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UBS manipulait le taux d'intérêt du franc suisse depuis 2001

La salle de trading d'UBS à Opfikon. [Martin Ruetschi]
Le département en charge de la trésorerie d'UBS aurait systématiquement arrondi son estimation du taux Libor pour en faire profiter ses propres positions. - [Martin Ruetschi]
La banque UBS manipulait à son profit le taux d'intérêt du franc suisse depuis plus de dix ans. Ce scandale fait suite à l'affaire des manipulations du Libor pour laquelle des plaintes sont en suspens.

Depuis plus de dix ans, UBS a "systématiquement joué" avec le taux d'intérêt du franc suisse à son profit, révèle Le Matin Dimanche en citant les enquêteurs du Département américain de la Justice.

"Depuis 2001 au moins et jusqu'en septembre 2009", le département en charge de la trésorerie d'UBS aurait systématiquement arrondi son estimation du taux Libor pour en faire profiter ses propres positions. Par la manipulation de cet indice, les traders pouvaient influencer la valeur de dizaines de milliers de dollars de produits financiers liés au taux d'intérêt.

Répercussions sur toute l'économie

Mais ces mouvements ne se répercutaient pas seulement sur les paris pour compte propre de la banque. Toute l'économie suisse était influencée par l'intermédiaire des hypothèques, des leasings de voitures et des produits financiers vendus par centaines de milliards aux caisses de pension.

Le logo de l'UBS. [Steffen Schmidt]
Le logo de l'UBS. [Steffen Schmidt]

Dans l'affaire des manipulations du Libor au niveau international, UBS a dû se résoudre à verser une amende d'environ 1,4 milliard de francs aux régulateurs américains, anglais, britanniques et suisses.

Cette amende n'est cependant pas la seule facture à charge d'UBS dans le scandale du Libor. La banque a déjà dépensé 100 millions de francs pour l'enquête interne et l'examen de millions de données, a relevé la NZZ am Sonntag. Il a en effet fallu recourir à 410 avocats pour effectuer ces opérations.

Malgré les rumeurs qui couraient, l'amende de 1,4 milliard de francs n'était pas vraiment attendue et est trois plus élevée que celle de la banque anglaise Barclays. Elle reste toutefois limitée par rapport au coût des tricheries de la banque, qui ne peut pas être déterminé car il est lié au volume des hypothèques directement liées au Libor vendues dans le pays. Un chiffre tenu secret par la Banque nationale suisse.

La Finma conciliante

Le surveillant suisse des marchés financier, la Finma, n'a que brièvement mentionné cette pratique dans son rapport du 19 décembre qui marque, à ses yeux, la fin de l'affaire. Si elle admet que les violations d'UBS étaient "sévères", elle estime que la banque cherchait avant tout à "influencer la perception" de sa situation financière face "aux autres participants des marchés" et "aux médias", depuis le début de la crise.

Cette position conciliante de la Finma, dénoncée par l'ancien directeur d'UBS Oswald Grübel (lire ci-contre), entre donc en contradiction avec les conclusions des enquêtes américaines et britanniques, qui affirment qu'UBS manipulait le Libor depuis de nombreuses années et bien avant la crise des subprimes.

vkiss avec les agences

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Oswald Grübel critique la Finma

L'ancien directeur d'UBS Oswald Grübel critique vertement l'Autorité fédérale de surveillance des marchés, la Finma. Il considère qu'elle n'a pas fait son travail dans l'affaire des manipulations du Libor qu'elle pouvait connaître depuis des années, rapporte le journal alémanique Der Sonntag.

Les régulateurs du marché savaient depuis des années que le Libor pouvait être manipulé mais n'ont entrepris quelque chose que maintenant, et naturellement, la politique a également joué un rôle dans ce cas qui dépasse les frontières, a-t-il relevé.

Oswald Grübel considère la Suisse comme un bouc-émissaire qui ne se défend pas mais a également fourni les armes à ses adversaires. Selon lui, les médias anglo-saxons ont une joie maligne à taper sur la Suisse et UBS.

"Nous étions déjà pour eux un brin de paille dans l'oeil; finalement, il semble prouvé que les banques suisses sont encore pire que les leurs", a-t-il déploré.

Des plaintes en suspens

Il ne devrait pas y avoir de plainte en responsabilité contre d'anciens membres du conseil d'administration de la banque, comme le demande un représentant des actionnaires, selon la "NZZ am Sonntag". UBS veut éviter des procédures judiciaires contre ses anciens dirigeants et éviter de donner des munitions à d'éventuelles plaintes en dommages-intérêts. Une clause inscrite dans les conditions de départ de l'ancien président Marcel Ospel stipule d'ailleurs que la banque renonce à toute procédure judiciaire contre lui. Le président d'UBS Axel Weber a lui insisté sur le fait que l'établissement va tirer les leçons de l'affaire de manipulations du taux Libor. "Nous sommes en train d'améliorer les systèmes de contrôle", déclare-t-il dans le SonntagsBlick.

En revanche, l'avocat Michael Hausfeld prépare une plainte collective aux Etats-Unis, selon la SonntagsZeitung. Les "aveux partiels" de l'UBS, qui a accepté l'amende de 1,4 milliard de francs, vont lui être utiles pour cette action en dommages-intérêts. Si les découvertes des autorités se révèlent exactes, il sera alors clair que les manipulations ont été efficaces, a-t-il souligné. En résumé, un tel système a fait faire des bénéfices à ceux qui trompent leurs clients.

UBS s'exprime sur sa restructuration

Le directeur général d'UBS Sergio Ermotti juge sévèrement les adversaires de la transformation en cours du numéro un bancaire suisse. Ceux qui à l'interne critiquent ce choix doivent en tirer les conséquences et quitter l'établissement, estime le Tessinois dans le SonntagsBlick, conjointement avec le président de la banque Axel Weber. Pour mémoire, UBS a annoncé fin octobre la suppression de près de 10'000 emplois et le redimensionnement à la baisse de son unité banque d'affaires.

De son côté, Axel Weber s'est notamment exprimée dans les colonnes de l'hebdomadaire dominical alémanique sur le récent échec de l'accord fiscal avec l'Allemagne, son pays d'origine d'ailleurs. Les clients allemands d'UBS ne peuvent ainsi plus espérer régulariser leur argent via cette approche. "Nous observons déjà parmi nos clients une nette accélération de l'autodénonciation", explique Axel Weber.