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L'agence de notation Moody's pourrait retirer à l'Allemagne son "triple A"

Moody's provoque bien des remous. [Mark Lennihan/Keystone]
Moody's s'inquiète de la probabilité grandissante que l'Union européenne soit contrainte d'aider, en plus de la Grèce, d'autres Etats de la zone euro. - [Mark Lennihan/Keystone]
L'agence de notation financière Moody's n'exclut plus de retirer à l'Allemagne, première économie en Europe, le fameux "triple A" reflétant sa solidité financière. En cause: "l'incertitude croissante" qui entoure la crise de la dette en zone euro.

Moody's a annoncé lundi qu'elle abaisse de "stable" à "négative" la perspective de l'Allemagne mais également des Pays-Bas et du Luxembourg. Ces trois pays jouissent de la note Aaa, la meilleure possible, censée leur permettre d'emprunter à moindre coût sur les marchés financiers.

Le ministère allemand des Finances a aussitôt réagi dans un communiqué en clamant que Berlin continuerait d'être une "ancre de stabilité" dans la zone euro. "L'Allemagne va tout faire avec ses partenaires pour surmonter le plus rapidement possible la crise de la dette européenne", a ajouté le ministère. L'agence de notation financière a également indiqué qu'elle réexaminera "à la fin du troisième trimestre" le triple A accordé à la France et l'Autriche. Elle avait placé ces deux pays sous perspective négative en février.

Craintes de nouveaux fardeaux

Concrètement, le placement sous perspective négative signifie que l'agence n'exclut pas un abaissement de la note souveraine en cas de dégradation de la situation. Même si elle n'en fait pas son "scénario de travail", l'agence justifie tout d'abord sa décision par "la probabilité de plus en plus forte d'une sortie de la Grèce de l'euro". Elle évoque l'"impact plus large" qu'un tel événement aurait sur des pays déjà exsangues (Espagne, Italie) et sur l'ensemble de la zone euro.

Quel que soit le sort de la Grèce, Moody's s'inquiète surtout de la "probabilité de plus en plus forte" que l'Union européenne (UE) soit contrainte d'aider à nouveau d'autres Etats de la zone euro. Elle craint que ce "fardeau" pèse surtout sur les pays les plus solides de la zone. "Etant donné leur plus grande capacité à absorber le coût lié à cette aide, ce fardeau devrait principalement peser sur les Etats les mieux notés (financièrement, ndlr) de la zone euro", écrit l'agence.

ats/afp/vtom

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La Finlande, dernier pays épargné

Au total, six pays de l'Union européenne bénéficient encore d'un "triple A" accordé par Moody's mais seule la Finlande jouit encore d'une "perspective stable".

L'agence a confirmé ce point lundi, en soulignant la faible exposition de l'économie et du système bancaire finlandais aux vicissitudes européennes.

Les Bourses européennes sous tension

La tension s'est avivée mardi sur les places financières européennes, affectant particulièrement Milan et Madrid, touchée de plein fouet par les difficultés de la Catalogne.

A la clôture, Madrid affichait une chute de 3,58%, l'Ibex-35 atteignant son plus bas niveau depuis le 1er avril 2003. Milan a reculé de 2,7%.

Paris, Francfort et Londres ont limité leurs pertes, le Cac 40 cédant 0,87%, le Dax 0,45% et le FTSE-100 0,63%.

La Bourse suisse a quant à elle terminé juste dans le rouge. L'indice principal, le Swiss Market Index (SMI), a baissé de 0,09% à 6174,89 points.

Le président de l'Eurogroupe s'engage à "assurer la stabilité de la zone euro"

Le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a exprimé mardi dans un bref communiqué son "ferme engagement pour assurer la stabilité de la zone euro dans son ensemble" après l'annonce de Moody's.

Le Premier ministre du Luxembourg a dit prendre "bonne note de la décision de Moody's qui confirme la notation élevée d'un nombre important d'Etats de la zone euro, soutenue par les fondamentaux sains qu'ont ces (trois) pays et d'autres au sein de la zone euro".