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L'Europe lance sa principale arme anticrise

Les ministres européens des Finances posent avant la réunion de lancement du Mécanisme européen de stabilité au Luxembourg. [JOHN THYS]
Les ministres européens des Finances posent avant la réunion de lancement du Mécanisme européen de stabilité au Luxembourg. - [JOHN THYS]
Avec le Mécanisme européen de stabilité (MES) de 500 milliards d'euros, lancé lundi, la zone euro dispose d'un pare-feu qui intéresse notamment l'Espagne, pays au coeur des préoccupations de l'Eurogroupe. Dans l'attente de la visite de la chancelière allemande mardi à Athènes, aucune décision n'a été prise concernant la Grèce.

La zone euro a lancé officiellement lundi sa principale arme anticrise, le Mécanisme européen de stabilité (MES) de 500 milliards d'euros.

Réunis à Luxembourg, les ministres des Finances des 17, par ailleurs gouverneurs du MES, ont signé l'acte de naissance de cet instrument financier stratégique qui pourra servir à recapitaliser directement les banques de la zone euro, sans alourdir la dette des Etats. A condition toutefois que les Européens mettent en place un mécanisme commun de supervision bancaire, prévu au mieux début 2013.

Étape historique

"Le lancement du MES constitue une étape historique dans la construction de l'Union monétaire, la zone euro est désormais pourvue d'un pare-feu permanent et efficace", s'est félicité le chef de file de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, lors d'une conférence de presse.

Les agences de notation Fitch et Moody's ont attribué au MES la note triple A, la plus élevée, qui permet d'emprunter aux meilleurs taux.

Banques en difficulté

La possibilité de recapitaliser directement les banques intéresse au plus haut point l'Espagne, qui a obtenu en juin une ligne de crédit de 100 milliards d'euros de la zone euro pour aider ses banques en difficulté. Mais l'Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande ont récemment laissé entendre que cela ne s'appliquerait pas aux banques déjà en difficulté avant l'entrée en vigueur du mécanisme.

Le ministre irlandais des Finances, Michael Noonan, a indiqué qu'il doutait que ce point soit éclairci lundi. Mais "la politique décidée le 29 juin par les dirigeants est celle qui prévaut", a-t-il insisté.

Le mécanisme prendra à terme la relève du Fonds de secours actuel, le FESF. Les deux instruments vont cohabiter jusqu'en juin 2013, ce qui permettra un temps de cumuler leur capacité de prêts pour atteindre 70O milliards d'euros.

afp/jgal

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Angela Merkel attendue à Athènes mardi

La zone euro s'est contentée lundi de faire un état des lieux des finances publiques et des négociations entre la Grèce et ses principaux créanciers sur son programme d'économies budgétaires. Aucune décision ne sera prise avant la visite de la chancelière allemande à Athènes mardi, avait prévenu Jean-Claude Juncker.

Aucun accord n'est intervenu ce week-end sur ce programme, qui est un préalable au déblocage d'une nouvelle tranche d'aide de 31,5 milliards d'euros. Les négociations ont été suspendues et doivent reprendre dans la semaine.

Vendredi, le Premier ministre grec Antonis Samaras avait reconnu que son pays ne pourrait tenir que "jusqu'à la fin novembre" car "après, les caisses sont vides".

Environ 6500 policiers et membres des forces anti-émeutes sont prévus pour assurer la sécurité d'Angela Merkel et le centre-ville sera interdit à la circulation et aux piétons par crainte de manifestations.

L'Espagne au coeur des interrogations

Outre l'examen des mesures d'austérité récemment décidées par le gouvernement, les ministres se sont interrogés sur la nécessité pour le pays de demander une aide globale pour son économie.

"L'Espagne n'a pas besoin d'aide. C'est ce que le gouvernement espagnol ne cesse de répéter", a souligné le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, soutenu par le Luxembourgeois Luc Frieden.

Le Français Pierre Moscovici est sur une autre ligne. "Nous respectons la souveraineté de ce grand pays qu'est l'Espagne, mais nous sommes prêts à répondre à toute initiative qui serait prise", a-t-il déclaré à la presse.

Madrid freine depuis des mois, par crainte de se voir imposer de nouvelles conditions en échange d'un sauvetage. Ses taux d'emprunt flambaient il y a plusieurs semaines, mais ils se sont fortement détendus grâce aux mesures anti-crise annoncées par la Banque centrale européenne début septembre.

Une tranche d'aide de 4,3 milliards pour le Portugal

La zone euro a donné lundi son feu vert au versement d'une tranche d'aide au Portugal pour un montant de 4,3 milliards d'euros (5,2 milliards de francs suisses).

Une partie sera versée par le Fonds monétaire international, précise un document publié à l'issue d'une réunion de l'Eurogroupe à Luxembourg. L'Eurogroupe "salue les actions déterminées entreprises par le gouvernement portugais". Ce dernier a annoncé ces derniers jours une hausse générale des impôts pour répondre aux exigences de la troïka de ses créanciers.

Un versement de 800 millions a été approuvé par l'Eurogroupe. Par ailleurs, 3,5 milliards d'euros supplémentaires devraient être versés à la fin du mois par la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI).

Chypre est sommé d'accélérer

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, en visite à Limassol, et la zone euro ont appelé Chypre lundi à parvenir rapidement à un accord sur le plan de sauvetage financier proposé par la troïka (UE, FMI, BCE) pour renflouer son économie.

Il a appelé les partis politiques et les syndicats à faire les "efforts importants" exigés de la part de Chypre pour faire face aux défis de l'austérité, nécessaire à la relance de son économie touchée par la récession.

L'heure presse d'autant plus que l'agence d'évaluation financière Moody's a sévèrement sanctionné Chypre lundi soir, en abaissant sa note de trois crans à "B3", ce qui devrait renchérir son accès aux marchés financiers.