Sans surprise, la zone euro a donné son feu vert au plan d'aide aux banques espagnoles, qui prévoit une enveloppe pouvant aller jusqu'à 100 milliards d'euros, a annoncé vendredi l'Eurogroupe des ministres de Finances de la zone euro dans un communiqué.
La décision de la zone euro survient au moment où les taux d'emprunt espagnols sont repassés au-dessus de 7%, un niveau difficilement soutenable dans la durée. De nombreux analystes craignent au final que le plan d'aide ne soit pas suffisant.
Fonds de soutien de la zone euro
"Nous avons formellement approuvé le protocole qui fixe les conditions dans lesquelles il est possible de prêter de l'argent à l'Espagne pour la recapitalisation de ses banques," a précisé le ministre des Finances du Luxembourg. Les ministres ont estimé que "fournir un prêt à l'Espagne pour recapitaliser ses banques est nécessaire pour garantir la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble", ajoute le communiqué.
L'aide sera octroyée via le Fonds de soutien de la zone euro (FESF) puis le Mécanisme de stabilité (MES), appelé à lui succéder rapidement. Elle sera ensuite transmise au Fonds public d'aide pour les banques espagnoles, le Frob. Le FESF va de plus "mettre de côté 30 milliards d'euros" fin juillet, en cas de besoin urgent de recapitalisation des banques espagnoles cet été, comme déjà annoncé.
Conditions strictes
En échange de son aide, la zone euro va imposer des conditions strictes "qui se concentreront sur le secteur financier": les banques espagnoles devront présenter des plans de restructuration conformes aux règles sur les aides d'Etat et mettre à l'écart leurs actifs douteux dans une structure de défaisance, ou "bad bank". La régulation et la supervision bancaire devront également être renforcées.
En outre, "le mémorandum a établi clairement que l'Espagne doit respecter ses engagements pour corriger son déficit excessif de manière significative d'ici 2014 et doit appliquer les recommandations macro-économiques" de Bruxelles, a souligné le commissaire européen chargé des Affaires économiques, Olli Rehn, dans un communiqué à part.
agences/vtom
La Bourse de Madrid plonge de plus de 5%
La Bourse de Madrid a clôturé vendredi à moins 5,82%, après l'appel au secours lancé par la région de Valence et malgré le feu vert donné par la zone euro au plan d'aide aux banques espagnoles.
Les autres Bourses européennes ont aussi décroché vendredi, les marchés craignant une aggravation de la situation financière de l'Espagne dont les taux longs restent toujours très élevés.
A la clôture, Milan abandonnait 4,39%, Paris et Lisbonne 2,14%, Francfort 1,90%, Londres 1,09%, Amsterdam 0,84% tandis que l'Eurostoxx 50 cédait 2,83%.
Chômage plus élevé que prévu
Le taux de chômage en Espagne, le plus élevé des pays industrialisés, devrait atteindre 24,6% en 2012, un chiffre légèrement supérieur aux 24,3% attendus initialement, a annoncé vendredi le gouvernement.
En 2013, le niveau de chômage devrait très légèrement baisser, à 24,3% de la population active, puis descendre à 23,3% en 2014, selon les nouvelles prévisions macro-économiques présentées par le ministère du Budget.
A la fin du premier trimestre 2012, le chômage se situait à 24,44% des actifs, selon l'Institut national de la statistique.
Quant au recul du Produit intérieur brut (PIB), il devrait se poursuivre en 2013, a annoncé vendredi le gouvernement, avec une contraction de 0,5% alors que le gouvernement tablait jusqu'à présent sur une légère reprise, avec une faible croissance de 0,2%.
Pour 2012 en revanche, les autorités prévoient désormais un très léger mieux, avec un recul de l'économie de 1,5% du PIB contre 1,7% attendu.
En manque de liquidité, Valence demande de l'aide
La région espagnole de Valence a annoncé vendredi avoir demandé l'aide de l'Etat, en recourant au fonds d'aide de 18 milliards d'euros créé la semaine dernière, reconnaissant souffrir d'un manque de liquidités, alors que les régions endettées sont source de vives inquiétudes.
Emblèmes de la diversité culturelle du pays et jouissant d'une grande autonomie, les régions, responsables en 2011 des deux tiers du dérapage budgétaire de l'Espagne, ne peuvent plus se financer sur les marchés où les taux d'emprunt ont flambé.