Deux dirigeants de TeliaSonera, l'opérateur suédois de télécommunications, sont suspectés de corruption. Selon la chaîne publique suédoise SVT, ils auraient versé de l'argent à Gulnara Karimova, la fille du président ouzbek qui réside actuellement à Genève, afin que leur firme accède au marché de ce pays. L'avocat Hans Strandberg confirme que ces deux clients sont sous enquête. De son côté, TeliaSonera continue d’affirmer qu'aucun pot-de-vin n’a été versé pour que la firme puisse s'installer en Ouzbékistan en 2007.
La SVT avait révélé cet automne l'existence d’un versement de 250 millions de dollars de TeliaSonera à Takilant, une compagnie offshore basée à Gibraltar. Cette compagnie est contrôlée par une jeune femme de 24 ans, Gayane Avakian, qui est également l'assistante personnelle et une intime de Gulnara Karimova.
Enquête suisse en cours
Cet été, Gayane Avakian et trois autres citoyens ouzbeks sont tombés dans le collimateur du Ministère public de la Confédération (MPC) dans le cadre d’une enquête pour corruption et blanchiment d’argent. Une enquête qui cible en particulier la firme TeliaSonera. Selon des informations recueillies par la SVT et la RTS cet automne, la Confédération a bloqué plusieurs centaines de millions de francs dans plusieurs banques suisses.
La banque privée genevoise Lombard Odier, qui avait communiqué ses soupçons aux autorités suisses en été, hébergeait trois comptes bancaires: deux pour la société Takilant et un troisième pour les salaires de Gayane Avakian. Selon Le Matin Dimanche, les agissements paniqués de Gayane Avakian et deux autres proches de Gulnara Karimova ont provoqué la réaction de Lombard Odier.
D'autres versements analysés
Selon des informations de la RTS, le MPC enquête désormais sur d’autres versements suspects vers une demi-douzaine de banques suisses. Outre une transaction qui se chiffre en dizaines de millions de francs pour l'obtention d'une licence de téléphonie 4G pour la filiale ouzbèke de TeliaSonera, plusieurs transactions de moindre importance ont aussi transité vers des entités offshore reliées à des comptes bancaires suisses.
Tous mènent vers la même personne: Gulnara Karimova, au bénéfice d’une immunité diplomatique en raison de son statut d’ambassadrice aux Nations Unis à Genève.
Yves Steiner