UBS va restructurer sa banque d'affaires et a annoncé mardi matin la suppression de près de 10'000 emplois, dont 2500 en Suisse, d'ici trois ans.
La réduction d'effectifs touche principalement la banque d'affaires, dont la taille sera considérablement réduite, mais des postes seront également biffés dans l'informatique. La coupe devrait toucher en particulier les centres comme New York, Londres et Singapour.
"Cette décision a été difficile à prendre, particulièrement dans une activité comme la nôtre qui est basée sur les personnes. Certaines réductions de postes seront compensées par le taux de fluctuation naturel et nous prendrons toutes les mesures qui s'imposent pour atténuer l'impact global de ces changements", a indiqué le directeur général Sergio Ermotti.
Vers des économies de 5,4 milliards
L'établissement zurichois, qui comptait 63'745 employés à la fin septembre, table sur des économies de 5,4 milliards de francs et veut abandonner certaines activités risquées dans la banque d'affaires, notamment l'activité de revenus fixes, a-t-elle précisé dans un communiqué.
D'ici 2015, UBS veut réduire ses effectifs à 54'000 personnes. En raison de cette restructuration, la première banque suisse a subi une perte de 2,2 milliards de francs au troisième trimestre. Les comptes de la banque ont plongé en raison d'une charge exceptionnelle de 3,1 milliards de francs liée à la restructuration de sa division banque d'affaires et d'une charge sur sa dette de 863 millions.
Assurer la réussite à long terme
La banque table sur une charge de restructuration supplémentaire d'environ 500 millions de francs au quatrième trimestre, où elle s'attend par ailleurs à attirer de nouvelles entrées de fonds malgré un environnement économique difficile.
"Les mesures que nous prenons maintenant assureront la réussite à long terme de l'entreprise dans cet environnement réglementaire et économique fondamentalement changé et qu'à l'avenir elles généreront des rendements durables pour nos actionnaires", a précisé la banque.
agences/pym/hend
Johann Schneider-Ammann déplore les suppressions d'emplois
Le conseiller fédéral en charge du Département de l'économie, Johann Schneider-Ammann, voit le signe que la place financière suisse demeure sous pression. "Sous cet angle, les banques doivent orienter leurs stratégies de telle façon à garantir l'avenir", a expliqué mardi Johann Schneider-Ammann sur les ondes de la radio publique alémanique.
Selon lui, la bonne nouvelle est qu'une solution est recherchée, la mauvaise étant symbolisée par les pertes d'emplois.
L'action UBS s'envole de plus de 4,6% à la Bourse suisse
L'action UBS a ouvert en forte hausse mardi à la Bourse suisse, confirmant une tendance déjà observée la veille. Les investisseurs ont salué l'annonce par le numéro un bancaire helvétique de l'accélération du réalignement de sa banque d'affaires et la suppression des quelque 10'000 postes.
A la clôture, l'action UBS avait pris 5,87%, à 13,89 francs suisses, dans un marché en hausse de 0,48%.
Pour mémoire, l'action UBS s'était déjà fortement apprécié lundi, sur fond de rumeurs persistantes de suppressions d'emplois massives. Le titre de l'établissement avait ainsi terminé la séance sur un rebond de 7,28% par rapport à son cours de clôture de vendredi à 13,12 francs.
Demande de moratoire
L'Association suisse des employés de banque (ASEB) s'inquiète des suppressions d'emplois annoncées par UBS. Elle demande en particulier une sorte de moratoire sur les licenciements.
L'ASEB appelle ainsi le numéro un bancaire suisse à renoncer à prononcer des licenciements de "façon précipitée". Elle fonde son appréciation au vu du bénéfice opérationnel réalisé par l'établissement.
En supprimant 2500 postes rien qu'en Suisse, UBS va tracer un dixième de tous les emplois qu'elle compte dans le pays, rappelle l'ASEB. Celle-ci craint que la disparition de spécialistes n'entraîne des répercussions négatives pour l'avenir de la banque elle-même.
L'ASEB salue en revanche le redimensionnement de la division banque d'affaires d'UBS. L'organisation de défense du personnel bancaire estime l'entité bien trop gourmande en capital. Un point de vue que partagent les employés de commerce, via leur syndicat sec suisse, pour qui la mesure est pleinement justifiée au niveau économique.