4300 employés de Ford menacés par la fermeture d'une usine en Belgique

Mercredi, les salariés de Ford attendaient la tenue d'une réunion extraordinaire devant l'entrée principale de l'usine d'assemblage de Genk, en Belgique. [DIRK WAEM]
Mercredi, les salariés de Ford attendaient la tenue d'une réunion extraordinaire devant l'entrée principale de l'usine d'assemblage de Genk, en Belgique. - [DIRK WAEM]
Le constructeur automobile a annoncé mercredi son intention de fermer à fin 2014 son usine employant 4300 personnes à Genk, en Belgique. Ford prévoit de transférer la production en Espagne.

La direction du constructeur automobile américain Ford a annoncé mercredi son intention de fermer d'ici fin 2014 son usine de Genk en Belgique qui emploie quelque 4300 personnes, ont annoncé des sources syndicales citées par l'agence Belga.

L'assemblage des modèles Mondeo, S-Max et Galaxy se poursuivra à Genk jusqu'à la fin du cycle de production en cours, puis sera transférée vers Valence, en Espagne, a expliqué un responsable du syndicat socialiste FGTB, Pierre Vrancken à l'issue d'un comité d'entreprise extraordinaire.

L'usine d'assemblage belge est sous-utilisée, alors que le constructeur fait face comme plusieurs de ses concurrents à des surcapacités de production en Europe.

Jusqu'à 10'500 salariés concernés

En comptant les salariés des sous-traitants, Ford Genk fournit de l'emploi à quelque 10'500 personnes. Il est donc le premier employeur de la province flamande du Limbourg, située non-loin de la frontière avec les Pays-Bas.

La perspective de la fermeture de Ford Genk, relancée récemment par le "Wall Street Journal", semblait s'être éloignée il y a tout juste un mois lorsque la direction américaine de Ford a annoncé le lancement de la production en octobre 2013 de la nouvelle Mondeo, dont l'ancien modèle est produit à Genk.

Coup dur pour l'économie belge

Syndicats et responsables politiques locaux avaient interprété cette annonce comme la garantie de la continuation des activités à Genk pour plusieurs années.

La direction européenne de Ford doit rencontrer plus tard dans la journée le Premier ministre belge Elio Di Rupo et le chef du gouvernement régional de la Flandre, Kris Peeters.

Quinze ans après la fermeture de Renault Vilvorde, près de Bruxelles, et deux ans après celle d'Opel à Anvers, l'arrêt de la production à Genk est un nouveau coup très dur pour l'industrie automobile belge, autrefois l'un des piliers de l'économie du royaume.

agences/jgal

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Les salariés se sentent trahis

Des travailleurs réunis devant l'usine belges étaient en pleurs lorsque la nouvelle, crainte depuis plusieurs jours, a été confirmée par des responsables syndicaux à l'issue d'un court comité d'entreprise extraordinaire convoqué dans l'urgence par la direction de Ford.

L'un des ouvriers s'est évanoui, tandis que des insultes fusaient et que des travailleurs tombaient dans les bras les uns les autres, le regard hagard.

Les quelques centaines de salariés réunis devant l'usine, qui affichaient les couleurs de leurs syndicats, sont toutefois dans l'ensemble restés calmes.

C'était surtout l'incompréhension et le sentiment de trahison qui dominaient, Ford ayant rassuré ses salariés belges lorsque sa direction américaine avait laissé entendre en septembre que Genk produirait la nouvelle Mondeo.

Les salariés belges sont d'autant plus amers qu'ils avaient accepté il y a deux ans des baisses de salaires et un renforcement des cadences.

Les patrons incriminent les coûts salariaux

L'organisation patronale flamande Voka a immédiatement imputé cette fermeture aux coûts salariaux.

"Pour affronter la concurrence avec l'étranger, les charges salariales des entreprises doivent baisser drastiquement", a estimé son administrateur délégué, Jo Libeer.

Le représentant du patronat s'est toutefois voulu relativement rassurant pour les salariés de Genk. "L'expérience de ce genre de restructurations démontre qu'un an et demi après la fermeture, deux tiers des travailleurs concernés ont retrouvé du travail", a-t-il avancé.

Cette annonce intervient alors que le gouvernement socialiste-libéral-centriste d'Elio Di Rupo entame la préparation du budget de l'Etat 2013, pour lequel il doit combler un trou de quelque 3,7 milliards d'euros.