagnant plus de 100 fois plus que leurs employés les moins bien pourvus en termes de rémunérations.
La tête de liste de ce classement revient au directeur général de Novartis, l'Américain Joseph Jimenez, l'homme qui a voulu fermer le site du géant pharmaceutique bâlois à Nyon (VD).
Avec 15,7 millions de francs en 2011, il a perçu 266 fois plus que le salaire le plus bas du groupe, soit 59'000 francs, a indiqué lundi Travail.Suisse.
Novartis figure aussi à la 3e place avec son président Daniel Vasella (13,5 millions et un écart de 1 à 229).
La 2e marche revient à Ernst Tanner, patron et président des chocolats Lindt & Sprüngli. Ses 10,7 millions lui assurent un traitement 230 fois plus important que ses collaborateurs de base.
Avec un rapport supérieur à 1:200, on trouve le directeur général du groupe alimentaire Nestlé, le Belge Paul Bulcke (11,2 millions de salaire en 2011 et 1:215), celui du groupe pharmaceutique Roche, l'Autrichien Severin Schwan (12,6 millions et 1:213) et celui de l'industriel ABB, l'Américain Joe Hogan (9,4 millions et 1:208).
A plus de 200, l'écart entre plus haut et plus bas salaires signifie en gros qu'un de ces directeurs généraux peut en théorie se contenter de travailler un jour pour gagner ce que l'employé de base perçoit pendant un an de labeur.
Les excès relevés dans les années 2006 à 2009, soit celles d'avant la crise financière, paraissent toutefois, pour l'heure du moins, bien éloignés.
En 2009 par exemple, le patron du Credit Suisse, l'Américain Brady Dougan, avait engrangé un salaire 1812 plus élevé que le plus bas niveau de rémunération de la banque. Daniel Vasella, en arborant encore la double casquette de directeur général et de président, avait encaissé 1752 fois plus que son collaborateur le moins bien payé.
Les Suisses se sentent libres au travail
Les Suisses se montrent en moyenne particulièrement contents de la "grande marge de manoeuvre" dont ils bénéficient au niveau de leurs horaires de travail, a indiqué le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) en publiant lundi une étude menée en collaboration avec la Haute école de la Suisse Nord-Ouest sur des données de 2010.
Ils se déclarent aussi plus libres dans leur travail que dans l'UE et jouissent de davantage de soutien de la part de leur environnement professionnel, note le SECO.
Côté négatif, les personnes actives en Suisse se plaignent comme nulle part ailleurs du rythme de travail élevé, relevé par 84% des sondés, et de la pression des délais (80%). Le poids de ces deux facteurs se sont même accrus depuis 2005, année de la publication de la première étude de ce type pour la Suisse.
Dans la foulée, les salariés helvétiques mentionnent davantage que la moyenne de leurs homologues européens des cas de menaces, de comportements humiliants et de mobbing. Malgré toutes ces brimades, il apparaît qu'en Suisse on a "nettement" moins peur de perdre son emploi que dans l'Union européenne, avec un taux en baisse quand même.