Le conflit Orange-Alcatel en Suisse pourrait laisser 45 employés sans travail

Quarante-cinq employés d'Alcatel-Lucent sont pris en otage d'un désaccord avec Orange depuis la fin, au 31 décembre 2012, du contrat qui liait l'équipementier en télécommunications franco-américain et l'opérateur suisse de téléphonie.

Ce dernier avait externalisé la construction et l'entretien de ses infrastructures au premier en 2007. Une partie des employés d'Alcatel-Lucent concernés ont pu être transférés  chez l'équipementier Ericsson, mais 45 autres ne savent toujours pas de quoi leur avenir sera fait.

Un an d'incertitude sur l'avenir

Pour une bonne part, les employés concernés étaient d'anciens collaborateurs d'Orange, transférés chez l'équipementier Alcatel-Lucent lors de l'externalisation de leur activité en 2007. Au total, ce sont quelque 150 collaborateurs qui ont attendu des nouvelles de leur avenir pendant près d'un an. Ces dernières sont arrivées il y a un mois seulement, à la veille de Noël.

Un ingénieur qui a souhaité conserver l'anonymat témoigne: "Ils ont attendu mi-décembre pour nous informer qu'une solution partielle avait été trouvée avec un autre prestataire de service, que la majorité des gens seraient pris en charge par ce nouveau prestataire et que, pour les autres, ils allaient nous informer dans le courant de la semaine de Noël".

Ericsson reprend la maintenance du réseau Orange

Comme le révélait le blog scal.ch en décembre, c'est Ericsson qui reprend la maintenance du réseau Orange. Mais la solution ne concerne qu'une petite centaine d'employés car l'équipementier suédois ne reprendra pas les activités de construction ou de développement.

45 personnes restent, elles, dans l'incertitude. Le 28 décembre dernier, elles ont reçu des informations contradictoires par écrit. Alcatel-Lucent les invitait à se rendre chez Orange dès le 1er janvier 2013, mais ce dernier leur affirmait de son côté que l'équipementier franco-américain restait leur employeur. Début janvier, ceux qui se sont aventurés devant les portes de l'opérateur ont été refoulés.

La situation n'est guère meilleure chez Alcatel-Lucent: "Nous avons constaté que nos badges ne fonctionnaient plus et que nous nous n'avions plus d'email", révèle le témoin. "On nous a gentiment prié de ramener notre équipement à une certaine date et on nous a mis à disposition une petite salle pour que le personnel puisse rencontrer les gens du syndicat".

Situation totalement bloquée

Chacun se renvoie donc la responsabilité de cette situation. Alcatel-Lucent assure encore les salaires durant trois mois, mais il n'y a plus de travail. Les 45 employés concernés seront formellement licenciés avant la fin janvier, une situation qui provoque un sentiment de révolte chez certains d'entre eux: "Je suis bouleversé par ce qui nous arrive", dit l'ingénieur interrogé par RTSinfo.

Orange confirme la situation mais se refuse pour l'heure à tout commentaire alors qu'Alcatel-Lucent, dans un récent courrier à ses employés, leur promet d'aller jusqu'au bout - même en justice s'il le faut.

Pierre Crevoisier/oang