Asphyxiée par la dette, la région de Murcie, dans l'est de l'Espagne, a annoncé dimanche qu'elle allait demander normalement en septembre prochain une aide financière de l'ordre de 200 à 300 millions d'euros à Madrid. Pareille demande a déjà été faite il y a deux jours par Valence.
Le président du gouvernement de Murcie, Ramon Luis Valcarcel, a indiqué au quotidien régional "La opinion de Murcia" que son gouvernement demanderait "environ 200 à 300 millions d'euros" (entre 240 et 360 millions de francs) à un nouveau fonds public d'un montant total maximum de 18 milliards d'euros, mis en place récemment par Madrid pour venir en aide aux régions en difficulté.
Ramon Luis Valcarcel a affirmé que la Murcie demanderait formellement cette aide au cours du mois de septembre. Il a ajouté qu'il s'attend à ce que les conditions posées par le gouvernement central en échange de cet argent soient "très strictes".
Valence, 1ère à ouvrir la brèche
La région de Valence, très endettée, avait indiqué vendredi qu'elle allait faire appel au même fonds faute de pouvoir trouver l'argent nécessaire pour remplir ses obligations financières.
Emblèmes de la diversité culturelle du pays et jouissant d'une grande autonomie, les régions d'Espagne, certaines très endettées, ne peuvent plus se financer sur les marchés où les taux d'emprunt ont flambé. Elles ont été responsables en 2011 des deux tiers du dérapage budgétaire de l'Espagne qui a cumulé un déficit public de 8,9% du PIB en 2011, contre les 6% promis.
agences/mre
Un gouvernement sans marge de manoeuvre
Pris en tenailles entre la colère populaire face à l'austérité et l'urgence à assainir les finances publiques, dictée par Bruxelles, le gouvernement espagnol a perdu toute marge de manoeuvre dans un pays qui prend l'eau de partout.
D'un côté, les centaines de milliers d'Espagnols descendus dans les rues jeudi, les manifestations quotidiennes, rappellent que la population est à bout.
De l'autre, les coups de semonce répétés des marchés, jusqu'à la descente aux enfers de vendredi, témoignent de l'incapacité du pays, quatrième économie de la zone euro, à redonner confiance.
Vendredi, au moment même où la zone euro bouclait, enfin, le plan prévoyant une enveloppe maximum de cent milliards d'euros pour les banques, asphyxiées par leur exposition à l'immobilier, un vent de panique a balayé les marchés.
La Bourse de Madrid a perdu près de 6%, les taux d'intérêt espagnols ont dépassé les 7%, proches de leur plus haut historique, et la prime de risque, le surcoût que doit payer l'Espagne par rapport à l'Allemagne, pour se financer, a dépassé les 600 points de base, un record.