L'économie suisse résiste à la morosité conjoncturelle mondiale et reprend même de la vigueur. Après une légère contraction de 0,1% (chiffre inchangé) au deuxième trimestre 2012, le PIB a progressé de 0,6% au troisième trimestre par rapport au précédent.
Meilleure activité
En glissement annuel, le PIB a progressé de 1,4%, a indiqué jeudi le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO). "Il s'agit d'une très belle surprise. Les chiffres sont positifs", souligne Janwillem Acket, économiste en chef de la banque Julius Baer.
Les dépenses des ménages (+0,1%) et du secteur public (+1,7%), ainsi que les exportations de marchandises (+2,3%) ont contribué favorablement à la croissance au cours du troisième trimestre.
Les services (-1,4%) et les investissements (-0,5%), en revanche, accusent un repli. Du côté de la production, la plupart des secteurs ont enregistré une embellie, en particulier l'industrie (+1,2%). Et ce grâce, à la pharma notamment.
Face à la zone euro
Cette progression intervient alors que la zone euro vient de plonger à nouveau dans la récession, plombée par la crise de la dette. "Si on regarde l'évolution depuis dix ans, on observe que l'économie suisse est un peu plus robuste que la moyenne des pays européens depuis un certain temps", relève Bruno Parnisari, chef du secteur conjoncture du SECO.
"L'endettement et les politiques fiscales restrictives n'ont pas une acuité aussi grave que dans certains pays européens", fait remarquer Bruno Parnisari. A ses yeux, il est difficile de comparer la Suisse, et ses huit millions d'habitants, à des pays beaucoup plus grands comme l'Allemagne.
Malgré la pression exercée par le franc fort, les exportations ont été plus vigoureuses, note Bruno Parnisari. La pharma-chimie, première branche exportatrice, joue un rôle important dans cette évolution, car elle semble moins dépendante de la conjoncture mondiale que d'autres secteurs, ajoute-t-il.
ats/aduc
Prudence pour les prévisions
Les incertitudes demeurent sur l'évolution de l'économie helvétique. "Le ralentissement de la conjoncture mondiale a déjà un impact visible sur les exportations depuis la fin 2010, relève Bruno Parnisari.
"Même si l'économie suisse nous a surpris positivement durant les derniers trimestres, il est délicat d'extrapoler les tendances passées dans un environnement qui reste incertain" ajoute-t-il. Les experts du SECO prévoient une croissance du PIB de 1% en 2012.
L'économiste en chef de la banque Julius Baer Janwillem Acket appelle à la prudence: "Des nuages très sombres s'amoncellent à l'horizon". La croissance des exportations au troisième trimestre est due en partie à des effets de stocks, précise-t-il.
Les exportations dépendent de la conjoncture européenne, qui se dégrade, avertit l'économiste. L'hiver et le premier semestre 2013 s'annoncent difficiles avec notamment la menace du mur budgétaire aux Etats-Unis.