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Gunvor perquisitionné dans le cadre d'une enquête pour blanchiment

Gunvor perquisitionné, soupçons de blanchiment
Gunvor perquisitionné dans le cadre d'une enquête pour blanchiment / Info en vidéos / 2 min. / le 5 juillet 2012
Le siège genevois de Gunvor, quatrième société de négoce pétrolier au monde, a été perquisitionné début 2012. Le ministère public de la Confédération a ouvert une procédure pénale pour soupçons de blanchiment, pour l'instant dirigée contre inconnu. Les enquêteurs s'intéressent à des opérations financières suspectes en rapport avec l'achat de cargaisons de brut au Congo-Brazzaville par Gunvor. Des comptes ont été bloqués à la banque Clariden Leu.

Tout a commencé, en janvier 2012, par une perquisition de la police fédérale au siège genevois de Gunvor, rue du Rhône. L'un des employés du desk africain est alors longuement interrogé et une masse importante de documents est saisie concernant des transactions en Afrique. Son domicile est également perquisitionné.

Depuis, le ministère public de la Confédération a ouvert une "procédure pénale dirigée contre inconnu pour soupçons de blanchiment d’argent", comme l'a confirmé sa porte-parole.

Transactions financières passées à la loupe

Selon nos informations, le procureur passe à la loupe certaines opérations financières suspectes, gérées par l’employé de Gunvor, en rapport avec l'achat de cargaisons de brut au Congo-Brazzaville (République du Congo). Plusieurs comptes, dont celui de cet employé, sont bloqués à la Clariden Leu, un établissement absorbé en novembre 2011 par Credit Suisse. Le service de presse de la grande banque répond ne pouvoir faire "aucun commentaire".

Entre 2010 et mai 2012, Gunvor a acheté 18 cargaisons de brut congolais (soit 18 millions de barils), pour un total de quelques 2 milliards de dollars. Des commissions auraient pu être versées à des proches du président du Congo-Brazzaville Denis Sassou Nguesso pour obtenir le marché et l'argent de la corruption blanchi en Suisse.

Gunvor n'est pas visé par l'enquête, rappelle son avocat

Interrogé sur ce dernier point, l'avocat zurichois de Gunvor Adrian Bachmann indique ne pas être en mesure de commenter ces "rumeurs". Il fait valoir qu'"à ce jour Gunvor n’est pas visé par l’enquête, mais collabore avec le Ministère public" et que si des malversations ont eu lieu, elles relèvent du "cas individuel d'un employé dont le contrat de travail a été résilié". L’avocat précise cependant ne pas avoir accès à la procédure ouverte à Berne, puisqu'aucun compte de la société de négoce n'a été bloqué.

Sollicité par la RTS, l'ex-employé de Gunvor a refusé tout contact. Son avocat évoque le "devoir de fidélité" auquel il est astreint. A lire, l'article complet sur le blog de la Rubrique enquêtes.

Agathe Duparc

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L'irrésistible ascension de Gunvor

Fondé en 1997 par le milliardaire russo-finlandais Guennadi Timtchenko, un ancien camarade à Saint-Pétersbourg du président Vladimir Poutine, Gunvor commercialisait au milieu des années 2000 entre un quart et un tiers du pétrole brut russe.

Longtemps considéré comme le "trader favori du Kremlin", le groupe s’est ensuite diversifié dans le gaz, le charbon, opérant également sur les marchés américains, asiatiques et africains. En 2010, son chiffre d’affaire a atteint 69 milliards de dollars.