Depuis Genève, le directeur général du Bureau international du travail (BIT) Guy Ryder a lancé ce jeudi un cri d'alerte et a demandé un changement de de direction pour éviter une aggravation de la crise économique mondiale.
Les politiques d'austérité doivent être repensées, a-t-il déclaré. Le nouveau patron du BIT a exprimé son soutien aux propos tenus quelques heures auparavant par la directrice générale FMI Christine Lagarde recommandant de donner davantage de temps aux pays les plus endettés pour réduire leurs déficits.
"Le scénario le plus pessimiste se réalise"
"La communauté internationale est à un tournant. J'espère qu'elle va s'engager dans une direction différente. C'est le moment de repenser les politiques d'austérité", a déclaré Guy Ryder. Il a averti que l'effet multiplicateur des mesures d'austérité en Europe a des conséquences sociales désastreuses.
Le scénario le plus pessimiste du BIT concernant l'évolution du chômage est en train de se réaliser, a-t-il souligné. Guy Ryder a donné l'exemple de la Grèce. "Je ne crois pas qu'un pays dont le PIB se contracte de 6 à 7% puisse rembourser sa dette", a-t-il affirmé. (voir encadré)
"Erreurs commises dans les années 80 et 90"
Il a également déploré la rupture du dialogue social et le "démantèlement du marché du travail" qui conduit à un "sentiment d'injustice" et à un "phénomème de rejet". Il a aussi cité le cas de l'Espagne.
Il a estimé qu'en Europe actuellement, "on est en train de refaire les erreurs commises dans d'autres régions du monde par les politiques d'ajustement structurel dans les années 80 et 90", faisant référence aux mesures imposées en Amérique Latine et en Asie par le FMI et la Banque Mondiale.
agences/mre
Mesures proposées
Guy Ryder a proposé quatre mesures pour inverser la tendance vers un ralentissement de la croissance mondiale: des investissements dans les infrastructures publiques, l'amélioration de l'accès des petites et moyennes entreprises au crédit, le renforcement des systèmes de protection sociale "qui ont un effet de stabilisation automatique".
Il a également plaidé en faveur "de sérieux efforts" sur le plan international pour juguler la crise de l'emploi des jeunes, "une épidémie mondiale de proportion réellement dramatique".
Un quart des Grecs sans travail
Plus d'un quart de la population active en Grèce était au chômage en juillet, le taux s'élevant à 25,1%, "contre 17,8% en juillet 2011 et 24,8% en juin", a annoncé jeudi l'Autorité des statistiques grecques (Ase).
"Le nombre de demandeurs d'emploi a atteint 1,261 million de personnes contre 3,7 millions qui ont du travail", précise le communiqué de l'Ase.
Le chômage frappe plus de la moitié des jeunes non scolarisés de 15 à 24 ans, à 54,2%, ainsi que les femmes à 29%, contre 22,3%. La deuxième tranche d'âge touchée par le chômage est celle des personnes entre 25 et 34 ans dont 31,4% étaient sans emploi en juillet, avant celle de 35 à 44 ans, à 21,3%.
Le taux de chômage en Grèce a plus que doublé, depuis le début de la crise de la dette en 2010.